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mardi 5 novembre 2019

n°318
Entrée des animaux dans l’Arche de Noé (env 1570)
Jacopo Bassano



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Œuvre : Entrée des animaux dans l’Arche de Noé
Artiste :Jacopo Bassano 
Année : vers 1570
Technique : Huile sur toile.
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Maniérisme
Lieu : Musée du Prado (Madrid)


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Au XVIème siècle, Jacopo Bassano était le spécialiste des peintures religieuses un peu champêtres. Il tient ce style « artiste-paysan » de son père, lui-même peintre reconnu.  Les scènes religieuses que peint Bassano sont très souvent accompagnées de paysages ruraux, d’animaux, de fermes, d’herbes… des éléments auxquels il accorde autant de minutie que le sujet principal de ses tableaux. Ce peintre italien a grandi à la campagne dans un petit village, ce qui lui a permis très tôt d’être au contact quotidien avec des animaux. Il les a donc beaucoup étudié pour parvenir à aussi bien les réaliser.

Spécialiste des scènes religieuses, Bassano adorait peindre l’épisode de l’Arche de Noé, rien d’étonnant pour un passionné d’animaux! Durant sa vie de peindre, il réalisa ce passage de la Genèse à de multiples reprises.

D'après la Bible, Dieu aurait demandé à Noé de construire un immense bateau, une arche, afin de recueillir un couple de toutes les espèces animales pour les sauver du terrible Déluge qui engloutissait la Terre. Noé ainsi que sa femme, ses trois fils et leurs épouses prennent  également place dans l’arche.

Un autre tableau de Bassano, également nommé
"Entrée des animaux dans l’arche de Noé", (vers 1590)
Musée du Louvre (Paris)
Parmi toutes les versions de l’arche de Noé peinte par Bassano, celle-ci peinte vers 1570 et exposée au Musée du Prado est sans doute la plus aboutie.
On peut y voir un vieil homme, Noé, debout au centre de la toile. Comme le ferait un berger, il guide les animaux. Ceux-ci grimpent sur une passerelle et entrent dans l’arche qui va les abriter durant quarante jours et quarante nuits, jusqu’à ce que l’eau redescende.
De nombreuses espèces d’animaux sont représentées. On aperçoit bien sûr les animaux de la campagne (moutons, vaches, chiens, lapins, dindons, chevaux, chèvres), des animaux des forêts (cerfs, lièvres, renards, hiboux). Il y a aussi quelques espèces plus exotiques (lions, singes) qui sont beaucoup moins réalistes, sans doute parce que le peintre n’en a jamais vu de ses yeux.

Tout ce petit monde semble très organisé. La montée dans l’arche se fait dans le calme, ce qui est curieux quand on sait que le Déluge est imminent ! Un chat est même en train de dormir ! Difficile d’imaginer que les chiens résistent à l’envie de courir après les lapins et poules !

Dans cette œuvre, Bassano a surtout souhaité être fidèle au récit de la Bible. Il a bien représenté Noé, sa femme et ses trois fils, Sem , Cam et Japhet avec leurs épouses. Mais il a aussi pris certaines libertés. Par exemple, au lieu d’être des couples, certains animaux comme les moutons ont été peints plus de deux fois. De plus, les lions auraient dû entrer dans l’arche en premier alors qu'ici, ils sont précédés d’un aigle et d’un sanglier.

Ces petites « erreurs » d’interprétation, qui étaient peut être volontaires, n’ont pas empêché l’œuvre de rentrer dans les collections royales espagnoles,  sous le règne de Philippe IV !


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vendredi 25 octobre 2019

n°310
Autoportrait à la fourrure (1500)
Albrecht Dürer



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Œuvre : Autoportrait à la fourrure
Artiste : Albrecht Dürer 
Année : 1500
Technique : Huile sur panneau de bois de tilleul
Epoque : les Temps Modernes
Mouvement : Renaissance allemande
Lieu : Alte Pinakothek, Munich (Allemagne)



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Voici le dernier des trois autoportraits du peintre allemand Albrecht Dürer. Le plus connu,  le plus spectaculaire mais aussi le plus complexe.

