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lundi 2 mars 2020

n°327
Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon (1490)
Domenico Ghirlandaio



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Œuvre : Portrait d'un vieillard et d'un jeune garçon
Artiste : Domenico Ghirlandaio 
Année : 1490
Technique : Tempera à l'œuf sur panneau de peuplier
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Renaissance
Lieu :  Musée du Louvre (Paris)


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A la fin du XVème siècle, l’art vit une véritable révolution venant d’Italie : la Renaissance. Ce tableau de Domenico Ghirlandaio est un des témoins de ce renouveau. Ce portrait est sans doute son œuvre la plus connue notamment à cause du traitement très réaliste (et très novateur pour l'époque) des deux personnages.

A gauche, un vieil homme vêtu d’un pourpoint rouge et d’un cappuccio posé sur son épaule est assis.  Il tient dans ses bras un jeune garçon également vêtu de rouge et d’une toque.
Le vieil homme regarde tendrement le jeune garçon, son sourire témoigne d’une grande bonté et entoure de son bras le corps du jeune garçon. Les deux personnages sont vêtus de manière assez luxueuse pour l’époque, signes qu’ils sont tous deux issus d’une famille florentine assez aisée. Ils sont assis dans un intérieur, éclairés contre un mur noirci. Derrière eux, à droite, une ouverture découvre un paysage aux routes sinueuses. En effet, les portraits d’intérieur avec une vue sur l’extérieur étaient très à la mode en Italie.

Une des caractéristiques, assez visible, du visage de l’homme est son nez déformé par le rhinophyma, une maladie assez courante, souvent liée à l’excès d’alcool. A cela s’ajoute une verrue sur son front. Cela créé un apparent contraste entre les deux personnages : d’une part la vieillesse et la laideur et d’autre part la jeunesse et la beauté.

Pourtant, en peignant ces difformités, le peintre souhaite mettre en valeur l’attitude de l’homme et sa douceur, plutôt que sa beauté physique. L’accent est mis sur son sourire, son regard rassurant et bienveillant envers le jeune garçon. Ce dernier ne ressent d’ailleurs aucun dégoût face à la laideur du vieil homme. Au contraire, il lui répond avec sa main délicatement posée sur le vieillard. Les deux personnages se regardent avec tendresse et affection : c’est une vraie relation de confiance qui unit ces deux personnages finalement assez semblables. L’artiste nous rappelle ainsi que l’amour va bien au-delà de la beauté physique, que l’essentiel se passe dans le cœur de chacun.

On ne connait pas l’origine de l’œuvre, ni l’identité, ni même le lien entre les deux personnages. Certains y voient un grand-père et son petit-fils mais aucun élément nous permet de l’affirmer.
Il semblerait que la toile ait été peinte après le décès du vieillard puisqu’un dessin de Ghirlandaio a été retrouvé, représentant ce même vieillard les yeux fermés, sans doute sur son lit de mort. Le tableau aurait pu être une commande d'un des descendants du défunt, un portrait sur panneau de bois qui aurait une fonction commémorative.



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jeudi 27 février 2020

n°325
La Dérision du Christ (Le Christ moqué) (1280)
Cimabue



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Œuvre : La Dérision du Christ (Le Christ moqué)
Artiste : Cimabue 
Année : 1280
Technique : Tempera à l'oeuf et fond doré sur panneau de peuplier
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Collection privée (prochainement collection du Musée du Louvre)


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Un simple déménagement peut parfois changer notre vie du jour au lendemain. C’est ce qu'il s'est produit pour une vieille dame âgée de 90 ans habitant à Compiègne, dans le nord de la France. Avant de mettre dans les cartons le vieux tableau qui était depuis toujours accroché sur le mur de sa cuisine, elle eut l’idée de le faire expertiser à l'hôtel des ventes Actéon de Compiègne.
La propriétaire du tableau pensait qu’il s’agissait d’une simple idole et voulait simplement en connaître son origine. Elle était loin d’imaginer qu’elle possédait en fait une œuvre italienne du XIIIème siècle !

