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mercredi 1 avril 2020

n°331
Humainement impossible (Autoportrait) (1932)
Herbert Bayer



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Œuvre : Humainement impossible (Autoportrait)
Artiste : Herbert Bayer
Année : 1932
Technique : Epreuve argentique, gouache et aquarelle
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Bauhaus
Lieu : Museum of Modern Art (Moma) (New York)

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Le photographe autrichien Herbert Bayer était le maître du Bauhaus, ce mouvement artistique qui a révolutionné l’art, notamment dans les domaines de l’architecture et du design. Bayer était avant tout architecte et typographe. Il est même devenu professeur en graphisme publicitaire. Son travail repose principalement sur des formes géométriques  et des couleurs très élémentaires. Le Bauhaus est très critiqué à l’époque notamment par les Nazis qui y voient un style décadent et dégénéré.

En 1928, Herbert Bayer délaisse le Bauhaus et se tourne vers la photographie après avoir découvert le mouvement de la Nouvelle Vision, un style photographique qui délaisse la traditionnelle prise de vue frontale et qui expérimente des angles inédits comme la contre-plongée. L’idée est de s’amuser avec l’image, les angles et la lumière. Durant cette période, il expérimente à Berlin la photographie et la peinture.
Il passe très rapidement des photographies « classiques » aux photomontages. Entre 1931 et 1932, il créé une série de onze photomontages, qu’il nomme « l’Homme et le Rêve »,  inspirés de ses propres rêves.

Sur cette photo, Bayer se met lui-même en scène. Il observe son double réfléchi devant son miroir. Il tient dans sa main droite une tranche de son bras coupé. Sa posture et son corps rappellent les sculptures classiques en marbre sans bras. Comme un acteur, on lit l’horreur dans le regard de l’artiste. Lorsqu’il a pris la pose, Bayer avait donc déjà imaginé l’endroit exact où il allait créer sa propre mutilation.

Bayer a commencé par prendre sa photo à l’échelle devant un miroir. La photo a ensuite été développée sur un format de 30 x 40 centimètres. L’artiste a pu enfin retravailler l’image directement sur le cliché.

Ce photomontage est très réaliste à l’heure où ni ordinateur, ni logiciel de montage informatique n’a été inventé. Pour créer « la tranche de bras » qu’il tient dans ses mains, Bayer tient dans sa main une simple éponge. Pour façonner le bras fragmenté et sa tranche manquante, il a peint la photographie avec de la gouache contenant un pigment blanc opaque (comme la craie) qui agissait comme un correcteur efficace et offrait une bonne réflectivité. Avec un aérographe, l'outil du début du siècle préféré des graphistes, Bayer a ensuite pulvérisé de la gouache et de l’aquarelle pour lisser les irrégularités et masquer les transitions entre la peinture et la photographie.

L’œuvre est très surréaliste. La photo, tout comme son titre, semble assez humoristique mais elle reflète aussi sans doute quelque chose de plus sombre,  peut-être les traumatismes physiques et psychologiques de la Première Guerre mondiale et les craintes grandissantes qu'un tel cauchemar puisse se reproduire avec la montée du nazisme. Juste avant la Seconde Guerre Mondiale, Bayer fuit l'Allemagne pour les Etats Unis où la nationalité américaine lui sera donné en 1944.



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vendredi 1 novembre 2019

n°316
Albert Einstein tirant la langue (1951)
Arthur Sasse



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Œuvre : Albert Einstein tirant la langue
Artiste : Arthur Sasse  
Année : 1951
Technique : Photographie en noir et blanc
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Aucun
Lieu : Exemplaire original l'agence de presse américaine UPI 

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Voici l’histoire d’une banale photographie de presse devenu l’une des photographies les plus célèbres au monde. Elle représente le plus célèbre et surtout l'un des plus grands scientifiques de l'histoire: Albert Einstein.