Vêtu d’un long manteau de fourrure, Dürer est ici âgé de 28 ans. Le peintre a de long cheveux bruns ondulés, une barbichette et une moustache. Le fond noir, les tons sombres contrastent avec la grande lumière qui illumine son visage.
Il fait face au spectateur  et laisse voir son corps en buste, une position peu courante à  une époque où les portraits sont de profil ou de trois-quarts. La position frontale était surtout  réservée aux rois figures religieuses. Cette frontalité et son regard très perçant lui donnent beaucoup de prestance et une attitude très charismatique.  Cela contraste avec  son visage assez rigide, neutre, et sans expression particulière qui souligne la maturité du jeune homme.

Des tons sombres, des cheveux longs ondulés, une barbe, un regard pénétrant… Tout cela paraît très symbolique, voire … religieux. En regardant bien, il nous fait même penser à quelqu’un…
C’est bel et bien ce qui fait de cet autoportrait l’une des œuvres les plus connues de la Renaissance allemande, c’est l’énorme ressemblance du peintre avec … Jésus-Christ !

Personne ne sait vraiment à quoi ressemblait Jésus Christ de son vivant, Mais depuis le Moyen Âge (et encore aujourd’hui), on représente le visage du Christ ainsi : une courte barbe, une moustache et des longs cheveux bruns.
Tout est fait pour que ce tableau ressemble à une œuvre religieuse : la position frontale du peintre, la symétrie du tableau (son corps forme une pyramide), et sa main tenant son manteau qui rappelle une bénédiction du Christ.

De chaque côté de son visage, deux inscriptions dorées sont mises en valeur par le fond noir. A gauche apparaissent les initiales A.D. du peintre sous la forme d’un monogramme, ainsi que l’année 1500. A droite peut se lire une phrase qui peut être traduite comme suit : "Moi, Albrecht Dürer de Nuremberg, j’ai ainsi créé, à l’âge de 28 ans, mon portrait dans les couleurs qui me caractérisent."

Difficile de dire si, à l’origine, cette ressemblance avec le Christ était volontaire ou non. Sûrement… A la même période, Dürer réalise deux œuvres religieuses où le Christ a une pose et une expression similaire à cet autoportrait.
Certains pensent qu’en tant qu’artiste, il se compare à Jésus en tant que créateur. Une autre interprétation veut que le tableau soit une manière de reconnaître que ses talents artistiques lui ont été donnés par Dieu. Enfin, d’autres pensent que le peintre était tout simplement très orgueilleux et un  peu narcissique !
Finalement, c’est peut-être un peu de tout ça à la fois… !




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mercredi 23 octobre 2019

n°308
Portrait de femme (La Belle Ferronnière) (env 1495)
Léonard de Vinci



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Œuvre : Portrait de femme,  dit à tort "La Belle Ferronnière"
Artiste : Léonard de Vinci 
Année : env 1495
Technique : Huile sur panneau de bois de noyer
Epoque : les Temps Modernes
Mouvement : la Renaissance
Lieu : Musée du Louvre (Paris)



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Léonard de Vinci est sans doute le plus grand génie de notre histoire, en tout cas le peintre le plus connu. Tout le monde connaît au moins un tableau de lui, souvent la Joconde. On connaît beaucoup moins ce Portrait de femme, appelé à tort « La Belle Ferronnière ». Nous allons voir que, bien qu’ayant de nombreuses similitudes avec le mythique Portrait de Mona Lisa, ce Portrait de femme est l’anti-Joconde !

Travaux d'analyse (ici par fluorescence X)
et de restauration de l'oeuvre en 2013.
Comme la Joconde, ce portrait comporte lui aussi une grande part de mystère. On ne sait rien des conditions de sa réalisation.  Il s’agit de l’un des tableaux de Léonard de Vinci pour lesquels nous possédons le moins d’informations. Ces dernières années, le tableau fut restauré et analysé avec les derniers outils scientifiques : infrarouge, rayons X, radiographie… On a pu en savoir un peu plus mais il reste de nombreux points d’interrogation.