Le tableau fut expertisé au printemps 2019 par Stéphane Pinta du cabinet Turquin. Celui-ci est formel, il s’agit d’une œuvre du peintre italien Cimabue peinte aux alentours de 1280. Cette découverte exceptionnelle est alors annoncée aux médias le 23 septembre 2019 : l’œuvre est estimée quatre à six millions d’euros !

Une estimation incroyablement élevée qui témoigne de la rareté de l’objet.  En effet, Cimabue est considéré comme le fondateur de la peinture italienne, à l’origine de la Renaissance. Seule une petite dizaine de peintures sur bois de Cimabue sont parvenues jusqu’à aujourd’hui.

Ce panneau de bois d’à peine 26 cm de haut est en fait un des éléments d’un dyptique, c’est-à-dire un ensemble de huit panneaux de taille semblable à celui-ci, disposés en deux volets peints, nommé le Dyptique de la Dévotion. Il s’agissait de huit scènes illustrant la Passion du Christ. Malheureusement, les panneaux furent vendus séparément au XIXème siècle et furent dispersés.  Pour cette raison, seuls trois des huit panneaux sont connus à ce jour.


L’œuvre fut peinte sur un fond d’or avec la technique de la tempera, une peinture grasse composée d’œuf, technique courante au moyen âge. Le tout peint sur un panneau de peuplier. Étonnamment, les analyses ont montré qu’il était en excellent état de conservation.

La Dérision du Christ est le thème de ce tableau.  Il s’agit d’un épisode de la Passion du Christ dans le Nouveau Testament, épisode qui précède la crucifixion. On y voit le Christ battu et moqué par la population. Le Christ ne se défend pas. Au contraire, il montre une expression de sérénité. Dans les Évangiles, la foule crache sur Jésus le gifle, ce qui n’est pas illustré dans le tableau. En revanche, un personnage semble tenir une couronne d'épines au-dessus de la tête du Christ.

Le tableau fut ensuite vendu aux enchères. Adjugé en moins de 10 minutes pour 24 180 000 euros, soit 4 fois plus que son estimation, il devient le tableau primitif (ou pré-Renaissance) le plus cher du monde. Considéré comme Trésor National, il devrait rejoindre prochainement la collection du Musée du Louvre.
Il est maintenant temps de fouiller votre grenier, qui sait ? Un trésor s’y cache peut-être… !



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lundi 12 août 2019

n°289
La Conversation sacrée (1472)
Piero della Francesca



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Œuvre :  La Conversation sacrée (Conversation sacrée avec la Vierge à l'Enfant, six saints, quatre anges et le donateur Federico da Montefeltro)
Artiste : Piero della Francesca 
Année : 1472
Technique : Huile sur bois
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Renaissance
Lieu : Pinacothèque de Brera, Milan (Italie)


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Cette œuvre de l’italien  Piero della Francesca a été réalisée pour l’église San Donato degli Osservanti à Urbino, au nord de Florence en Italie. C’est  Frédéric III de Montefeltro, le duc d’Urbino lui-même, qui commanda l’œuvre. Il avait été sans doute satisfait du portrait que Francesca avait réalisé de lui peu de temps auparavant.
Le tableau ne resta que quelques années dans cette église, jusqu’à la mort du duc. Il sera ensuite installée dans le mausolée de l’église San Bernardino.

Destinée à une église, il s’agit bien sûr une œuvre religieuse comme on en faisait beaucoup à l’époque. Elle représente un sujet classique : une Vierge à l’enfant, un thème très récurrent dans la peinture qui renvoie à un épisode fondamental de la Bible : la Naissance du Christ et à la maternité de la Vierge Marie.

De nombreux symboles rappellent ce thème de la naissance. Un œuf d’autruche, symbole de la naissance, pend même au plafond vers le nombril du nouveau-né. Il est accroché à une coquille Saint Jacques, symbole de la fécondité. L’enfant porte autour du cou un pendentif en corail qui rappelle le rouge du sang , symbole de la vie,  de la mort et de sa future résurrection.

La Vierge, au centre du tableau, est dans une position d’adoration, les mains jointes dans la prière vers l’Enfant Jésus endormi sur ses genoux. Dans cette œuvre, elle  trône en majesté. Le trône repose d’ailleurs sur un précieux tapis d’Anatolie, une région lointaine de l'Asie, objet rare et précieux.