Le physicien allemand Albert Einstein a révolutionné le monde des sciences physiques. Ce véritable génie scientifique à l’intelligence hors-norme est lauréat du prestigieux Prix Nobel de Physique en 1921 pour ses recherches. Il a notamment publié, en 1915, une théorie scientifique révolutionnaire, la théorie de la relativité générale, qui a des applications dans de nombreux domaines, comme l’étude des étoiles ou l’énergie nucléaire... On connait tous également cette équation scientifique (sans forcément la comprendre) : e=mc².


Un scientifique sérieux, qui s’amuse pourtant à tirer la langue au photographe comme le ferait un petit garçon. Une langue tirée qui contraste avec l’idée qu’on se fait d’un scientifique de son ampleur, une image sérieuse et même un peu ennuyeuse parfois. Cette fameuse langue tirée rendit le cliché célèbre dans le monde entier. Mais pourquoi tire-t-il la langue ?

Nous sommes le 14 mars 1951. Einstein fête ses 72 ans au Princeton, un club privé de New York. Lorsqu’il quitte la soirée, il prend place dans sa voiture entouré de ses amis, le professeur Frank Aydelotte, ancien directeur de l'Institute for Advanced Study, et sa femme, dans une voiture.
Le scientifique qui a déjà été suivi toute la journée par une horde de journalistes et de photographes est fatigué et lassé d’être pris en photo.
Un des journalistes présents, Arthur Sasse, photographe de l'agence de presse américaine UPI (United Press International), insiste et lui demande "Monsieur Einstein, s'il vous plait : un dernier sourire pour votre anniversaire !".



Pressé d’en finir, à défaut d’un sourire, le scientifique tira la langue au photographe, un geste spontané qu’Arthur Sasse a eu le temps de photographier. Einstein y montre une langue très pointue et des yeux écarquillés.


Dans la foulée, l’agence de presse met à disposition la photographie. C’est ainsi que quelques jours plus tard, le cliché recadré et centré sur le visage d’Einstein tirant la langue fit la une des journaux du monde entier.

Einstein lui-même s’amusa du succès de la photographie.  "Cette pose révèle bien mon comportement. J'ai toujours eu de la difficulté à accepter l'autorité et, ici, tirer la langue à un photographe qui s'attend sûrement à une pose plus solennelle, cela signifie que l'on refuse de se prêter au jeu de la représentation, que l'on se refuse à livrer une image de soi conforme aux règles du genre." expliqua le scientifique.

Aujourd’hui cette photo d’un illustre scientifique dans cette attitude rebelle et provocatrice est devenue le symbole de la pop culture. La photo fut maintes et maintes fois reproduite et détournée, parfois avec beaucoup d’humour.


Après l'avoir vu dans le journal, Einstein a envoyé une lettre à l'agence de presse pour demander neuf copies à donner à ses amis, et a demandé que l'image soit recadrée pour ne montrer que son visage. En 2009, l'un de ces tirages de la photographie, signé de la main d'Einstein, a atteint le prix record de 74 324 dollars lors d'une vente aux enchères.
Sous la photo, Einstein avait écrit un dernière commentaire peu avant sa mort en 1955: "Ce geste s'adresse à toute l'humanité. Il montre qu’un simple civil peut se permettre de faire ce qu'aucun diplomate n'oserait." Rebelle jusqu’au bout !



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mardi 22 octobre 2019

n°307
Dorothy juggling white light balls (1962)
William Klein



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Œuvre : Dorothy juggling white light balls (Dorothy jonglant avec des balles lumineuses blanches)
Artiste : William Klein  
Année : 1962
Technique : Gelatine d'argent
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Photographisme
Lieu : Impression pour le magazine Vogue (mars 1962), Exemplaire original à la galerie Hackebury Fine Arts (Londres)

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Dorothy + Light Outline
Célèbre pour ses photographies de rue, le photographe américain William Klein l’est aussi pour ses photographies de mode.

