samedi 31 janvier 2015

n°135
La liseuse (1770)
Jean-Honoré Fragonard



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Oeuvre :  La liseuse
Artiste : Jean-Honoré Fragonard 
Année : vers 1770
Technique : Huile sur toile
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Rococo
Lieu : National Gallery of Art (Washington, Etats Unis)


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Vendue pour la première fois en 1776, la toile de Jean-Honoré Fragonard intitulée La liseuse (ou la jeune fille lisant) fait partie des tableaux les plus mystérieux du XVIII siècle. On ignore en effet toujours qui est cette jeune femme, pour qui le tableau fut peint et à quelle date.

La liseuse  représente une jeune fille inconnue, de profil, tenant un livre dans la main droite et entièrement absorbée par sa lecture. Elle semble assise devant une fenêtre car la lumière illumine son visage et dessine une ombre sur le mur qui se trouve dans son dos.
La jeune fille porte une robe jaune citron. Cette magnifique couleur chaude qu’apprécie particulièrement Fragonard est mise en valeur par la présence de rubans violets qui décorent la poitrine, le cou et le chignon de la jeune fille.
L’épais coussin sur lequel elle appuie son dos est également de la même couleur lilas. Le violet et le jaune, couleurs complémentaires, s’éclairent mutuellement et crée une magnifique lumière.
La jeune liseuse est richement costumée, et la fraise à godrons qui orne son cou témoigne du goût de l'époque pour les costumes espagnols.

Originaire de Grasse dans le sud de la France, Fragonard est un peintre rapide, spontané, qui aime les sujets qui respirent le bonheur, la lumière chaude et claire du sud, les couleurs chatoyantes et les coups de pinceaux rapides (parfois qualifié d'« escrime »).

Lors de la restauration récente de l'œuvre, la radiographie fit apparaître, sous la tête du modèle, une première figure à l'expression ironique, qui se tourne vers le spectateur. Pour quelle raison Fragonard a-t-il transformé ce premier personnage en liseuse ? On ne le saura sans doute jamais…

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vendredi 30 janvier 2015

n°134
L'Homme qui marche I (1960)
Alberto Giacometti



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Oeuvre : L'Homme qui marche I
Artiste : Alberto Giacometti  
Année : 1960
Technique : Sculpture en plâtre puis traduit en bronze (par moulage)
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Surréalisme
Lieu : Alberto Giacometti-Stiftung Foundation (Zürich, Suisse) (plâtre original)


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Voici une étrange  sculpture en bronze de 108 cm de hauteur sur 97 cm de largeur réalisée en 1960 : l’Homme qui marche.
Alberto Giacometti a réalisé de nombreuses sculptures de ce type, d’hommes ou d’animaux, en s’inspirant de l’art africain. Alors que la plupart des sculpteurs taillent et cisèlent un bloc jusqu’à obtenir la forme souhaitée, Giacometti fait tout l’inverse : il part d'une ossature de métal à laquelle il ajoute de l'argile. C'est ce style si particulier qui le distingue des sculpteurs d'après-guerre.

Son style est très reconnaissable. A chaque fois, les corps sont très minces et allongés comme des brindilles. Giacometti voulait que cet homme soit fin comme une tige pour représenter sa fragilité, avec sa peau fine qui couvre les os.

L’homme est en train de marcher. Sa démarche est assurée : il avance vers un monde meilleur. Le buste est légèrement incliné, les bras ballants dans la position du balancier, les jambes très longues.
Grâce à la finesse de cet homme, les membres sont plus grands. Cela exagère le dynamisme de sa marche. On a l’impression qu’il avance vite.  Mais ses très grands pieds sont comme englués dans la glaise, collés au socle.
Giacometti veut montrer à quel point "notre démarche pour avancer dans la connaissance est difficile. Il dit aussi qu'il faut s'arracher à la glaise pour que l'esprit progresse".