- Qui a peint ce tableau ? L’œuvre n’est même pas signé et il n’existe aucune preuve qu’il s’agisse bel et bien d’un tableau de Léonard de Vinci. Toutefois, les spécialistes sont aujourd’hui d’accord car des analyses ont montré que le support en bois sur lequel est peint le portrait, est issu du même arbre qu’un autre tableau de Vinci « La Dame à l’hermine ». Au moins, le tableau est issu de l’atelier du peintre mais on ne saura jamais s’il a été peint de ses propres mains.
La "véritable" Belle Ferronnière,
 maîtresse de François Ier
et épouse d'un certain Le Ferron

- Comment s’appelle ce tableau ? On a longtemps appelé la toile « La Belle Ferronnière » mais c'est une erreur : ce nom désigne un autre tableau de Léonard de Vinci qui représente l’une des maîtresses de François Ier ! C’est le peintre Ingres qui a l’origine de cette confusion entre les deux œuvres du peintre. Bien qu’on ait depuis corrigé l’erreur (on l’appelle sobrement « Portrait de femme »), le titre erroné est resté dans la mémoire et beaucoup nomment encore à tort ce tableau « La Belle Ferronnière »

- Où a –t-il été peint ? Quelle année ? Impossible de le savoir avec certitude. Les historiens s’accordent pour dire qu’il aurait été peint lorsque De Vinci vivait à Milan, entre 1483 et 1499, probablement à la fin de cette période, soit vers 1495. On ignore quand et comment le tableau s’est retrouvé cent ans plus tard dans les collections du roi de France. Le peintre l’a-t-il offert à François Ier ? A-t-il été apporté de Milan à Amboise sur ordre de Louis XII ? Mystère!

Qui est la jeune femme ? Comme on l’a dit, on a longtemps cru, par confusion, qu’il s’agissait de la maîtresse du roi François Ier.  Aujourd’hui, comme la Joconde, on ne connaît pas exactement l'identité du modèle. Deux hypothèses existent. Certains pensent reconnaître un portrait de Lucrezia Crivelli, la maîtresse de Ludovico Sforza (qui était duc de Milan et mécène de l’artiste).  D’autres y voient le portrait de la femme de celui-ci, Béatrice d’Este.

La jeune femme est représentée vu de trois-quarts. Elle porte un costume à l’espagnol, très à la mode dans la cour de Milan. Ses cheveux sont plaqués et mettent en valeur la forme de son visage. Elle est coiffée d'un bonnet très discret. Son front est habillé d’un petit bijou qu’on appelle… une ferronnière (d’où la confusion !). Elle est debout derrière une sorte de parapet qui cache ses mains.

La Joconde est célèbre pour son sourire et son regard bienveillant, plein de douceur. A l'opposé, l'attitude de cette jeune femme est bien plus sombre et provocante. Menton baissé, pas de sourire et regard appuyé, elle semble sûre d’elle, à la limite de l’insolence.  Alors que la Joconde nous semble nous observer quel que soit l’angle où on l’admire, le regard de cette femme est encore plus complexe. Impossible de savoir si elle nous regarde ou si au contraire ses yeux nous évitent.

Un regard mystérieux à l’image de l’histoire de ce tableau. Ce qui est sûr, comme la plupart des œuvres de Léonard de Vinci, c’est que ce portrait n’a pas fini de dévoiler ses mystères.



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dimanche 20 octobre 2019

n°305
Portrait d’Auguste-Gabriel Godefroy
(L’Enfant au toton)
(1741)
Jean Siméon Chardin



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Œuvre :  Portrait d’Auguste-Gabriel Godefroy (L’Enfant au toton)
Artiste : Jean Siméon Chardin 
Année : 1741
Technique : Huile sur bois
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Rococo
Lieu : Musée d'art de São Paulo - Assis Chateaubriand (MASP) - (Brésil)

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Jean Siméon Chardin n’est pas le peintre le plus connu du XVIIIème siècle mais, à sa manière, il fait partie de cette catégorie de peintre qui par leur style et leur audace, ont marqué leur époque.
Bien qu’il soit souvent considéré comme un  peintre rococo, un mouvement artistique en plein boum à cette époque, il se détache pourtant des autres peintres de son temps par un style bien à lui que l’on pourrait nommer « La peinture ordinaire ».