Ce cliché, par exemple fait partie d’une série importante d’images réalisées pour le très célèbre magazine de mode Vogue pour le numéro de mars 1962. Il met en scène Dorothy McGowan, le mannequin américain star du magazine à cette époque.
Klein est fasciné par la jeune femme. Celle-ci  posera à de nombreuses reprises pour le photographe et tournera même dans un documentaire réalisé par Klein sur le milieu de la mode.

Après la Seconde Guerre Mondiale, les photographes aiment associer la photo aux arts graphiques. Si plusieurs graphistes s'essaient alors à la pratique du photomontage et du collage, d'autres, comme Klein,  affectionnent plutôt les expérimentations autour de la lumière. Vont ainsi naître les photogrammes, les dessins lumineux et le mouvement dans la photographie.


Dorothy Shooting Light from Hip
Ayant eu Fernand Léger comme professeur à la Sorbonne, Klein développe assez tôt un intérêt pour la photographie et l’art abstrait. Dès 1930, il peint des toiles abstraites puis il photographie ses tableaux en mouvement créant ainsi un autre niveau d'abstraction.  Il travaille de nombreuses années sur le flou dans la photographie, qui évoque le mouvement, une manière pour lui de rendre plus vivants les sujets de ses photos.

Tout ce travail va influencer cette séance photo pour Vogue. Dans cette série d’images innovantes pour l’époque, William Klein créer un subtil mélange entre mode et lumière.
Sur chaque cliché une sorte de halo de lumière est en mouvement. Le mannequin prenant la pose sous une lumière assez forte devant un fond noir, cela crée un ensemble très contrasté qui renforce le halo de lumière et met le mannequin encore plus en valeur.
Pour réaliser cet effet, le photographe utilise une exposition prolongée, c’est-à-dire que son appareil prend la photo sur une durée de quelques secondes.
 "C’était des doubles expositions", explique Klein, à propos de cette série en particulier. "Tout d’abord, je photographiais le modèle. Elle a ensuite tenu la pose et nous avons éteint toutes les lumières du studio. Lors d’une seconde exposition de quelques secondes, un assistant utilisa une lampe de poche pour dessiner des formes dans l’air autour du corps du modèle".


Dorothy + Big White Circle
Dorothy + Light Numbers             
Dorothy Blowing Light Smoke Rings
Dorothy + Light Coat
    
Dorothy + Light Newspaper
Dorothy Arguing with Dorothy and Lights
Dorothy + Light Dog
    
Dorothy + Light Face
     



Dorothy + White Light Stripes
Ces photos en noir en blanc sont aujourd’hui incontournables quand on évoque l’œuvre de Klein mais qui elles n’ont pourtant été redécouvertes que récemment. En fait, lorsque les photos sont parues en 1962 dans Vogue, elles sont passées presque inaperçues. A l’époque, alors que Klein était déjà célèbre, les clichés n’étaient même pas en couverture du magazine !

Âgé de plus de 90 ans, William Klein continue toujours de photographier et d’exposer son travail dans les plus grands musées du monde. Quant à Dorothy McGowan, elle stoppa rapidement sa carrière dans le mannequinat après avoir épousé … un photographe ! Elle vit aujourd’hui près de New York.



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vendredi 9 août 2019

n°286
99¢ (1999)
Andreas Gursky



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Œuvre : 99¢ (99 cent)
Artiste : Andreas Gursky  
Année : 1999
Technique : Epreuve chromogène sur Diasec
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Photographie subjective
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)

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Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le monde occidental vit dans la  prospérité. La société a évolué vers une nouvelle manière de penser, de vivre, de consommer et de créer.

Cette photographie de l’allemand Andreas Gursky, réalisée pour un magazine américain, est un exemple parfait et très réaliste de ce qu’est la mondialisation et la société de consommation. Elle montre une vue panoramique d’un hypermarché américain, le "99 Cents Only store" situé sur Sunset Boulevard à Los Angeles. Tous les produits y sont vendus au tarif unique de 99 cent, soit environ 1 dollar, un type d’hypermarché très courant aux Etats Unis.