L'Homme qui marche I et l'Homme qui marche II
Il existe deux versions de l'Homme qui marche : L'Homme qui marche I et l'Homme qui marche II. Le buste de l'Homme n'est pas incliné de la même façon.

A l’origine, cette sculpture a été créée en plâtre en 1960 en  vue d’un monument pour une place à New York devant la Chase Manhattan Bank. Mais ce projet de monument n’a finalement jamais été réalisé. Le monument comprenait six sculptures : La Grande Femme I, Grande Femme II, Grande  Femme' IV,  L’Homme  qui  marche  I, L'Homme  qui marche II et la Grande Tête.

Le monument dans sa version complète fut finalement  installé en  1964 dans la  cour  de la Fondation  Maeght à Saint-Paul-de-Vence.

Peu de temps après, Giacometti a souhaité commencer l’édition en bronze de chacun des six éléments  de  ce  monument. Il récupéra ses exemplaires d'origine, en plâtre, pour en faire des moules.
Les deux versions de l’Homme qui marche ont donc été reproduites en bronze (dix exemplaires originaux de L'Homme qui marche I et neuf exemplaires de L'Homme qui marche II). Il existe donc 19 exemplaires de cette œuvre.

Cette œuvre d'Alberto Giacometti a connu un destin hors du commun. Un des exemplaires fut un jour mis en vente aux enchères. Huit petites minutes d'enchères, et l'Homme qui marche s'est envolé à 76,6 millions d'euros. C’est la sculpture la plus chère au monde !




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mercredi 28 janvier 2015

n°133
Les jeux d'enfants (1560)
Pieter Bruegel, l'Ancien



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Oeuvre :  Les jeux d'enfants
Artiste : Pieter Bruegel, l'Ancien 
Année : 1560
Technique : Huile sur bois
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Renaissance flamande
Lieu : Kunsthistorisches Museum, (Vienne, Autriche)


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Au XVIe siècle, les tableaux sur la vie quotidienne des paysans sont assez rares. Et les tableaux sur le thème de l'enfance sont encore plus rares! Bruegel était un peintre flamand. C’est un artiste « du peuple » qui s’attache à représenter des scènes rurales alors très délaissées par les peintres. Il prenait plaisir à "raconter" des histoires en multipliant les personnages.

En 1560, il peint « Les Jeux d’enfants » une huile sur bois qui montre la Flandre colorée et populaire. La scène se situe sur la place d’un village de Flandre (ancienne Belgique) et ne représente que des enfants! (Seul un adulte apparaît sur la toile...)
Plus de  200 enfants en train de jouer. Ils jouent avec des bouts de bois des os, des cerceaux et des tonneaux. Au XVI ° siècle, les jouets fabriqués spécialement à l'usage des enfants étaient rares. La plupart de ces jeux se jouent à plusieurs, sans objets particuliers.

Tous ces enfants se ressemblent, on distingue seulement les filles des garçons. Les vêtements sont souvent les mêmes, seules les couleurs diffèrent, ce qui rend le tableau très coloré.  On est bien souvent incapable de dire l'âge qu'ils ont.

Bruegel a peint son tableau Les Jeux d’enfants, quand il habitait encore Anvers. C’est la première fois qu’un peintre transforme sa toile en cour de récréation. Sur une place publique, des enfants jouent : on a identifié et compté environ 90 jeux différents dont certains sont encore joués dans les cours d'école: saute-mouton, cerceaux, ballon, galipettes, quilles, échasses, osselets, colin-maillard, acrobaties, jeux d’adresse ou jeux de rôles… ! Pas besoin de console vidéo ni de tablette pour s’amuser dans les Flandres au XVIe siècle !