La Vierge est entourée de onze personnages dont quatre anges (féminins) qui l’entourent.
Le duc de Montefeltro lui-même, apparaît armé et agenouillé. Il a retiré son heaume cabossé en signe de respect pour les figures célestes qu'il a devant lui. C’est le profil gauche du duc qui est représenté car son profil droit est marqué par des cicatrices, souvenirs d’un douloureux tournoi de combat. Perfectionniste, le peintre a même peint les reflets métalliques de la lumière sur son armure. sur laquelle on devine une fenêtre de l’église.

Les autres personnages masculins sont six saints :
Saint Jean Baptiste , barbu, portant un bâton et vêtu d’une peau de chameau et le bâton. Sa présence rend hommage à Battista Sforza l’épouse décédée du duc.
Saint Bernardin de Sienne, à l'arrière-plan, qui était un ami du duc.
Saint Jérôme, à gauche de la Vierge, avec le vêtement en lambeaux de l'ermite et la pierre pour lui frapper la poitrine.
Saint François d'Assise , qui montre ses stigmates.
Saint Pierre de Vérone, martyre avec la coupure sur la tête;
Saint Jean l'Evangéliste , avec le livre et le manteau typiquement rose.

La scène se déroule devant une abside monumentale d’une église, c’est-à-dire la structure circulaire qui se trouve au bas de l'église. Elle rappelle la position en arc de cercle des personnages, une position inhabituelle et innovante pour l’époque, qui met en valeur la Vierge et l'enfant au centre.

Bien que 1472 soit pour beaucoup d’historiens à la fin du Moyen Âge, ce tableau, par son style et ses innovations, nous montre qu’en Italie, on vit déjà une tout autre époque artistique : la Renaissance.



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vendredi 2 août 2019

n°279
Saint Jean dans le désert (1445)
Domenico Veneziano



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Œuvre : Saint Jean dans le désert
Artiste : Domenico Veneziano  
Année : 1445
Technique : Tempera sur bois
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : National Gallery of Art (Washington)


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En plus d’être l'une des œuvres majeures du peintre italien Domenico Veneziano, ce Saint Jean dans le désert est à lui seul une vraie révolution artistique.
Comme cinq de ses tableaux, cette toile a été réalisée en 1445, pour l'église de Santa Lucia dei Magnoli, à Florence. Le tableau est un retable, c’est-à-dire un grand panneau décoré que l’on plaçait derrière l’autel d’une église. Il a donc décoré l’église de longues années, jusqu’au début du XIXème siècle où on retrouve sa trace chez Bernard Berenson, un collectionneur d’art américain.

Comme très souvent au Moyen Âge, la toile est religieuse. Elle illustre un passage de la vie de Saint Jean Baptiste lorsque celui-ci, dans le désert, abandonne ses riches vêtements contre un manteau rugueux fabriqué de peaux de bête et de poils de chameaux. La décision de Jean d'abandonner le luxe au profit d'une vie de piété symbolise le passage d’une publique à une existence d’ascète, c’est-à-dire une vie très austère dévouée à une pratique religieuse très importante.

En 1445, nous sommes à la fin du Moyen Age mais aussi les prémices de la Renaissance italienne. On peut d’ailleurs observer les deux styles dans ce tableau. Plutôt que de représenter Saint Jean sous les traits d’un vieil homme barbu et pauvre comme on le voit dans de nombreux tableaux médiévaux, Veneziano montre au contraire un homme plutôt jeune, musclé, ressemblant à une statue grecque antique, un style très influencé par la Renaissance. Paradoxalement, l’homme évolue dans un paysage de montagnes peu réaliste typique de la fin du Moyen Âge.

Mais la grande innovation de ce tableau concerne les couleurs. La plupart des peintures médiévales sont plutôt sombres et peintes avec les mêmes couleurs : des rouges, des bruns, des jaunes, des dorures, du noir. Ici, c’est tout le contraire, Veneziano utilise des couleurs claires et vives, des bleus et des blancs qui donnent une grande lumière au  tableau. Il n’hésite pas à peindre de grands espaces simples comme le ciel bleu, sans détails ni fioritures.