On aperçoit à peine les clients qui parcourent les rayons,  comme engloutis, noyés dans un océan de produits soigneusement disposés sur les étals.  Ils semblent perdus dans cet environnement. Car c’est bien toute la marchandise qui est mis en avant sur cette photographie,  elle ressemble de loin à une infinité de petits éléments colorés, mis en valeur par le reflet au plafond des étalages. On ne sait pas où regarder !

détail
La photographie est à cheval sur deux visions : à la fois macroscopique, l’infiniment grand (l’immensité du supermarché) et microscopique, l’infiniment petit (les produits vendus). L’axe de vue est une plongée c'est-à-dire que la photo est prise du haut vers le bas, ce qui renforce la sensation d'enfermement et d'étroitesse. La photographie nous faire même penser à la vue d’une caméra de surveillance.

La photographie est immense, à l’image du magasin. Elle est l'une des plus grandes photographies au monde puisqu’elle mesure près de 3,20 mètres de longueur et 2 mètres de hauteur.
Comme pour la plupart de ses œuvres, les photos d’Andreas Gursky sont « pensées » à l’avance, c’est un travail de composition comme un peintre avec sa toile. Pour réaliser 99¢, le photographe a réalisé plusieurs clichés dont les négatifs ont ensuite été scannés et assemblés à l’aide d’un logiciel, sur ordinateur. Il crée alors un nouveau négatif qui est l’assemblage, le montage de tous les clichés, à la manière d’une mosaïque, qu’il fait ensuite développer sur de très grands formats.
Enfin, le photographe utilise la technique du Diasec : une fine couche de résine acrylique est appliquée sur la photographie. Ce procédé préserve les couleurs de la photographie dans la durée et évite qu’elles ne pâlissent ou qu’elles jaunissent.

99 cents II, diptych (2001)

Deux ans plus tard, le photographe réalisera « 99 cents II » un diptyque (deux photos) sur le même principe. Le cliché original de cette seconde œuvre dénonçant comme la première notre société de consommation a été vendu pour plus de trois millions de dollars à Londres en 2007 par un collectionneur anonyme. C'est la sixième photographie la plus chère de l'histoire, la première étant une autre oeuvre d'Andreas Gursky.



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mercredi 31 juillet 2019

n°277
Presidency I (2008)
Thomas Demand



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Œuvre : Presidency I
Artiste : Thomas Demand 
Année : 2008
Technique : Photographie, maquettes en papier
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Art contemporain
Lieu : Kunsthalle de Hambourg (Allemagne)

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Contrairement à ce qu’il prétend, Thomas Demand n’est ni photographe, ni sculpteur. C’est plutôt un grand illusionniste ! Comme un magicien, cet artiste allemand parvient à nous faire croire ce que l’on voit dans ses clichés. Mais comme chaque tout de magie, il y a un truc !

Voici l’une de ses photographies nommée Presidency I. Le spectateur reconnaît du premier coup d’œil, le fameux bureau ovale de la Maison Blanche, c’est-à-dire le bureau du Président américain, théâtre de nombreuses décisions importantes pour les Etats Unis. Tout nous laisse croire qu’il s’agit d’une banale photo du bureau présidentiel. Et pourtant non… Thomas Demand nous le rappelle : « Je suis artiste, pas documentariste ! »

En effet, cette photographie est une vraie fausse image. Elle nous montre en réalité … une maquette en papier ! Le bureau n’est pas un bureau, les fenêtres  n’en sont pas,  les drapeaux ne peuvent pas flotter dans le vent et il est fortement déconseillé de s’asseoir sur ces chaises. Tout n’est qu’illusion !

