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jeudi 27 février 2020

n°325
La Dérision du Christ (Le Christ moqué) (1280)
Cimabue



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Œuvre : La Dérision du Christ (Le Christ moqué)
Artiste : Cimabue 
Année : 1280
Technique : Tempera à l'oeuf et fond doré sur panneau de peuplier
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Collection privée (prochainement collection du Musée du Louvre)


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Un simple déménagement peut parfois changer notre vie du jour au lendemain. C’est ce qu'il s'est produit pour une vieille dame âgée de 90 ans habitant à Compiègne, dans le nord de la France. Avant de mettre dans les cartons le vieux tableau qui était depuis toujours accroché sur le mur de sa cuisine, elle eut l’idée de le faire expertiser à l'hôtel des ventes Actéon de Compiègne.
La propriétaire du tableau pensait qu’il s’agissait d’une simple idole et voulait simplement en connaître son origine. Elle était loin d’imaginer qu’elle possédait en fait une œuvre italienne du XIIIème siècle !

Le tableau fut expertisé au printemps 2019 par Stéphane Pinta du cabinet Turquin. Celui-ci est formel, il s’agit d’une œuvre du peintre italien Cimabue peinte aux alentours de 1280. Cette découverte exceptionnelle est alors annoncée aux médias le 23 septembre 2019 : l’œuvre est estimée quatre à six millions d’euros !

Une estimation incroyablement élevée qui témoigne de la rareté de l’objet.  En effet, Cimabue est considéré comme le fondateur de la peinture italienne, à l’origine de la Renaissance. Seule une petite dizaine de peintures sur bois de Cimabue sont parvenues jusqu’à aujourd’hui.

Ce panneau de bois d’à peine 26 cm de haut est en fait un des éléments d’un dyptique, c’est-à-dire un ensemble de huit panneaux de taille semblable à celui-ci, disposés en deux volets peints, nommé le Dyptique de la Dévotion. Il s’agissait de huit scènes illustrant la Passion du Christ. Malheureusement, les panneaux furent vendus séparément au XIXème siècle et furent dispersés.  Pour cette raison, seuls trois des huit panneaux sont connus à ce jour.


L’œuvre fut peinte sur un fond d’or avec la technique de la tempera, une peinture grasse composée d’œuf, technique courante au moyen âge. Le tout peint sur un panneau de peuplier. Étonnamment, les analyses ont montré qu’il était en excellent état de conservation.

La Dérision du Christ est le thème de ce tableau.  Il s’agit d’un épisode de la Passion du Christ dans le Nouveau Testament, épisode qui précède la crucifixion. On y voit le Christ battu et moqué par la population. Le Christ ne se défend pas. Au contraire, il montre une expression de sérénité. Dans les Évangiles, la foule crache sur Jésus le gifle, ce qui n’est pas illustré dans le tableau. En revanche, un personnage semble tenir une couronne d'épines au-dessus de la tête du Christ.

Le tableau fut ensuite vendu aux enchères. Adjugé en moins de 10 minutes pour 24 180 000 euros, soit 4 fois plus que son estimation, il devient le tableau primitif (ou pré-Renaissance) le plus cher du monde. Considéré comme Trésor National, il devrait rejoindre prochainement la collection du Musée du Louvre.
Il est maintenant temps de fouiller votre grenier, qui sait ? Un trésor s’y cache peut-être… !



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dimanche 6 octobre 2019

n°303
La Dame à la Licorne (La Vue) (env 1500)



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Œuvre : La Dame à la Licorne  (La Vue)
Artiste : inconnu
Année : vers 1500
Technique : Tapisserie
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Musée national du Moyen Âge-Thermes et Hôtel de Cluny, (Paris)

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Avant d’être une créature en vogue à la queue arc-en-ciel, la licorne est un animal légendaire très ancien puisqu’elle apparaît dans certains récits de la mythologie grecque, donc depuis l’Antiquité. La licorne est un animal magique, symbole de puissance (la corne) et de pureté (sa blancheur).

A la fin du Moyen-âge, à l’aube de la Renaissance,  la mythologie grecque, justement, retrouve un regain d’intérêt dans l’art. On se passionne notamment pour les récits mythiques et la Grèce antique. Ce chef d’œuvre en est le témoignage.