Il fut également l’un des tout premiers peintres à ajouter de l’huile dans sa peinture pour faire ressortir les couleurs.
Une légende racontait même que Veneziano aurait communiqué à Andrea del Castagno, un autre peintre italien,  le secret de la peinture à l’huile. Ce dernier, poussé par une horrible jalousie, l'aurait assassiné. Bien que cette légende soit fausse, elle montre à quel point cette innovation fut importante à l’époque.


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vendredi 12 juillet 2019

n°258
Lettre B du Beatus Vir (Psautier de Saint Louis) (1274)
Maître de Saul



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Œuvre : Lettre B du Beatus Vir (extrait du Psautier de Saint Louis)
Artiste : Maître de Saul 
Année : 1274
Technique : Enluminure (miniature), couleurs et or sur parchemin, 
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Gothique
Lieu : Bibliothèque Nationale de France (Paris), consultable en ligne ici


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couverture du psautier
Cette magnifique enluminure est extraite d’un ancien manuscrit datant de 1274. Ce manuscrit est un Psautier, c’est-à-dire un recueil de psaumes (de chants et poèmes religieux) à l’usage de la Sainte-Chapelle de la Paris.
Au XIIIème siècle, l’imprimerie n’ayant pas été encore inventée, les livres sont rares et extrêmement précieux car ils sont copiés et peints à la main, la plupart du temps par des moines.  La décoration luxueuse de ce manuscrit nous indique qu’il s’agissait d’une commande royale. D’après les historiens, il aurait été commandé par Louis IX plus connu sous le nom de Saint Louis, à son retour de croisade, pour le mariage de son fils, le futur Philippe III le Hardi.

Une des 78 scènes
peintes du psautier 
Le Psautier de Saint Louis est un manuscrit qui met en scène des épisodes de la Bible, plus précisément de l’Ancien Testament, ainsi que des psaumes. Le manuscrit commence par une série de 78 peintures à pleine page, peintes par au moins cinq peintres différents. Elles sont suivies par un calendrier annuel des fêtes religieuses.

La seconde partie du manuscrit est consacrée aux psaumes. Ces derniers sont également illustrés de huit grandes initiales, qu’on appelle des lettres historiées, dont la première et la plus impressionnante est une lettre B qui occupe tout l’espace de la page.

La lettre B représente le  « Beatus Vir », le tout premier psaume du manuscrit. Sur la marge de droite, on aperçoit, le début du psaume, en latin : « Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum... » (Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants).

La lettre B renvoie également au nom de «  Bethsabée », l’héroïne de l’histoire qui est illustrée sur cette page. En effet, les deux orbes du B évoquent  l’aventure de David et Bethsabée.

En haut, le roi David observe par la fenêtre de son palais la belle Bethsabée, en train de prendre son bain. David tombe amoureux d’elle mais la jeune fille est déjà mariée à l’officier du roi.  David   commandite alors le meurtre du mari de celle-ci pour pouvoir s’emparer d’elle. Le roi subit alors une longue période de déchéance et de malheurs, au cours de laquelle il aurait écrit ces psaumes. En bas, il se repentit et demande pardon à Dieu pour ses crimes.

Cette initiale, comme chacune des peintures du manuscrit sont caractéristiques du style parisien postérieur : élégance des personnages, quelques armoiries (la fleur de lys) et des couleurs simples (bleu, mauve) sur des fonds dorés.


Voici les sept
autres initiales
du manuscrit : 

Les lettres historiées sont typiques des manuscrits du Moyen Âge. Elles permettent d’associer  l'écrit et l'image: la lettre sert de cadre de présentation à l'histoire, en écho au texte situé sur la même page. C’est un peu l’ancêtre de la bande-dessinée !

Pour les curieux, cliquez ici (ou ici) pour feuilletez l'intégralité du manuscrit.

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samedi 26 janvier 2019

n°239
Les époux Arnolfini (1434)
Jan Van Eyck



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Œuvre  : Les époux Arnolfini
Artiste : Jan Van Eyck 
Année : 1434
Technique : Huile sur panneau de chêne
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Néo-impressionnisme
Lieu : Gothique international



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Ce tableau représentant un homme et une jeune femme, unissant leurs mains comme s'ils étaient en train de se faire une promesse de mariage, semble tout droit sorti d'un conte de fée médiéval.