En effet, Chardin s’est fait la spécialité de peintre le quotidien, l’ordinaire, des familles riches, bourgeoises mais aussi le quotidien pas toujours rose des familles plus modestes et des paysans. Sa peinture est simple, sans chichi et sans mise en scène.

Portrait de Charles-Théodose Godefroy
Ce portrait représente le petit Auguste-Gabriel Godefroy. C’est sans doute son père, Charles Godefroy, joaillier et banquier de la haute-bourgeoisie, qui commanda au peintre cette toile. Quelques années plus tôt, Charles Godefroy lui a déjà commandé le portrait de son fils aîné Charles-Théodose tenant un violon.

L’enfant est debout, immobile, devant  le plateau en creux d’une chiffonnière dont le tiroir, entrouvert laisse dépasser un porte-craie. L’enfant a repoussé ses livres d’écolier, son papier et son encrier.
Il est très concentré sur son toton dont la position montre qu’il va bientôt tomber. Le toton est une toupie d'ivoire qu'on lance au-dessus d'un tableau de nombres avec l'espoir qu'elle s'arrêtera sur celui qu'on avait souhaité. Le jouet est le seul élément dynamique de la toile.

L’attitude naturelle du garçon, son petit sourire amusé et le fait qu’il ne regarde pas le spectateur, montrent qu’il n’y a aucune mise en scène. C’est cette sincérité et cette simplicité qui feront le succès de ce tableau.
Le peintre ne cherche pas à raconter une histoire, ni faire passer un quelconque message. Il s’agit là d’un simple moment de vie, innocent, plein de tendresse.

Première version du tableau, au Musée du Louvre
On dit que c’est le peintre qui demanda à son modèle de jouer au toton dans l’espoir que cet enfant agité resterait calme le temps de faire son portrait. Une stratégie efficace : l’enfant resta calme et silencieux longtemps, sans doute aussi parce qu’il n’avait pas le droit de jouer à cette heure où il était censé étudier !

En montrant un enfant absorbé dans son monde de jeux et de rêves, l’œuvre  est aussi le témoignage du siècle des Lumières durant lequel les adultes accordent plus d’importance au monde de l’enfance et à l’éducation.

Le tableau original commandé par la famille Godefroy se trouve au musée du Louvre tandis que la deuxième version, quasiment identique, réalisée quelques années plus tard est exposée au Musée d’art de São Paolo, au Brésil.




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dimanche 6 octobre 2019

n°303
La Dame à la Licorne (La Vue) (env 1500)



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Œuvre : La Dame à la Licorne  (La Vue)
Artiste : inconnu
Année : vers 1500
Technique : Tapisserie
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Pré-Renaissance
Lieu : Musée national du Moyen Âge-Thermes et Hôtel de Cluny, (Paris)

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Avant d’être une créature en vogue à la queue arc-en-ciel, la licorne est un animal légendaire très ancien puisqu’elle apparaît dans certains récits de la mythologie grecque, donc depuis l’Antiquité. La licorne est un animal magique, symbole de puissance (la corne) et de pureté (sa blancheur).

A la fin du Moyen-âge, à l’aube de la Renaissance,  la mythologie grecque, justement, retrouve un regain d’intérêt dans l’art. On se passionne notamment pour les récits mythiques et la Grèce antique. Ce chef d’œuvre en est le témoignage.