1. Jouer à la poupée
2. Jouer à la Messe
3. Le pistolet à l'eau
4. L'oiseau sur le perchoir (jouet)
5. Le masque
6. L'escarpolette (sorte de balançoire)
7. Grimper par-dessus une clôture
8. Le poirier ou la chandelle
9. Le jeu du nœud
10. Les culbutes ou cumulets
11. À cheval sur la barrière
12. La noce (jouer au mariage)
13. Le croc en jambe
14. Colin-maillard
15. Jeu avec un oiseau
16. Les bulles de savon
17. Le moulinet à noix (ancêtre du yo-yo)
18. Le Toton (toupie en forme de cube, 
ancêtre de la roulette)
19. Chien en pierre ou en brique tenu en laisse 
20. Les osselets
21. Le cortège de baptême 
(Imitation d’une cérémonie religieuse)
22. Pair ou impair (devinette avec les doigts)
23. Le casse-pot
24. Les échasses
25. Saute-mouton
26. Combat équestre
27. La chaise
28. Le cavalier sur son cheval de bois (cheval-bâton)         

29. Remuer des excréments avec un bâtonnet
30. Flûte et tambour
31. Le cerceau
32. Crier par la bonde du tonneau
33. Le cerceau à grelots
34. À califourchon sur un tonneau
35. Le jeu du lancer de bonnets
36. Enfant avec 'cramique' (pain en forme de bonhomme)         
37. La punition ou le tape-cul
38. Marcher avec la vessie 
(Ballon en vessie de porc ou de mouton)
39. Combien de cornes a le bouc?
40. Jouer au magasin (à la marchande)
41. L'argile rouge *
42. Lancement du couteau
43. Jeu de construction d’un puits en brique 
44. Tirer les cheveux
45. Attraper les insectes (mouches) 
(Ancêtre du filet à papillon)
46. Le jeu du fléau
47. La bloquette ou la fossette
48. Bataille de toupie
49. Les piécettes (contre le mur)
50. Faire tourner le bonnet au bout d'un bâton
51. La procession 
(Imitation d’une cérémonie religieuse)
52. Jouer au portier
53. Qui a la balle?
54. À cheval sur les épaules
55. Chanter de porte en porte
56. Feu de la Saint-Jean
57. Chevaucher un balai
58. Se pousser
59. Cachette courir
60. La queue du diable
61. La lutte
62. Le diable enchaîné
63. Courir en sautant.
64. Les quilles
65. Le petit bâton
66. Le jeu des noix
67. Les grandes échasses
68. La barre-fixe
69. La roue
70. Tenir le balai en équilibre
71. Cache-cache
72. La toupie à ficelle
73. La toupie-fouet
74. Le panier
75. Le ruban
76. Qui vais-je choisir?
77. Faire pipi
78. Jeu de boules
79. Jeux de robe
80. Grimper sur un arbre
81. La baignade
82. Faire trempette
83. La nage avec des vessies de porc
84. Le roi détrôné
85. Jeu dans le sable
86. Tournoi aux moulinets
87. La crécelle

*La fillette qui joue à la marchande  gratte une brique rouge afin de préparer les pigments du peintre, et l'artiste2 a signé au-dessous BRUEGEL 1560.




Téléchargez le tableau (original et numérote) en haute définition : ICI



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lundi 26 janvier 2015

n°132
Les Noces de Cana (1563)
Paolo Véronèse



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Oeuvre :  Les Noces de Cana
Artiste : Paolo Véronèse 
Année : 1563
Technique : Huile sur toile
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Renaissance
Lieu : Musée du Louvre (Paris)


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Le contenu de la jarre montre le miracle
de la transformation de l’eau en vin.
Les Noces de Cana est un tableau immense : environ 10 mètres de longueur et plus de 6 mètres de largeur, soit près de 70m² ! L’œuvre fut commandé à Paolo Véronèse par les Bénédictins du couvent San Giorgio Majore  à Venise, le 6 juin 1562, pour décorer le nouveau réfectoire du monastère qui vient juste d’être restauré. La commande est très précise et exige de très grandes dimensions pour couvrir l’ensemble du mur. Ce tableau a nécessité pour Véronèse un an de travail !