Cette toile énigmatique de Jan van Eyck représenterait un riche marchand d'origine italienne du nom de Giovanni Arnolfini et son épouse Giovanna Cenami. L'œuvre évoquerait le mariage du couple durant lequel le peintre lui-même aurait été un des témoins. Bien qu'on ne sache que très peu de choses sur ce tableau, et sur ce qu'il raconte, on a longtemps pensé que la main gauche de la femme, posée sur son ventre rebondi, annoncerait un futur bébé. En fait, il ne s’agirait que d’une mode de l’époque. Les femmes plaçaient des coussinets sous leurs robes pour se grossir le ventre.

La scène se déroule dans la chambre d’un riche intérieur bourgeois du XVème siècle. De nombreux détails apparaissant sur ce tableau, nous montrent le cadre de vie de ce couple. Le lustre en cuivre ainsi que les oranges posées sur la table basse soulignent la richesse du couple. En effet, à l’époque, les oranges étaient des produits exotiques de luxe.
D’autres éléments renforcent l’amour entre les deux personnages, comme le lit rouge et le chien au premier plan qui symbolise la fidélité conjugale. Le couple a d’ailleurs retiré leurs chaussures et la main de l’homme nous demandant de quitter les lieux laisse penser que les deux amoureux ont besoin d’un peu d’intimité…

Au-delà de son réalisme impressionnant, notamment pour les visages, la prouesse technique de cette œuvre (qui la rendra célèbre d’ailleurs) se trouve dans le miroir convexe situé en arrière-plan. Le peintre a été si minutieux qu’il a peint le reflet de celui-ci dans les moindres détails. Ainsi, on aperçoit le couple vue de dos mais aussi deux personnages dont le peintre lui-même en train de peindre son œuvre. La présence du peintre est d’ailleurs soulignée dans l’étonnante signature qui apparaît au-dessus du miroir et que l’on pourrait traduire par « Jan van Eyck fut ici ». Perfectionniste, le peintre a été jusqu’à peindre dix scènes de la Passion dans les médaillons qui composent le cadre du miroir.

Ce tableau évoque donc l’amour et la fidélité. Cela semble évident.
Mais avant de conclure, regardez bien dans le miroir. Censé refléter la scène, pourquoi le couple ne se tient-il plus la main ? Pourquoi le chien a-t-il disparu ? L’hypothèse serait que le tableau soit en fait un hommage à la femme d’Arnolfini qui serait … décédée.
D’ailleurs, celle-ci est bien morte en 1434, la même année que l’œuvre. D’autres éléments évoqueraient sa mort. Sur les motifs du miroir, les scènes du côté de l’homme sont des scènes où le Christ est vivant, tandis que les scènes du côté de la femme sont les scènes où le Christ est mort. Le miroir étant le miroir de la vie, de la réalité, le fait que le couple ne se tienne pas la main peut montrer la séparation par la mort de la jeune femme. De plus la seule bougie allumée sur le lustre est du côté de l’homme.

Hommage à l’amour ou à la mort, on vous laisse donc le choix !




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dimanche 2 décembre 2018

n°238
Début de printemps (1072)
Guo XI



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Œuvre : Début de printemps
Artiste : Guo XI  
Année : 1072
Technique : Rouleau suspendu, encre et couleur sur soie
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Art chinois (Dynastie Song)
Lieu : Musée du palais impérial de Taïpei (Taiwan)


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En 1068, le peintre chinois Guo XI a une carrière prestigieuse. Il est engagé par l’empereur Shenzong de la dynastie des Song du Nord. Il peint sur des rouleaux de soie, à l’encre de Chine sur lesquels il va produire toute une série de peintures sur le thème des saisons, qui vont décorer les salles des palais de l’empereur. 

Cette œuvre, réalisée pour le palais impérial, en fait partie. Son titre « Début de printemps » nous indique qu’il s’agit d’un élément d’un ensemble de plusieurs œuvres sur le printemps. Les peintres chinoises étaient conçues pour être regardées morceau par morceau, comme pour raconter une histoire. Celle-ci est la plus célèbre des peintures de Guo XI , elle est signée et datée de 1072. 