La Dame à la Licorne est un ensemble complet de six tapisseries mesurant chacune plus de trois mètres de côté, et qui illustrent les cinq sens (le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue) ainsi qu’un sixième sens qui serait « le Cœur ».
Chaque tapisserie met en scène une Dame ainsi qu’une licorne, sur un tapis entourés d’arbres :
- Le toucher : la dame tient la corne de la licorne ainsi que le mât d'un étendard.
- Le goût : La Dame s’apprête à nourrir l’oiseau qu’elle tient dans sa main droite
- L’odorat : La Dame confectionne une couronne de fleurs. Derrière elle, un singe sent le parfum d’une fleur.
- L’ouïe : La Licorne écoute attentivement la Dame jouant de l’orgue.
- La vue : La Dame tient un miroir dans lequel la Licorne se contemple.
- Le cœur : La dame se défait du collier qu'elle portait dans les autres tapisseries et le pose dans son coffret à bijoux. Derrière elle, la phrase « A mon seul désir » est inscrite sur la tente bleue.


Le toucher
Le goût
L'odorat
L'ouïe
La vue
Le coeur / "A mon seul désir"

Les six tapisseries mettent en scène les mêmes personnages : la dame, la licorne mais aussi des fleurs et d’autres animaux fabuleux (un lion, un singe…), des arbres (locaux et exotiques), le tapis, les étendards... le tout devant un décor millefleurs (composé de milliers de petites fleurs).

On sait peu de choses sur l’origine de ses tentures. Elles auraient été tissées dans l’actuelle Belgique entre 1484 et 1538. Sans qu’on en soit sûr, et en se fiant aux armoiries présentes sur les œuvres, il s’agirait d’une commande de Jean IV Le Viste, un noble magistrat originaire de Lyon, proche du roi Charles VII, qui fut notamment Président de la Cour des Aides de Paris, une institution qui gérait les affaires liées aux impôts des français.

Les œuvres n’ont été redécouvertes qu’au XIXème siècle, au  château de Boussac, dans la Creuse, dans un piteux état. C’est l’écrivaine George Sand qui grâce à sa notoriété a sensibilisé le grand public et a contribué à leur sauvegarde.
Quant à l’interprétation de l’histoire qu’elles racontent, de nombreuses hypothèses existent. L’une d’entre elles suggère que les six œuvres représentent un chemin vers l’esprit, du matériel vers l’abandon de soi. Tout un programme !

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vendredi 16 août 2019

n°293
Pierrot (Gilles) (1718)
Antoine Watteau



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Œuvre :  Pierrot (autrefois Gilles)
Artiste : Antoine Watteau  
Année : vers 1718
Technique : Huile sur toile
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Rococo
Lieu :  Musée du Louvre (Paris)


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Ce Pierrot au regard énigmatique est la toile la plus connue du peintre rococo Antoine Watteau. Pleine de mystère, c’est aussi celle dont ne sait absolument rien !

Le tableau est découvert presque un siècle après la mort du peintre. Il aurait été trouvé par hasard chez un brocanteur parisien qui avait toutes les difficultés pour le vendre. Pour s’en débarrasser, Celui-ci aurait même écrit sur la toile « Achetez-moi, je suis là tout seul ».
On ignore tout de sa conception et de sa réalisation. Du vivant de l’artiste, cette toile monumentale n’a jamais été vue dans l’atelier de Watteau, pourtant très visité. On ne sait pas non plus à quelle date précise il a été peint, ni en combien de temps, ni pour qui. Watteau ayant l’habitude de peindre sur de petits formats, celui-là est exceptionnellement grand (presque deux mètres de hauteur), les personnages y sont peints presque grandeur nature. Enfin, personne ne sait qui est le modèle qui incarne le Pierrot au centre de la toile. La taille exceptionnelle du tableau et sa technique plus nette et précise que d’habitude, ont fait penser que la toile pouvait être aussi utilisée comme affiche de théâtre, à moins qu’il s’agisse de  l'enseigne du café de l'ancien acteur Belloni (peut être l’homme qui a servi de modèle au Pierrot).