La scène représente un mariage. Les mariés sont représentés sur le côté droit de la table, à l’extrême gauche du tableau. Au centre de la tablée, à l'endroit que devraient occuper les mariés se trouvent Jésus et Marie, sa mère. Tous deux sont nimbés d'une auréole dont celle du Christ est la plus lumineuse.
Dans l’Evangile, selon Saint-Jean, cet épisode est rapporté comme le premier miracle accompli par le Christ : le changement de l’eau en vin.

La table des époux : des rois, des reines et des sultans
très richement vêtus et le maître de cérémonie
Jésus Christ est entouré par la Vierge, ses disciples, les clercs, les princes, des aristocrates vénitiens, des orientaux en turban, de nombreux serviteurs et le peuple. Certains sont vêtus de costumes traditionnels antiques, d'autres, en particulier les femmes, sont coiffés et parés somptueusement.
Le tableau montre beaucoup de personnages, 132 pour être précis.

L’artiste mêle les personnages de la Bible à des figures inconnues. Toutefois, une légende du XVIIIe siècle raconte que l'artiste se serait lui-même représenté en blanc, avec une viole de gambe (un petit violoncelle) aux côtés de ses amis peintres Titien et de Tintoret participant  au concert. Le maître de cérémonie barbu au manteau vert pourrait être l'Arétin pour qui Véronèse avait une grande admiration.

Véronèse avait le souci du détail : Le mobilier, le dressoir, les aiguières, les coupes et vases de cristal montrent toute la splendeur du festin. Chaque convive assis autour de la table a son propre couvert composé d'une serviette, de fourchettes et d'un tranchoir.
Alors qu'un serviteur coupe la viande au centre de la composition, symbole du corps du Christ, des boîtes de coings, symboles du mariage, sont servies en dessert aux invités. Au milieu de cette foule, plusieurs chiens, oiseaux, une perruche et un chat s'ébattent.

Le tableau est très original pour l’époque car même si d’apparence il s’agit bien sûr d’une scène religieuse. Certains éléments du tableau sont profanes, c'est-à-dire non religieux : les couverts en argent, le luxe, volupté des tenues, animaux, décorum. C'est une oeuvre typique de la Renaissance italienne.
Les colonnes rappellent l'Antiquité,
détails typiques des oeuvres
de la Renaissance.
C’est le tableau le plus ambitieux de Véronèse mais aussi celui qui lui valut le plus de problèmes avec l’Eglise catholique. Le tableau fit scandale et un procès lui fut fait par la Sainte-Inquisition qui lui reprochait de mélanger la Cène (le Christ et ses 12 apôtres), et toute cette fête luxueuse.

Les tableaux de cette époque  en bon état et de cette dimension sont très rares. Les Noces de Cana est arrivé en France sous Napoléon en 1797. La toile est simplement roulée et transportée par bateau depuis Venise, jusqu’au Louvre.

Les couleurs sont soigneusement choisies pour rendre un tableau particulièrement coloré. Une récente restauration a permis de redonner tout son éclat au tableau. Cette restauration a permis de redonner la couleur verte au manteau du maître de cérémonie. Ainsi, sur d’anciennes illustrations son manteau est peint en rouge !




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dimanche 25 janvier 2015

n°131
Poppy (1927)
Giorgia O'Keeffe



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Oeuvre :  Poppy
Artiste : Giorgia O'Keeffe 
Année : 1927
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Modernisme
Lieu : Museum of Fine Arts (St Pétersbourg, Russie)


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Dans les années 1920, Georgia O’Keeffe peint surtout des aquarelles et enseigne l’art dans les plus grandes universités américaines. Un de ses amis d’enfance, Paul Strand, est un photographe célèbre est spécialisé dans les photographies d'objets tellement rapprochés qu'ils se transforment en formes abstraites, sans que l’on puisse deviner de quel objet.