Sur cette œuvre, Guo IX a utilisé toutes les techniques possibles de dessin connues de l’époque. Il utilise notamment la technique du lavis, qui consiste à n’utiliser qu’une seule couleur d’encre qui sera diluée pour obtenir différentes intensités de couleur.

La peinture représente un paysage mais chaque élément est un hommage à la gloire de l’empereur. Au centre, on devine une immense montagne entourée de sommets plus bas. Elle représente le pouvoir de l’empereur sur ses sujets. La pluie, le vent et l’ensoleillement représentent le printemps mais aussi un gouvernement bienveillant pour son peuple. 
Le paysage est  immense, infini, aérien, brumeux ce qui donne peut être un sentiment d’angoisse. Les quelques personnages sont minuscules et  renforcent encore plus cette immensité. Ce sont des pêcheurs en train d’approcher leurs bateaux de la rive du lac, des jeunes venant accueillir le retour des femmes du village. 

Guo Xi maîtrise l’expression du brouillard et en profite pour créer la sensation de l’espace. Le corps de la montagne principale se tourne comme en forme de «S» et disparaît dans le nuage, permettant une extension du regard vers le haut. Les arbres sont aussi représentés dans des teintes variées selon leurs positions en avant ou en arrière. Les éléments comme l’eau et l‘air se mélangent et sont parfois difficiles à distinguer. D’autres éléments disparaissent carrément dans l’espace du tableau qui est non peint, une sorte de vide, comme masqués par la brume.  Les effets de profondeur et de flou jouent aussi un rôle important.

Le peintre s’inscrit tout à fait dans ce qu’on appelle encore aujourd’hui la peinture « Shanshui ». L’idée est de représenter la nature de manière idéalisée pour que l’on puisse vivre en harmonie avec elle. Elle répond ainsi à quatre critères : pouvoir y marcher, pouvoir y porter un regard au loin, pouvoir y prendre du bon temps et  pouvoir y habiter.  Guo Xi disait : "Les peintures qui répondent à ces attentes appartiennent toutes à la «catégorie merveilleuse»". C’est chose faite !



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jeudi 23 août 2018

n°218
El Castillo (Pyramide de Kukulcán) (900)



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Œuvre : El Castillo (Pyramide de Kukulcán)
Artiste : Inconnu
Année : env 900
Technique : Pyramide en calcaire
Epoque : Contemporain
Mouvement : Art maya (précolombien)
Lieu : Chichén Itzá (Mexique)


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Cette pyramide à degrés ne se trouve pas en Egypte mais bel et bien au Mexique. El Castillo (le château) est au cœur d’une ancienne cité archéologique, à Chichén Itzá dans l'État de Yucatán au Mexique. Elle aurait été construite il y a plus de 1000 ans par la civilisation des Mayas Itzá.

La civilisation Maya ayant disparue en ne laissant que peu de traces, il est difficile de savoir avec certitude le rôle et l’utilisation de cette pyramide. Encore aujourd’hui, des archéologues y font régulièrement des découvertes.

Ce qui est certain c’est qu’il s’agit d’un temple religieux en l’honneur de Kukulcán, un dieu serpent à plumes très répandu en Amérique centrale et du Sud à cette époque. Les Mayas ainsi que d’autres civilisations comme les Aztèques ou le Olmèques avaient associé le serpent à plumes avec la croissance du maïs. Les feuilles vertes de la plante ressembleraient selon eux à des plumes de quetzal (un oiseau tropical très coloré) et les épis de maïs aux écailles d’un serpent. Ce dieu est donc rattaché à la terre comme au ciel. D'après la légende, cette créature d'un autre temps aurait disparu depuis plusieurs millénaires et les Mayas s'attendaient à ce qu'elle refasse surface à la fin du monde.

La pyramide mesure 24 mètres sur laquelle un temple de 6 mètres est construit. A la base, chaque côté mesure 55 mètres. Sur chaque face un escalier permet de rejoindre le sommet.