Le thème de ce tableau est le théâtre, la véritable passion de Watteau. Pierrot est un personnage emblématique de la Commedia dell’Arte, un genre de théâtre italien très populaire au XVIIème et XVIIIème siècle. C’est un théâtre qui a la particularité de n’avoir aucun texte écrit, tout est donc improvisé. La Commedia dell'Arte est surtout célèbre pour ses personnages masqués très proches du peuple : des valets, des domestiques qui se moquent volontiers de leurs maîtres, c’est-à-dire des riches et des bourgeois.

- Pierrot (que l »’on appelait Gilles autrefois) est le personnage central de la toile. C’est un jeune valet au costume blanc et de sa de sa traditionnelle collerette. Il plait aux servantes dont il peut tomber amoureux. Contrairement à l’usage il n’est pas au centre du tableau mais légèrement décentré sur la gauche. Certains y ont vu une audace du peintre. En réalité, la toile a été raccourcie à sa gauche ce qui a décalé le personnage.
- A gauche du tableau, sur l’âne, apparaît le Docteur, un vieillard ridicule vêtu d’un long costume et d’un masque noirs. Il n’a aucune connaissance en médecine et fait semblant de parler latin. Il est souvent la cible des moqueries et des tromperies.
- A droite, couchés, on aperçoit les amoureux bourgeois, Lélio et Isabella. Ils sont sérieux et ne portent pas de masques.
- Enfin, à l’extrême droite, le capitaine Matamore vêtu de son costume rouge. L’épée à la main, il symbolise la guerre. En réalité, c’est un poltron   qui tremble à la simple idée de se battre.
- Une statue faisant sûrement partie d’un décor de théâtre fait son apparition. Il s’agit d’une représentation du diable.

La force de ce tableau est dans l’expression des personnages, plus particulièrement celle de Pierrot. Il apparaît comme un amuseur triste, immobile, sans action. Il est songeur et plein de poésie. L’attitude mélancolique du personnage ajoute encore plus de mystère au tableau.
Beaucoup voient en ce pierrot un portrait psychologique de l’artiste. La présence énigmatique du clown, solitaire et incompris, hantait l’imagination de Watteau qui peut-être s’identifiait à lui. Le peintre était malade de la tuberculose. Condamné, il mourut deux ans plus tard.



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jeudi 8 août 2019

n°285
L'analyse (1666)
Adriaen Van Ostade



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Œuvre : L'analyse
Artiste : Adriaen Van Ostade  
Année : 1666
Technique : Huile sur toile
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Âge d'Or de la Peinture néerlandaise
Lieu : Petit Palais (Paris)

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Au XVIIème siècle, durant la Renaissance, les hommes s’intéressent au fonctionnement du corps humain mais les connaissances en médecine moderne sont encore presque inexistantes. En effet, l’Eglise interdisait la dissection et l’observation  de cadavres humains qui permettait pourtant aux médecins de faire de grands progrès notamment dans la connaissance de l’anatomie.
Pour soigner les malades, on se repose encore sur des théories élaborées durant l'Antiquité. On pratique des saignées, des lavements et des régimes qui avaient souvent pour conséquence d’affaiblir encore plus les malades. Quant à la chirurgie, elle était pratiquée par des coiffeurs et barbiers, sans aucune règle d’hygiène bien sûr !

Cette peinture, du peintre flamand Adriaen Van Ostade,  reprend ce thème de la médecine. En effet, L’analyse  représente un médecin en train d’examiner un flacon … d’urine !
Dans la peinture hollandaise du XVIIème, l’examen d’un flacon d’urines servait à représenter les médecins, souvent de manière satirique, en les assimilant à des charlatans. A l'époque, on se méfiait des médecins, beaucoup d'entre eux vendaient des élixirs et des potions soi-disant miraculeux pour s’enrichir. On distinguait même les bons et les mauvais médecins en fonction de leur costume plus ou moins fantaisiste.  Le personnage du tableau est donc caricatural afin qu’il soit bien identifié.