L’artiste a confectionné dans son atelier cette maquette en papier et en carton grandeur nature ! Sa fabrication est si soigneuse, si perfectionniste qu’on ne peut s’apercevoir que de près qu’il s’agisse de papier. Il a fallu trois semaines à Thomas Demand pour réaliser sa maquette. Comme il n’a jamais visité le bureau du Président, son travail ne repose que sur des images prises dans des journaux.

Une fois la maquette terminée, il peaufine l’éclairage pour plus de réalisme et réalise plusieurs photographies de sa maquette. Pour celle-ci, six clichés ont été réalisés, chacun portant le nom Presidency suivi d’un numéro.

Presidency II
Presidency III
Presidency IV
Presidency V
Presidency VI
La prise de vue terminée, l’artiste détruit sa maquette. Ses photographies sont les seules traces de son travail.

L’œuvre Presidency a été commandée par le célèbre magazine américain New York Times  qui a publié sur sa couverture cette image frontale du bureau du bureau ovale en novembre 2008, juste après les élections présidentielles. Les œuvres de l’artiste ne montrent jamais de personnages, toujours des lieux vides de présence humaine. Ainsi, l'artiste n'offre donc aucun indice sur l'identité du président. Le fauteuil en cuir est-il toujours occupé par George W. Bush ou Barack Obama est-il assis là maintenant? Peu importe, le bureau vide, à lui seul, symbolise le pouvoir américain et donc l’importance de ces élections.

En reproduisant des lieux à la perfection, il interroge le spectateur et l’invite à se méfier de ce que nous montrent parfois les médias : du faux qui a l’air vrai : « « L’art doit vous rendre conscient que ce que vous voyez est toujours une construction. La photographie n’est pas une réalité, mais une représentation qu’il faut déchiffrer. » A méditer…




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vendredi 19 juillet 2019

n°265
Françoise Gilot, Pablo Picasso et son neveu Javier Vilato sur la plage de Golfe-Juan (1948)
Robert Capa



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Œuvre : Françoise Gilot, Pablo Picasso et son neveu Javier Vilato sur la plage de Golfe-Juan
Artiste : Robert Capa  
Année : 1948
Technique : Photographie argentique en noir et blanc
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Photojournalisme
Lieu : Musée Picasso (Paris)

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Lorsqu’on évoque Pablo Picasso, on pense bien évidemment aux toiles si particulières de cet artiste peintre. Mais à la fin de sa vie, il fut également le modèle de quelques grands noms de la photographie dont le photojournaliste hongrois Robert Capa.

Robert Capa est surtout célèbre comme photographe de guerre. Cet été-là, il revient de son voyage en Israël où il s’est pris une balle dans la cuisse, lors de l'attaque du navire Altalena par l'armée régulière israélienne. Capa a pris un grand nombre de clichés de Picasso dans son existence, mais l’été 1948 fut celui où il accompagna Picasso dans la quasi-totalité de son vie privée, alors qu’il était censé « se reposer ».

Capa réalise ce cliché dans le cadre d’un reportage photo pour le magazine Look qui souhaite rédiger un article sur le peintre. Les clichés sont publiés en noir et blanc pour des questions économiques. Mais les photographies d’origine sont en couleurs. Une photo couleur de Picasso jouant dans l'eau avec son fils Claude à Vallauris, issue du même reportage, en témoigne.

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Picasso ne se laisse guère photographier. Après la libération , Picasso était un peintre connu dans le monde entier, notamment grâce à Guernica.  Il devient le symbole de la résistance et suscite l’intérêt des médias.
Le peintre décide alors de prendre le contrôle de son image et accepte volontiers de prendre la pose en soignant ses apparitions. Il met en scène sa vie privée où il se montre aimant avec sa compagne et bon père avec ses jeunes enfants.

Cette photo en est le parfait exemple. Elle met en scène Françoise Gilot, au  premier plan, qui fut la compagne du peintre de 1944 à 1953. Picasso n’apparaît qu’au second plan mettant davantage sa compagne en valeur que lui-même. L’homme qui les suit est le neveu de Picasso, Javier Vilato. Nous sommes sur la plage de Golfe-Juan, une station balnéaire de la Côte d’Azur.