La Dame à la Licorne est un ensemble complet de six tapisseries mesurant chacune plus de trois mètres de côté, et qui illustrent les cinq sens (le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue) ainsi qu’un sixième sens qui serait « le Cœur ».
Chaque tapisserie met en scène une Dame ainsi qu’une licorne, sur un tapis entourés d’arbres :
- Le toucher : la dame tient la corne de la licorne ainsi que le mât d'un étendard.
- Le goût : La Dame s’apprête à nourrir l’oiseau qu’elle tient dans sa main droite
- L’odorat : La Dame confectionne une couronne de fleurs. Derrière elle, un singe sent le parfum d’une fleur.
- L’ouïe : La Licorne écoute attentivement la Dame jouant de l’orgue.
- La vue : La Dame tient un miroir dans lequel la Licorne se contemple.
- Le cœur : La dame se défait du collier qu'elle portait dans les autres tapisseries et le pose dans son coffret à bijoux. Derrière elle, la phrase « A mon seul désir » est inscrite sur la tente bleue.


Le toucher
Le goût
L'odorat
L'ouïe
La vue
Le coeur / "A mon seul désir"

Les six tapisseries mettent en scène les mêmes personnages : la dame, la licorne mais aussi des fleurs et d’autres animaux fabuleux (un lion, un singe…), des arbres (locaux et exotiques), le tapis, les étendards... le tout devant un décor millefleurs (composé de milliers de petites fleurs).

On sait peu de choses sur l’origine de ses tentures. Elles auraient été tissées dans l’actuelle Belgique entre 1484 et 1538. Sans qu’on en soit sûr, et en se fiant aux armoiries présentes sur les œuvres, il s’agirait d’une commande de Jean IV Le Viste, un noble magistrat originaire de Lyon, proche du roi Charles VII, qui fut notamment Président de la Cour des Aides de Paris, une institution qui gérait les affaires liées aux impôts des français.

Les œuvres n’ont été redécouvertes qu’au XIXème siècle, au  château de Boussac, dans la Creuse, dans un piteux état. C’est l’écrivaine George Sand qui grâce à sa notoriété a sensibilisé le grand public et a contribué à leur sauvegarde.
Quant à l’interprétation de l’histoire qu’elles racontent, de nombreuses hypothèses existent. L’une d’entre elles suggère que les six œuvres représentent un chemin vers l’esprit, du matériel vers l’abandon de soi. Tout un programme !

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vendredi 2 août 2019

n°279
Saint Jean dans le désert (1445)
Domenico Veneziano



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Œuvre : Saint Jean dans le désert
Artiste : Domenico Veneziano  
Année : 1445
Technique : Tempera sur bois
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : National Gallery of Art (Washington)


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En plus d’être l'une des œuvres majeures du peintre italien Domenico Veneziano, ce Saint Jean dans le désert est à lui seul une vraie révolution artistique.
Comme cinq de ses tableaux, cette toile a été réalisée en 1445, pour l'église de Santa Lucia dei Magnoli, à Florence. Le tableau est un retable, c’est-à-dire un grand panneau décoré que l’on plaçait derrière l’autel d’une église. Il a donc décoré l’église de longues années, jusqu’au début du XIXème siècle où on retrouve sa trace chez Bernard Berenson, un collectionneur d’art américain.

Comme très souvent au Moyen Âge, la toile est religieuse. Elle illustre un passage de la vie de Saint Jean Baptiste lorsque celui-ci, dans le désert, abandonne ses riches vêtements contre un manteau rugueux fabriqué de peaux de bête et de poils de chameaux. La décision de Jean d'abandonner le luxe au profit d'une vie de piété symbolise le passage d’une publique à une existence d’ascète, c’est-à-dire une vie très austère dévouée à une pratique religieuse très importante.

En 1445, nous sommes à la fin du Moyen Age mais aussi les prémices de la Renaissance italienne. On peut d’ailleurs observer les deux styles dans ce tableau. Plutôt que de représenter Saint Jean sous les traits d’un vieil homme barbu et pauvre comme on le voit dans de nombreux tableaux médiévaux, Veneziano montre au contraire un homme plutôt jeune, musclé, ressemblant à une statue grecque antique, un style très influencé par la Renaissance. Paradoxalement, l’homme évolue dans un paysage de montagnes peu réaliste typique de la fin du Moyen Âge.