Dans cette toile, le regard sérieux et concentré du personnage, son costume noir et son chapeau montrent le sérieux de ce médecin. Le tapis oriental et ses vêtements nous indiquent qu’il vit de manière aisée. Beaucoup pensent qu’il s’agissait d’un portrait du médecin du peintre. C’est un bon scientifique, il a préalablement consulté son herbier, resté ouvert sur la table. Assis à sa table de travail, l’homme soulève une fiole d’urine devant ses yeux pour l'examiner à la lumière du jour.  Il s’apprête à écrire les conclusions de son analyse sur une feuille encore blanche.

Au XVIIème siècle, la peinture était essentiellement religieuse, ou s’inspirait de la mythologie grecque, Renaissance oblige. Van Ostade avait lui fait le choix de peindre des scènes de genre de la vie paysanne, à la manière de  Bruegel l'Ancien un siècle plus tôt. Il peint des écoliers, des paysans, des commerçants ou simplement des groupes de fumeurs. Sa peinture est un véritable témoignage de cette époque.



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mardi 30 juillet 2019

n°276
La cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux (1555)
Postnik Yakovlev & Ivan Barma



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Œuvre : La cathédrale de l'Intercession-de-la-Vierge connue sous le nom de La cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux (ou Sainte-Basile)
Artiste : Postnik Yakovlev et Ivan Barma (présumés) 
Année : 1555
Technique : Eglise orthodoxe
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Architecture moscovite
Lieu : Place rouge de Moscou (Russie)

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Elle est LE monument far de Moscou. Véritable symbole de l’architecture russe orthodoxe, la cathédrale de l'Intercession-de-la-Vierge que l’on connaît mieux sous le nom de cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux (ou Sainte-Basile), domine la célèbre Place Rouge de Moscou, en Russie, au pied du Kremlin.

Elle aurait été érigée de 1555 et 1561 par deux maîtres architectes Postnik Yakovlev et Ivan Barma, sous l’ordre du tsar de l’époque Ivan IV, surnommé Ivan le Terrible, en l’honneur de la victoire contre le Kremlin de Kazan, célébrée le jour de l'Intercession de la Vierge.
Selon une célèbre légende, Ivan le Terrible aurait été tellement ébloui par cette cathédrale qu’il ordonna qu’on crève les yeux des deux architectes pour qu’ils ne puissent pas reproduire une œuvre aussi magnifique, ni aucune autre. Mais c’est sans doute une invention puisque Postnik construira d’autres cathédrales par la suite.

Le tombeau de Saint-Basile
Haute de 65 mètres, son architecture est unique. Il s’agit de neuf chapelles réunies par des galeries, construites sur un soubassement qui était utilisé pour cacher le trésor du tsar. Huit chapelles - quatre axiales et quatre plus petites - sont couronnées d’un clocher à dôme (ou « bulbe ») qui entourent un neuvième clocher, plus gros, en plein centre, qui les surplombe. Une dixième chapelle a été érigée par la suite, sur le côté, et abrite le tombeau de Saint-Basile, un adorateur du Christ que connu Ivan le Terrible. On dit que Saint-Basile que le tsar craignait.
Chaque bulbe a des motifs et des couleurs différentes. Chaque chapelle est sous la protection d’un saint et commémore une victoire russe.

L’architecture de la cathédrale n’a cessé d’évoluer au fil des siècles. Au départ, la décoration extérieure de la cathédrale était en bois puis en briques rouges. Très vite, suite à un désastreux incendie, les fameux bulbes ont été installés. Ils n’ont été peints qu’en 1670. D’autres travaux de réparation et de décoration ont été réalisés par différents architectes depuis.

La cathédrale a une longue histoire derrière elle et fut menacée de démolition à plusieurs reprises. En 1812, quand les troupes françaises ont quitté Moscou, elles voulaient dynamiter la cathédrale Saint-Basile, mais elles n’en eurent pas le temps.
À la fin des années 1920, la cathédrale devait être détruite : le jeune pouvoir soviétique était gêné par la présence d’un « lieu de culte » en plein centre-ville. Finalement, elle ne fut pas détruite mais le pouvoir soviétique décida de faire fondre toutes les cloches en bronze. Il ne reste qu’une seule cloche d’origine aujourd’hui.