Fascinée par cette idée, O’Keeffe s’inspira du travail de son ami photographe et peint de nombreux tableaux où elle fera exactement la même chose, notamment avec ses fleurs.  Elle peint en quelques années des dizaines de toiles représentant des fleurs de toutes les espèces et de toutes les couleurs. Souvent, les fleurs sont très rapprochées et ne sont pas entières.

Les fleurs prennent tout l’espace du tableau. Certaines toiles sont immenses. On disait que New York, où vit Giorgia O’Keeffe, n’était pas une ville où il était facile de peindre. Qu’à cela ne tienne ! A partir de 1924 elle peignit de très grandes fleurs et feuilles et végétaux divers, disant que les habitants de cette ville qui couraient à leur travail seraient obligés de les voir!!

La toile que nous avons choisie aujourd’hui est un coquelicot, « Poppy » en anglais. Il existe en tout sept tableaux de l'artiste représentant des coquelicots. Celui-ci est plus « sauvage » que les six autres. D’ailleurs, Alfred Stieglitz, le mari de l’artiste, appelait ce tableau “cette image rouge sauvage »
Oriental poppies 
Red Poppy 
Poppy VI 
Poppy 2
Poppies 

Certains critiques d'art  iront même jusqu’à penser que ce tableau est un autoportrait de Giorgia O’Keeffe. En effet, au début du XXe siècle, les fleurs sont souvent associées aux femmes. Elles sont aussi le symbole de la nature. Il est vrai que les fleurs de Giorgia O’Keeffe sont très belles, délicates et sensuelles. On dirait presque des anémones de mer !

On ne sait donc pas s'il s'agit d'un autoportrait ou non. Mais l'artiste avait des idées très nettes sur les sujets de ses œuvres : " Je sais que je suis incapable de peindre une fleur, dit-elle, je ne sais pas non plus peindre le scintillement du soleil sur le sable par un beau matin d'été, mais j'espère pouvoir à travers la couleur transmettre mon expérience de la fleur ou l'expérience que la fleur rend importante pour moi à un moment donné ".




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samedi 24 janvier 2015

n°130
Le Centre Georges-Pompidou (Beaubourg) (1977)
Renzo Piano et Richard Rogers



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Oeuvre : Le Centre Georges-Pompidou (Beaubourg)
Artiste : Renzo Piano  et Richard Rogers 
Année : 1977
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Art contemporain
Lieu : Paris


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Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France n'a construit aucun bâtiment représentatif de l'architecture contemporaine. De plus, il n’existe aucun musée d’expositions d’arts contemporain.

Le président de la République d'alors, Georges Pompidou, décide alors de créer un lieu qui apporte une solution à ces problèmes tout en ouvrant l'art contemporain à un plus large public. Il choisit un emplacement, cœur de Paris, entre le quartier du Marais, l’île de la Cité et le quartier des Halles. On appelle cet emplacement le plateau Beaubourg.

« Je voudrai passionnément que Paris possède un centre culturel (…) qui soit à la fois un musée et un centre de création, où les arts plastiques voisineraient avec la musique, le cinéma, les livres, la recherche audio-visuelle, etc. Le musée ne peut être que d’art moderne, puisque nous avons le Louvre. La création, évidemment, serait moderne et évoluerait sans cesse. La bibliothèque attirerait des milliers de lecteurs qui du même coup seraient mis en contact avec les arts. »

C’est en ces termes que Georges Pompidou décrit le projet, lancé dès 1969, de ce qui deviendra le Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (CNAC), que l’on appelle plus communément « Centre Pompidou » ou « Beaubourg » .

Un grand concours international d'architecture est organisé en 1971. 681 équipes d’architectes originaires du monde entier y participent et envoient leurs projets. Toutes les formes de bâtiment sont envisagées, des plus classiques aux plus originales. Les projets sont soumis à un jury qui devra tout examiner avant de désigner l’équipe à laquelle la construction de cet important bâtiment sera confiée.

