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jeudi 28 février 2019

n°248
Fontaine (Urinoir) (1914)
Marcel Duchamp



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kART d'identité

Œuvre : Fontaine (Urinoir)
Artiste : Marcel Duchamp 
Année : 1917
Technique : Faïence blanche recouverte de glaçure céramique et de peinture
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)


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Un objet est une œuvre d’art si on choisit que c’en est une. C’est cette vision assez provocatrice  de l’art que Marcel Duchamp défend et qui aboutira à très nombreux scandales.

Car cette Fontaine provoqua une telle polémique qu’elle divise encore les amateurs d’art.  Elle est aujourd'hui l'oeuvre la plus controversée de l'histoire de l'art.
Pourtant l’idée de Marcel Duchamp n’était pas de choquer les spectateurs. Il voulait plutôt piéger d’autres artistes qui se disaient tolérants et ouverts d’esprit.

L’histoire démarre en 1912, période durant laquelle le cubisme est à la mode. Marcel Duchamp présente au Salon des Indépendants de Paris, un tableau cubiste Nu descendant un escalier n°2 . Mais l’œuvre fut rejetée par les autres artistes cubistes qui se disaient pourtant avant-gardistes et ouverts d’esprit. Humilié, Marcel Duchamp dut lui-même retirer son tableau du mur. C’est de cette colère que l’idée de l’urinoir fit surface.

Nous sommes en 1917 à New York. Duchamp est membre du comité de direction de l’exposition organisée par la Society of Independant Artists. Contrairement au Salons officiels, cette exposition se veut moins stricte, ouverte à tous, sans prix ni jury. Elle autorise librement tout membre à exposer l'œuvre de son choix moyennant un droit s'élevant à six dollars : en principe, aucun artiste ne pouvait être refusé pour « raisons esthétiques ».Duchamp souhaite vérifier si l’exposition est si ouverte d’esprit qu’elle le prétend et si elle respectera son principe fondateur : ne refuser aucune œuvre.

Il organise donc lui-même le scandale ! Sous le pseudonyme de Richard Mutt, il présente son Urinoir au comité d’accrochage. L’objet est présenté comme une œuvre d'art :  à plat et signé grossièrement par l’artiste. Le comité se retrouve coincé et après de nombreux débats, décide finalement de ne pas l’exposer, considérant que ce n’est pas une œuvre d’art et que l’objet est vulgaire.

L’œuvre originale date de 1917 et a été réalisé à New York.  Malheureusement, celle-ci fut perdue. L’objet que nous pouvons admirer au Musée George Pompidou est en fait une réplique exécutée d'après la photographie de l'original prise en 1917 par Alfred Stieglitz, et réalisée sous la direction de Marcel Duchamp en 1964 par la Galerie Schwarz de Milan.

La Fontaine de Duchamp, grâce aux polémiques qu’elle suscita, devint célèbre. L’œuvre est le symbole d’une nouvelle manière de concevoir l’art. C’est l’idée qui crée une œuvre d’art et non sa réalisation.


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dimanche 30 septembre 2018

n°231
Portrait de Tzara (1919)
Marcel Janco



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Œuvre : Portrait de Tzara
Artiste : Marcel Janco  
Année : 1919
Technique : Assemblage de carton, papier et toile de jute. Encre et gouache
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)


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Le mouvement dada est un groupe d’artistes intellectuels,  rebelles mais révoltés par la guerre,  qui réalisaient des œuvres provocatrices et absurdes pour contester la société. Les artistes dada expriment leurs idées en choisissant l’humour et la dérision pour s’opposer aux conventions sociales et apporter un peu de légèreté à cette époque d’après-guerre. Ils sont contre la bourgeoisie, la religion, la justice qu’ils ne trouvent pas juste et  l’art traditionnel. Ils se donnent le droit de critiquer les chefs d’œuvre et se lancent dans des créations artistiques parfois extravagantes, déconcertantes, dans tous les domaines possibles (littérature, peinture, sculpture, décors et costumes de théâtre…). Parmi eux, l’artiste d’origine roumaine Marcel Janco y a participé. Il est même en partie à l'origine de ce mouvement.

Le mouvement dada est né le 5 février 1916, au Cabaret Voltaire de Zurich. Avec l'artiste Sophie Taeuber, Marcel Janco confectionnait notamment des masques inspirés des arts africains et océaniens à partir de matériaux de récupération : du carton, des journaux, des tissus et des ficelles. Ces masques caricaturaient ses amis et étaient portés lors de soirées dada au cabaret par des lecteurs et des danseurs. Les artistes masqués étaient ainsi libérés de leur timidité. C’était aussi une manière de provoquer, de se ridiculiser et de se sentir plus libres.