Mais la grande innovation de ce tableau concerne les couleurs. La plupart des peintures médiévales sont plutôt sombres et peintes avec les mêmes couleurs : des rouges, des bruns, des jaunes, des dorures, du noir. Ici, c’est tout le contraire, Veneziano utilise des couleurs claires et vives, des bleus et des blancs qui donnent une grande lumière au  tableau. Il n’hésite pas à peindre de grands espaces simples comme le ciel bleu, sans détails ni fioritures.

Il fut également l’un des tout premiers peintres à ajouter de l’huile dans sa peinture pour faire ressortir les couleurs.
Une légende racontait même que Veneziano aurait communiqué à Andrea del Castagno, un autre peintre italien,  le secret de la peinture à l’huile. Ce dernier, poussé par une horrible jalousie, l'aurait assassiné. Bien que cette légende soit fausse, elle montre à quel point cette innovation fut importante à l’époque.


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lundi 29 septembre 2014

n°049
Anne de Bretagne avec Sainte Anne, Sainte Ursule et Sainte Hélène (1508)
Jean Bourdichon



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Oeuvre : Anne de Bretagne avec Sainte Anne, Sainte Ursule et sainte Hélène
Artiste : Jean Bourdichon  
Année : 1508
Technique : Enluminure sur vérin
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Bibliothèque Nationale de France (Paris)



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Jean Bourdichon est un peintre français assez méconnu. Enlumineur, peintre, orfèvre et dessinateur, il a vécu et travaillé dans sa ville natale de Tours et semble n’avoir jamais vécu à l’étranger. Au XVe siècle, il était très célèbre pour être le peintre favori de quatre rois de France, Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier.
Nommé « peintre du roi » en 1481, il avait l’habitude de recevoir des commandes des rois de France, notamment des livres d’heures.

Un livre d'heures est le type le plus courant d'ouvrage médiéval enluminé. Chaque livre d'heures est unique, mais tous contiennent une collection de textes, de prières avec les illustrations correspondantes et constituant un recueil pour la pratique de la religion catholique. Très souvent, au XVIe siècle, le livre d'heures est le premier livre acheté (et bien souvent le seul).

En 1498, Bourdichon crée le livre d’heure du roi Louis XII, à sa demande. Son épouse, la reine Anne de Bretagne est tellement admirative de ce travail parfait qu’elle commande à son tour son propre livre d’heure.
La réalisation de l'ouvrage dure de 1503 et 1508. D'après une lettre de la reine écrite en mars 1508, Jean Bourdichon touche pour ce travail la somme de 1500 livres tournois versée en six cent écus d'or, une somme extraordinaire pour l’époque.
Bourdichon consacra ainsi cinq ans de sa vie à la réalisation de ce livre d’heure intitulé « Les grandes heures d’Anne de Bretagne ».

L'ouvrage, de 30,5 cm par 20 cm, est constitué de 476 pages en latin dont 49 grandes miniatures en pleine page et 337 enluminures marginales.

Le livre d’heure est un recueil de scènes religieuses mais il témoigne aussi des découvertes de l’époque. Ainsi, quelques années seulement après la découverte de l’Amérique, ce livre d’heure est composé aussi d’un herbier de 337 plantes nouvelles. En effet, le livre est remarquable par le travail d'enluminure de chaque marge de page, sur lesquelles figure la représentation réaliste sur fond doré de 337 plantes légendées en latin et en français.
On y trouve des fleurs, cultivées ou sauvages, des arbustes, quelques arbres, et une grande diversité d'insectes et de petits animaux de la campagne. Les insectes représentés sont des papillons de jour et de nuit, libellules, sauterelles, chenilles, coccinelles, mouches, abeilles charpentières, grillons, perce-oreille, bourdons, gendarmes, lucanes.
Les petits animaux représentés sont des serpents, lézards, orvets, grenouilles, tortues, écureuils, escargots, lapins, singes, araignées.

Avant tout, la reine Anne était très croyante. L’enluminure que nous vous présentons aujourd’hui est l’une des plus célèbres de Bourdichon.
La reine est représentée en prière. Elle est agenouillée devant un prie-Dieu où repose un livre ouvert sur une illustration de la Nativité (la Naissance de Jésus). En face, la déploration du Christ montre Jésus mort sur les genoux de sa mère. Anne de Bretagne ayant elle-même vécu la mort de plusieurs de ses enfants, on peut supposer que le choix de ces deux images n’est pas un hasard.
Anne est entourée de trois saintes auxquelles la tradition donne une origine bretonne. À gauche, vénérée comme la mère de la Vierge, sainte Anne est figurée en femme âgée, la tête couverte d’un voile blanc. À droite, sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin, vêtue du manteau pourpre d’impératrice, tient une croix rappelant qu’elle a découvert et reconnu la croix du Christ. Entre elles, une princesse également couronnée porte un surcot d’hermine : sainte Ursule, tenant un pennon breton et la flèche de son martyre.