El Castillo démontre à quel point les mayas avaient des connaissances très avancées en astronomie pour l’époque. La pyramide serait construite comme un calendrier solaire.  Le calcul du nombre de faces, plateaux, escaliers et marches donne 365 marches donc 365 jours. La construction du bâtiment a même été planifiée pour qu'aux équinoxes du printemps et de l'automne, l'une des façades à l'ombre donne l'illusion qu'un serpent longe la pyramide jusqu'au sol. Ce phénomène est appelé la " descente de Kukulcán ". D'énormes têtes de serpent ont été installées au bas de l'escalier nord.

Mais El Castillo n’a pas fini de délivrer tous ses secrets, notamment sur ce qu’il y a à l’intérieur de la pyramide. En 2015, grâce aux nouvelles technologies, des chercheurs ont découvert, qu’elle est composée d’un cenote (un gouffre d’eau douce de plusieurs mètres de hauteur) de tunnels menant vers des lacs souterrains. Mais le plus incroyable, c’est qu’elle contiendrait deux autres pyramides plus anciennes, l'une de 20 mètres et l'autre de 10 mètres. Le bâtiment a donc été érigé en au moins trois étapes: trois pyramides construites les unes sur les autres à la manière d’une «poupée russe».

El Castillo ainsi que l’ancienne cité qui l’entoure est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et fait partie des sept nouvelles merveilles du monde.



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mercredi 6 mai 2015

n°177
L'Offrande du coeur (1400)



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Oeuvre : L'Offrande du coeur (ou le don du coeur)
Année : vers 1400
Technique : Tapisserie brodée de laine et de soie
Epoque : Moyen Âge
Mouvement : Gothique
Lieu : Musée du Louvre (Paris)


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Lorsqu’on évoque le Moyen Âge, on parle surtout de ses guerres interminables et de sa violence. C’était une société dure, brutale et conquérante dans laquelle les femmes faisaient partie du butin du guerrier. Pourtant cette idée du Moyen Âge est un peu fausse. En effet, dès le XIIe siècle se développe une nouvelle manière de voir les choses : l’amour courtois.

Il s’agit de décrire la façon dont un gentilhomme doit se comporter en présence d’une femme de qualité. A l’époque on appelait l’amour courtois fin ’Amor, c'est-à-dire l’amour parfait. C'est Guillaume VI d'Aquitaine qui en fut l'un des précurseurs en composant les premiers poèmes lyriques évoquant son amour des femmes. Pour la première fois dans la société médiévale, réputée rude et guerrière, les femmes ne sont pas des rançons, des butins. Il ne faut pas les "prendre" mais au contraire se donner à elles, et les aimer.

Les récits de l’amour courtois vont se diffuser de châteaux forts en châteaux forts et donnent lieu à des illustrations figuratives que l’on retrouve sur des coffres, des petits objets précieux et surtout sur des tapisseries.  Cette vision de l'amour assez poétique va enchanter la noblesse jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Cette tapisserie, « l’Offrande du cœur »  est un bon exemple de ce qu'est l'amour courtois. Mesurant près de 2 mètres 50, elle fut réalisée vers 1400 sous le règne du roi Charles VI, un roi connu pour son amour pour la poésie et des valeurs chevaleresque.

On sait peu de choses sur l’origine de cette tapisserie, encore moins sur l’artiste qui l’a réalisée. Les tapisseries étaient très utilisées pour décorer les intérieurs seigneuriaux, séparer les espaces et conserver la chaleur. On n'hésitait pas à les déplacer, les couper, les froncer et on les emportait dans ses bagages : c'est pourquoi peu d'entre elles nous sont parvenues en bon état. Cette œuvre est une pièce assez rare.

Dans l'Offrande du cœur, on peut voir une dame, richement habillée, entourée de son chien et d’animaux de la forêt. Elle porte un faucon sur sa main gantée, signe de son appartenance à la noblesse. En face d’elle, l’homme est lui aussi habillé de façon très élégante. Ses jambes puissantes montrent qu'il est chevalier. 
Mais l'homme ne tient pas d'armes dans ses mains. A la place, il tient un cœur, le sien, qu'il tend à la dame de ses pensées, signe de sa fidélité pour elle. Selon les principes de l’amour courtois, l’homme doit être au service de sa dame, se montrer en permanence à l’affût de ses désirs, et surtout lui rester fidèle.