Tristan Tzara
Ce masque représente l’écrivain et poète Tristan Tzara un des meilleurs amis de l’artiste. Ensemble, ils se connaissent depuis le lycée, en Roumanie, et ont contribué à fonder le mouvement dada et ont même fondé une revue littéraire.
Le masque est principalement en carton. La forme de son visage est exagérément allongée. Ses cheveux sont en toile de jute. Janco a même peint le fameux monocle sur son œil droit, dont Tzara ne se séparait jamais.

Le mouvement dada est mort un peu après la fin de la Première guerre mondiale. Lors de la dernière soirée Dada au Cabaret, en avril 1919, des masques furent portés pour la dernière fois. Ce Portrait de Tzara a sûrement été créé pour cette occasion.

Marcel Janco restera fidèle à son ami Tzara jusqu’à la fin de sa vie. Une année avant sa mort, en 1983, le musée Janco Dada est créé par son groupe d'amis, dans le but de conserver les œuvres dada.




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lundi 13 août 2018

n°211
Le Critique d'art (1919)
Raoul Hausmann



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Œuvre : Le Critique d'art
Artiste : Raoul Hausmann 
Année : 1919
Technique : Lithographie et photocollage sur papier, encre de Chine et crayon
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Musée Tate Modern (Londres)


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Lorsqu’on regarde le visage de cet homme, on en déduit assez rapidement que Raoul Hausmann n’aimait pas beaucoup les critiques d’art ! C’est le message humoristique de cette œuvre.

Dès 1918, Raoul Hausmann se lance dans la création de photomontages à partir de photographies et de coupures de journaux qu’il publie dans sa propre revue « Der dada », une revue politique et artistique qu’il a créée sur le mouvement dada. Pour les artistes dada, l’art n’est pas sacré et ne s’adresse pas qu’aux bourgeois. Il se caractérise par des objets détournés, des photomontages et se veut l’opposé du mouvement expressionniste très apprécié à l’époque.  C’est un mouvement « anti-art » très critique envers la société.

Ici, l’artiste s’en prend aux critiques d’art, des spécialistes qui publient dans la presse leurs opinions en matière d’art sur les dernières œuvres exposées. Les critiques d'art sont très importants à cette époque et ont suffisamment d’influence pour rendre célèbre des nouveaux artistes mais aussi de les mettre dans l’ombre.

Le Critique d’art est donc une œuvre provocatrice. Une manière de critiquer ceux qui critiquent.

Au premier plan, un homme (le fameux critique d’art) apparaît debout. Sur sa veste un tampon l’identifie comme l’artiste allemand George Grosz bien que cette photo soit celle d’un anonyme découpée dans un journal. Il tire sa langue vers la femme de droite. Ses joues rougies montrent qu’il boit un peu trop de vin. Ses yeux et sa bouche sont recouverts de dessins d’enfants pour signifier qu’il n’est pas capable de voir les œuvres lorsqu’il les critique. Ses capacités de jugement sont affaiblies.

L’artiste inclut à droite sa carte de visite où se présente comme le « Président du Soleil, de la Lune, et de la Petite Terre (surface interne) », une manière de se moquer des hommes politiques qui à l’époque se battent pour prendre le pouvoir en Autriche.

Derrière son oreille, un billet de 50 marks est glissé dans le col de sa veste. Il sous-entend que son opinion peut être influencée par de l’argent. D’ailleurs, son costume de très bonne qualité suggère qu’il a plus d’intérêt pour les choses matérielles que pour l’art.

La silhouette de l’homme en bas à droite a été découpée dans un journal. Il fait allusion à Kurt Schwitters, un artiste qui a été rejeté d’un club dada car il peignait des paysages « trop bourgeois ».

Raoul Hausmann réalisera d’autres photomontages par la suite et exposera ses œuvres à la première Foire internationale dada en 1920. Peu de temps après, lorsque le mouvement dada s’essouffle, il se consacrera à la photographie et réalisa des portraits et des paysages.



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dimanche 14 juin 2015

n°192
Porte-Bouteilles (Egouttoir, séchoir à bouteilles, hérisson) (1914)
Marcel Duchamp



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Oeuvre : Porte-Bouteilles (Egouttoir, séchoir à bouteilles, hérisson)
Artiste : Marcel Duchamp 
Année : 1914
Technique : aucune
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)


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En 1914, Marcel Duchamp révolutionne l’art avec son fameux Porte-bouteilles. L’artiste acheta cet objet du quotidien au bazar de l’Hôtel de Ville et décida que c’est une œuvre d’art ! Il invente le concept de ready-made : c’est à dire un objet usuel que l’on déclare œuvre d’art par le simple choix de l’artiste.