La photographie est légère, heureuse et ensoleillée. Malgré le noir et blanc, on imagine le temps ensoleillé de cette belle journée d’été. Une photo qui respire le bonheur, seulement trois ans après la fin de la guerre.
Françoise Gilot, qui est elle-même peintre et dessinatrice, avait quarante ans de moins que Picasso. Sur la photo, celui-ci se montre galant avec sa compagne, la protégeant du soleil en tenant un parasol. Il semble presque être son serviteur.

Pourtant, la réalité était tout autre. Picasso était connu pour son caractère exécrable, pour sa jalousie et sa cruauté envers son entourage. Picasso disait qu’il n’était cruel qu’avec les gens qu’il aimait. A cette phrase, Françoise Girot ajoutait : « Et j’ai été très aimée… ».
Leur quotidien n’avait rien à voir avec le sentiment dégagé par cette photographie : « Il était amusant, ludique, intelligent, authentique, et insupportable. En définitive, je n’ai été heureuse avec lui que les trois premières années, quand nous ne vivions pas ensemble. » racontait Françoise Girot.

Cette photographie est donc un peu surréaliste. Au fond, son neveu savoure d’ailleurs cette scène unique. Des années plus tard, Françoise Gilot affirma que la capture de ce moment facétieux n'avait été possible que parce que Capa était un ami.



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mercredi 6 mars 2019

n°252
Invasion (2014)
Paul Apal'kin



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Œuvre : Invasion
Artiste : Paul Apal'kin  
Année : 2014
Technique : Photographie numérique
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Art contemporain
Lieu : Publiée sur Facebook

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Paul Apal'kin est un jeune photographe ukrainien qui s'est fait connaître grâce à ses photographies directement publiées sur Internet. Il explique lui-même ne pas savoir d'où vient sa passion pour la photographie : "Dans mon entourage, il n'y avait ni photographe, ni artiste, ni compositeur. Aucun photographe célèbre m'a donné envie de devenir photographe et je ne suis inspiré par aucun d'entre eux pour créer. Pourtant, durant mon enfance, j'ai ressenti le besoin inexplicable de le devenir."
Quand il se lance dans la photographie, Paul Apal'kin n'a aucune connaissance sur les différentes techniques qu'il est nécessaire de maîtriser. Il aimait prendre des photos, c'est tout.
Cependant, en 2012, il découvre par hasard la photographie conceptuelle, un genre très particulier de photographie.

La photographie conceptuelle, c'est l'art de mettre en image une idée. Dans l’art conceptuel, l’idée ou le concept est l’aspect le plus important du travail. L’artiste conceptuel a pour objectif de faire en sorte que son travail soit intéressant pour le spectateur. La beauté et l'esthétique de la photo sont mises de côté, la photographie doit avant tout raconter une histoire.
Paul Apal'kin comprend que c'est ça qu'il veut faire. Mais il continue de faire des photographies classiques et purement esthétiques. Il se dit photographe des deux genres : classique et conceptuel. "Dans la première catégorie, j'exprime mon sens de la beauté et de l'esthétisme et la deuxième catégorie contient mes pensées et mes expériences".

Invasion représente assez bien le travail d'Apal'kin. Il s'agit d'une photographie conceptuelle mais dont l'esthétisme a son importance. On y voit une femme derrière le morceau cassé d'un miroir qui reflète lui-même les yeux d'une femme (peut être elle-même). L'une emprunte le regard de l'autre. La jeune femme cache sa tristesse derrière le miroir mais le reflet montre la femme forte et combative qui est en elle.

Selon l'artiste, l'atmosphère romantique, fragile et mélancolique qui s'y dégage correspond assez bien à sa propre personnalité. "La base de ma créativité s'inspire de ma propre histoire alors les personnages qui apparaissent sur mes photos sont des petites parts de moi".



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