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samedi 20 septembre 2014

n°040
Le Campanile de Giotto (1334)
Giotto di Bondone



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Oeuvre : Le Campanile de Giotto
Artiste : Giotto di Bondone
Année : 1334
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Place du Duomo (Florence)


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Le campanile de Giotto est la tour campanile de l'église Santa Maria del Fiore, la cathédrale de Florence, située place du Duomo. Un campanile est une tour qui abrite des cloches servant à appeler les fidèles à la prière, isolée de l’église, ce qui la différencie du clocher.

Sa fondation remonte à 1298, date du début du chantier de la nouvelle cathédrale que dirige Arnolfo di Cambio. Suite à la mort d'Arnolfo en 1302, le peintre Giotto di Bondone reprend le chantier en 1334 comme maître-maçon, et s'occupe d'abord de la construction du soubassement de la tour.
Son projet global (jamais réalisé) d'une hauteur totale de 110-115 m, prévoit un sommet pyramidal.
Il meurt en 1337, laissant le chantier inachevé et son nom au bâtiment.

Andrea Pisano continue le travail de Giotto. A partir des croquis de ce dernier, il réalisa 21 pastilles hexagonales qui composent les quatre façades du soubassement de la tour. Mais il meurt de l'épidémie dite de la peste noire en 1348.
Les travaux sont repris par Francesco Talenti en 1349, qui finira le campanile et lui donnera sa forme actuelle définitive.

Sur les quatre façades du premier étage du campanile, sont insérés dans le marbre des reliefs figuratifs dont le nombre original est inconnu mais qui aujourd’hui sont au nombre de 21. Leurs dessins ont été réalisés par Giotto, et leur exécution confiée à Andrea Pisano.
Ces 21 "pastilles" de Giotto et Pisano illustrent les différents Arts et métiers de l'époque en s'inspirant parfois des personnages de la mythologie grecque.

Face Ouest

La création de l'homme

La création de la femme

La loi du travail

La vie pastorale

la Musique

la Métallurgie

L'Invention du vin


Face Sud

L'Art de l'Astronomie


L'Art de l'Architecture


L'Art de la Médecine


L'Art de la chasse


L'Art du tisserand


La Promulgation des Lois

Dédale (Le précurseur des artistes)

Face Est

L'Art de la Navigation
 en aviron


L'Art de la Justice (Hercule
 et Cacus)


L'Art de l'Agriculture



L'Art du théâtre 
(Le chariot de Thespis)


L'Art de la Géométrie
 (Euclide)


Face Nord

L'Art de la Sculpture
 (Phidias)


L'Art de la Peinture 
(Apelle)


Giotto était visionnaire et fait partie des artistes dont les idées ont donné naissance à la Renaissance italienne, mouvement qui met l'Homme au centre du monde et non plus la religion.
A l'exception des deux premiers, les différents reliefs de ces deux artistes ne représentent pas des scènes religieuses, ce qui est osé pour l'époque, surtout sur un bâtiment catholique.
Plus tard, d'autres artistes ajoutèrent d'autres reliefs plus religieux, notamment au deuxième étage du campanile qui est consacré aux prophètes et aux sacrements.

La tour actuelle est constituée de huit niveaux :
- 1 et 2 : Le soubassement, conçu et orné par Giotto et Pisano
- 3 et 4 : Le second étage avec niches et statues des prophètes et des sibylles
- 5, 6 et 7 : Les trois derniers étages où se trouvent les ouvertures,
- 8 : La terrasse du sommet, accessible par un escalier de 416 marches, sommet qui se termine par un encorbellement.


Les cinq niveaux sont couverts de marbres polychromes soit du marbre blanc de Carrare, vert de Prato, rose de Maremme et rouge de Sienne.
Les bas-reliefs et les sculptures sont des copies dont les originaux sont conservés au Museo dell'Opera del Duomo.
La tour, quant à elle, fut achevée en 1359, vingt-deux ans après la mort de Giotto di Bondone.




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