Qui a dit que le Moyen Âge n’était pas romantique ?


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lundi 27 avril 2015

n°174
Les Moaï (500)


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Oeuvre : Les Moaï
Année : de 500 à 1700
Technique : Sculpture sur basalte ou sur tuf
Epoque : Moyen Âge
Lieu : Île de Pâques



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Voici l’un des plus  grands mystères de l’histoire de l’art : les Moaï. On ne sait presque rien de ces quelques 887 statues de pierres qui peuplent l’Île de Pâques.
Cette île se situe au large du Chili, à 2000 kilomètres de la première île polynésienne. Elle couvre environ une surface équivalente à Paris et sa banlieue. C’est donc une île complètement isolée en plein océan pacifique.

L’île ne fut découverte par les occidentaux qu’en 1722, par le navigateur Jakob Roggeven, qui lui donnera le nom d’île de Pâques. Immédiatement, le navigateur est fasciné par ces colosses de pierre qui trônent sur l’île et ne s’explique pas comment la population a pu ériger de tels monstres.
Son récit poussera de nombreux navigateurs vers cette île mystérieuse, et c’est en 1794 que le célèbre James Cook y accostera et décrira avec détails ce territoire étrange.


Les statues, appelées Moaï, ont été érigées bien avant la découverte de l’île par les européens. On en compte près de 900, un bon nombre de celles-ci sont couchées, détruites ou enterrées.
Elles furent taillées dans une roche de basalte ou du tuf à l’aide de haches rudimentaires. Cette roche se trouve principalement sur les flancs d’un des trois volcans que compte l’île. On sait de source sure, qu’elles furent travaillées sur place, déplacées et ensuite érigées. Ce qui est stupéfiant quand on connaît le poids et les dimensions de ces monstres.
Leur hauteur varie entre 2 et 9 mètres et leur poids se situe entre 10 et 100 tonnes. Il en existe même une de 24 mètres, partiellement détruite.

Comment un peuple qui ne connaissait pratiquement rien en mécanique a-t-il pu déplacer de pareils colosses ? Autre fait étrange, elles tournent le dos à la mer, à l’exception d’une rangée de 7 statues qui contemplent l’horizon maritime. Enfin, quelle est leur signification, que représentent-elles et quand furent-elles construites ?


De nombreuses théories ont émergées au fil du temps pour tenter de comprendre tous ces mystères. Certains ont avancés que l’île de Pâques, de par sa situation, devait être le sommet du continent englouti de l’Atlantide. D’autres évoquent une création par une civilisation disparue proche des Egyptiens. Enfin l’éternelle théorie extraterrestre qui serait à l’origine de cette édification mystérieuse.

Qu’en est-il vraiment ?
Tout d’abord, les scientifiques ont pu déterminer que les statues ont été façonnées entre 500 et 1700.
On a longtemps pensé qu’elles devaient certainement représenter des divinités vénérées par les pascuans, les habitants de l’île,  et qu’elles faisaient face à la terre afin de protéger ses habitants des envahisseurs et des conditions climatiques.

Mais comment expliquer alors que la taille des statues se soit subitement arrêtée ? Puisque on a retrouvé une quantité d’œuvres non terminées, voir détruites sur les flancs du volcan. Là encore, mystère !

Aujourd’hui encore, les archéologues vont de découvertes en découvertes sur ces étranges Moaï. Jusqu’à il y a peu, on ne distinguait des statues Moaï que leur tête, leur cou et tout au plus l’amorce d’un torse. En 2010 et 2011, une équipe d’archéologues ont découvert que plus de la moitié de la taille des Moaï est enfouie sous terre et révèle l'existence d'un corps, de bras et de mains. Chez les statues représentant une femme, souvent au ventre gonflé, les mains sont ramenées en avant de part et d’autre du nombril, ce qui est interprété comme un signe de fertilité. Plus étonnant, le dos des statues présente des inscriptions (pétroglyphes) qui pourraient constituer une écriture ancienne, ainsi que des motifs de tailles et aux formes diverses.


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