Le jury désigne comme gagnante l'équipe de deux jeunes architectes : Renzo Piano et Richard Rogers (projet n°493). Ils ont une trentaine d’années et ont encore peu construit. Le choix du jury surprend, jusqu'aux gagnants eux-mêmes.
L’architecture du projet de Piano et Rogers semble très provocatrice, surtout pour le cœur de Paris.

La particularité du centre Pompidou est que l’espace est complètement transformable. Le bâtiment est conçu comme un empilement de grands plateaux libres, dont les cloisonnements pourront être organisés selon les besoins et évoluer dans le temps. Les architectes veulent  créer un lieu vivant pour l'art contemporain et la culture. Devant le bâtiment,  les deux architectes conçoivent une grande place :  « la piazza ».

Pour créer ces grands plateaux libres, toute la structure du bâtiment est à l'extérieur, ainsi que tout ce qui le fait fonctionner : les circulations et les tuyaux. Comme tout le « squelette » du bâtiment est à l’extérieur, on gagne de l’espace à l’intérieur. Les architectes voulaient que tout soit montré, que rien ne devait être caché.

La couleur des tuyaux indique leurs fonctions :
- les tuyaux bleus sont pour l’air
- les tuyaux verts ont pour l’eau
- les tuyaux jaunes sont pour l’électricité.
- les tuyaux rouges sont pour la circulation

Il fallut six ans pour construire ce projet ambitieux. Le bâtiment fait de béton, de métal et de verre, est donc constitué à partir de la piazza comme un empilement de 6 plateaux libres portés par 14 portiques de béton et d’acier. Cela représente 7 niveaux de 7500m², sous-sols compris.

Les façades sont de grandes parois de verre, offrant la transparence. Partout dans le centre, le visiteur a une vue vers l’extérieur. Un long escalier mécanique « la chenille » dessert chaque niveau de la façade pour chaque étage.

Dès sa construction, le centre Pompidou  a été très mal reçu par la population. Il sera surnommé « Notre-Dame de la Tuyauterie », « le Pompidolium », « hangar de l’art », « usine à gaz », « raffinerie de pétrole », « fourre-tout culturel » ou « verrue d’avant-garde»…
Il a mis du temps à s’imposer comme un des premiers monuments de Paris, par sa fréquentation. Il fait désormais partie du paysage, aussi bien urbain que culturel.



C’est un bâtiment qui par l’originalité de sa construction reste encore très moderne aujourd’hui. Il est très présent dans la ville, visible depuis la piazza, mais aussi de différents points de Paris, du haut de ses 42 mètres. 
Aujourd’hui encore, le centre Georges-Pompidou est une institution culturelle qui présente les créations modernes (1920-1940) et contemporaines dans les domaines des arts plastiques, des livres, du design, de la musique et du cinéma. Il accueille plus de cinq millions de visiteurs par an.



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vendredi 23 janvier 2015

n°129
Joueur d'orgue (1898)
Eugène Atget



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Oeuvre : Joueur d'orgue
Artiste : Eugène Atget  
Année : 1898
Technique : Impression sur plaque en gelatino-bromure d'argent, puis sur papier
Epoque : Contemporaine
Lieu : Collection privée


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C’est par le plus grand des hasards qu’Eugène Atget devint  photographe. Passionné de théâtre, il voulait être acteur mais victime d’une infection des cordes vocales, il dût changer de vocation.
Il comprend vite que les peintres, architectes et graphistes ont besoin de documentation ; c'est alors qu'il se tourne vers la photographie. Il commence à photographier systématiquement, avec l'intention de réunir une collection documentaire à destination des peintres.

Passionné de Paris, il photographie les cours d'immeubles, les devantures des boutiques (il vend ses tirages aux commerçants pour une somme modique). Ce travail l'amène à développer le projet de photographier tout ce qui, à Paris, est artistique ou pittoresque. Il va alors travailler par série, photographiant jusqu'à épuisement d'un sujet avant d'en attaquer un autre.