Pour Marcel Duchamp, il n’est pas nécessaire de savoir peindre ou sculpter pour créer une œuvre d’art. Il n’est pas nécessaire non plus d’avoir du talent, ni d’avoir le goût des belles choses. Pour lui, une œuvre n’est d’ailleurs pas forcément belle à regarder. Pour Duchamp, c’est beaucoup plus simple que cela : un objet est une œuvre d’art si on choisit que c’en est une !

Le titre qui, d’abord, nomme le plus platement l’objet, Porte-bouteilles, prendra de plus en plus d’importance : l’objet sera rebaptisé, plus tard, Séchoir à bouteilles ou Hérisson.
L'œuvre est composée uniquement d'un porte-bouteilles en fer galvanisé. Duchamp a simplement signé l'objet sur le socle.

L'artiste a mis de nombreuses années pour exposer son œuvre.  Ce n’est qu’en 1962 que Werner Hoffmann souhaita exposer le fameux Porte-bouteilles de 1914. Duchamp ayant perdu l’œuvre lors d’un déménagement  lui répondit: “Je vous suggère de faire acheter un porte-bouteilles à Paris, au Bazar de l’Hôtel de Ville, où je pense qu’ils ont toujours le même modèle.”
Finalement Duchamp réalisa huit répliques qu’il exposa dans différents musées.

Mais le choix de cet objet n’est pourtant pas un hasard. Les verres et les bouteilles avaient envahi la peinture cubiste (très à la mode à cette époque), ce qui ennuyait Duchamp. Le choix d’un Porte-Bouteilles est symbolique : l’objet qui semble piquer comme un hérisson est censé accueillir toutes ses peintures cubistes.


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mercredi 22 avril 2015

n°171
Sans titre
(Collage avec des carrés disposés selon les lois du hasard)
(1916)
Jean Arp



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Oeuvre : Sans titre (Collage avec des carrés disposés selon les lois du hasard)
Artiste : Jean Arp  
Année : 1916
Technique : Collage sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Museum of modern arts (MoMa) , New York


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Jean Arp était un grand provocateur. Pendant la guerre mondiale, il crée avec d’autres artistes et écrivains le mouvement Dada. Ce mouvement proclame le mépris pour les valeurs de l’époque, notamment dans l’art. Pour les dadaïstes, il doit y avoir une liberté absolue dans l’art, aucune règle, aucune limite. Ces artistes veulent contredire la société, peindre des œuvres qui ne veulent rien dire, qui n’est pas logique, qui est paradoxal. De vrais rebelles pour l'époque!
D’ailleurs, le mot Dada, trouvé au hasard dans les pages d’un dictionnaire « ne signifie rien » !

Ce mouvement a mis en avant l'esprit d'enfance, le jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, l'extravagance, la dérision et l'humour.
Ses artistes se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les "vieilleries" du passé comme celles du présent qui perduraient. Ils recherchaient la plus grande liberté de créativité, pour laquelle ils utilisèrent tous les matériaux et formes disponibles.

C’est dans cet esprit que Jean Arp créa en 1916 une série de collages sans titres que l'on nommera plus tard « selon les lois du hasard », dont on peut voir ici un exemple.

Sur ce tableau abstrait, on voit des formes bleues et blanches simplement collées sur un fond gris. Conforme au mouvement dadaïste, cette œuvre est très provocatrice. Elle fait réagir les spectateurs qui ne voient pas en ce tableau une œuvre d’art puisqu’elle peut être réalisée par un enfant ! Justement ! C’est bien ce que voulait faire l’artiste !

Il a réalisé cette toile pour plusieurs raisons. D’abord, il voulait affirmer ses choix personnels, montrer qu’un peintre peut faire ce qu’il veut et qu’il n’est pas obligé d’imiter le réel. Arp voulait jouer avec ce tableau. Il nous montre que l’art n’est pas forcément quelque chose de sérieux, et qu’il est à la portée de tous.

Pour réaliser cette toile, Arp a simplement jeté des bouts de papier déchirés sur une toile, puis les y a collés, tels que le hasard les a fait tomber. Ainsi, selon ce principe, c’est le hasard qui a composé le tableau.
Malgré tout, il y a de fortes chances que l’artiste ait un peu « arrangé » la composition car les papiers sont très équilibrés. Quiconque a essayé la technique des papiers jetés sait qu’il y a peu de chances que le hasard aboutisse à un tel équilibre. Arp a donc un peu « triché ». Mais en tant qu’artiste dadaïste, il est libre de faire ce qu’il veut. Il est donc tout pardonné !






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