Monument majeure de l’histoire russe, la cathédrale, qui abrite aujourd'hui un musée, fit son entrée en 1990 au patrimoine mondial de l’UNESCO.



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lundi 29 juillet 2019

n°275
La Tour de Babel (1563)
Pieter Bruegel, l'Ancien



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Œuvre :  La Tour de Babel
Artiste : Pieter Bruegel, l'Ancien 
Année : 1563
Technique : Huile sur panneau de chêne
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Renaissance flamande
Lieu : Kunsthistorisches Museum, (Vienne, Autriche)


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Si on ne devait garder qu’une seule qualité au travail du grand maître flamand de la Renaissance,  Peter Bruegel l’Ancien, c’est son perfectionnisme, son souci du détail. Chacun de ses tableaux peut être contemplé pendant des heures tellement il y a de choses à voir. Sa très célèbre Tour de Babel ne fera pas exception.

Peinte en 1563, il nous raconte à travers cette toile l’épisode de la tour de Babel, un célèbre récit de la Bible, issu de l’Ancien Testament, qui raconte l’origine des langues.
Peu après le Déluge et l’Arche de Noé, tous les hommes parlaient la même langue. Ils s'étaient regroupés sur une plaine dans le pays de Shinar, au Moyen-Orient ne voulant pas être dispersés sur la surface de la Terre. Là, Ils eurent  l'idée de bâtir une ville et une tour tellement grande qu'elle toucherait le ciel. Dieu, mécontent, donna à chaque homme qui construisait la tour, une langue différente afin qu'ils ne se comprennent plus, et les dispersa sur toute la surface de la Terre. La construction cesse car aucune cohésion n'était plus possible entre eux. La tour resta inachevée et finit par s’écrouler. La ville, nommée Babel,  devint le symbole de l'orgueil des hommes, car ils voulaient être comme Dieu.

La Tour de Babel de Bruegel est assez fidèle au récit biblique. On peut voir  une immense ville peuplée et une tour inachevée, touchant les nuages pour suggérer sa grande taille.  Les hommes paraissent d'ailleurs minuscules à côté d'elle.



Suite au voyage qu’il avait effectué en Italie quelques années plus tôt, le peintre s’inspire du Colisée de Rome pour la construction de sa tour. Chaque étage est plus petit que le précédent, créant une spirale, la tour s’inspirant sans doute de la tour Malwiya, tour d’une mosquée du IXème siècle.
Si l’architecture de la tour est très précise, elle n'en reste pas moins absurde car elle semble composée d'un étrange réseau de galerie qui ne mènent à rien.

Bruegel représente le premier roi de la Terre, Nemrod, accompagné de l'architecte de la tour. Les tailleurs de pierre se prosternent devant lui. D'autres ouvriers poursuivent leur tâche. Les personnages sont habillés comme des flamands du XVIème siècle et non comme à l’époque du récit.
Au pied de la tour, le chantier est très actif et peint de façon très réaliste. Les matériaux sont acheminés vers le sommet. Des grues sont utilisées pour les blocs de pierre les plus massifs. Des échelles et des échafaudages se dressent un peu partout.  Le peintre s’est vraisemblablement inspiré des chantiers de construction des cathédrales gothiques.

La Petite Tour
La ville est très dense et sûrement très peuplée. Avec son immense port, elle ressemble à l’ancienne ville d’Anvers où le peintre vivait à l’époque. Le port montre de nombreux navires qui apportent les matériaux de construction. Des chevaux attelés attendent leur chargement. . Tout cela donne renforce le dynamisme du tableau.

La Tour de Babel a été peinte pour le banquier d’Anvers, Nicolaes Jonghelinck ,  l’un des meilleurs clients de Bruegel, qui possédait pas moins de 16 de ses tableaux.  Le peintre a réalisé trois tableaux de la Tour de Babel. Deux seulement nous sont parvenus. Celui-ci que nous surnommons la Grande Tour et un autre de taille plus modeste, peint en 1568, surnommé la Petite Tour.




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