En 1898, il s’intéresse aux petits métiers de rues. Il réalise une série de photos, “Paris Pittoresque” dont cette photo Joueur d'orgue accompagné de sa chanteuse, est la plus connue.
Il met en scène des cardeurs de matelas, des rémouleurs, des marchands de paniers, des chiffonniers, des vanniers, et des joueurs d'orgue de barbarie… des petits métiers de rues aujourd’hui disparus.

A la fin XIXe siècle, la photographie vient à peine d’être inventée. La mode est aux photographies légèrement floues car les photographes essaient d’imiter la peinture impressionniste.  Atget, lui, est l’un de premiers à réaliser des clichés nets et détaillés. Certains disent de lui qu’il est l’inventeur de la photographie moderne.
Il utilisait encore un appareil en bois, avec une chambre à soufflet, exigeant des poses longues pour imprimer les plaques en gélatino-bromure d'argent.

Peu avant sa mort, le célèbre photographe Man Ray découvrit son travail et acheta de nombreux clichés pris par Atget.  La  collection de Man Ray qui représente une quarantaine  de photographies d’Atget, dont celle-ci, est parvenue jusqu’à nos jours.



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mercredi 21 janvier 2015

n°128
224, Le grand chemin (1955)
Friedensreich Hundertwasser



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Oeuvre :  224, Le grand chemin
Artiste : Friedensreich Hundertwasser  
Année : 1955
Technique : Techniques mixtes
sur deux pièces de toile cousues ensemble
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Aucun
Lieu : Musée Le Belvédère (Vienne, Autriche)


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Friedrich Stowasser, plus connu sous un de ses nombreux pseudonymes, Friedensreich Hundertwasser (dont la traduction signifie « le royaume de la paix aux cent eaux)  était un peintre, un architecte, un écologiste visionnaire ou plutôt comme il l'a dit dans son manifeste du 24 janvier 1990 : un médecin de l'architecture.

Dans les œuvres de Hundertwasser,  notamment dans ce tableau « 224 Le grand chemin »,  la forme d'une spirale est très souvent présente, ainsi que le thème de l'eau
Pour lui, la spirale symbolise la vie, de la naissance jusqu’à la mort. "La spirale est exactement là où la matière inanimée se transforme en vie. Je suis convaincu que l'acte de création s’est fait sous forme de spirale. »
A l’extérieur, la spirale se dirige vers la naissance. En partant du centre de la toile, on va de la naissance à la mort qui se trouve aux extrémités du tableau et inversement.

Le Grand chemin est sa première spirale, la première d’une longue série de tableau.
Dans ce tableau, la spirale représente un ruban, un chemin qui serpente et se replie sur lui-même, nous obligeant à le suivre des yeux de manière hypnotique.
Cette grande spirale parfois fissurée, coule tantôt rapidement tantôt lentement, passe devant des îles au cours de son voyage. En route vers le bord extérieur, elle entraîne le spectateur dans un tourbillon. Des carrés réguliers traversent le grand chemin comme des pierres. Un petit ruisseau sort de l’étang bleu situé au centre du tableau. La spirale évoque les ondes provoquées par la chute d'une pierre dans l'eau.

Dans sa peinture, Hundertwasser utilise des pigments, du sable, du charbon de bois, de la brique pilée, de l'or, de l'aluminium et même de la peinture à l’œuf ! Pour lui, le peintre est un chercheur qui expérimente des techniques différentes sur différents supports. Il utilise dans ses toiles des couleurs vives et fluorescentes. Il isole des formes, des motifs (larmes, gouttes de pluie, fenêtres) qu’il magnifie en utilisant des feuilles d'or ou d'argent.
Le Grand chemin est donc un tableau peint avec de multiples techniques, impossible de savoir vraiment comment il a été peint !




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