En savoir +
Lorsqu’on évoque Pablo Picasso, on pense bien évidemment aux toiles si particulières de cet artiste peintre. Mais à la fin de sa vie, il fut également le modèle de quelques grands noms de la photographie dont le photojournaliste hongrois Robert Capa.
Robert Capa est surtout célèbre comme photographe de guerre. Cet été-là, il revient de son voyage en Israël où il s’est pris une balle dans la cuisse, lors de l'attaque du navire Altalena par l'armée régulière israélienne. Capa a pris un grand nombre de clichés de Picasso dans son existence, mais l’été 1948 fut celui où il accompagna Picasso dans la quasi-totalité de son vie privée, alors qu’il était censé « se reposer ».
Capa réalise ce cliché dans le cadre d’un reportage photo pour le magazine Look qui souhaite rédiger un article sur le peintre. Les clichés sont publiés en noir et blanc pour des questions économiques. Mais les photographies d’origine sont en couleurs. Une photo couleur de Picasso jouant dans l'eau avec son fils Claude à Vallauris, issue du même reportage, en témoigne.
Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Picasso ne se laisse guère photographier. Après la libération , Picasso était un peintre connu dans le monde entier, notamment grâce à Guernica. Il devient le symbole de la résistance et suscite l’intérêt des médias.
Le peintre décide alors de prendre le contrôle de son image et accepte volontiers de prendre la pose en soignant ses apparitions. Il met en scène sa vie privée où il se montre aimant avec sa compagne et bon père avec ses jeunes enfants.
Cette photo en est le parfait exemple. Elle met en scène Françoise Gilot, au premier plan, qui fut la compagne du peintre de 1944 à 1953. Picasso n’apparaît qu’au second plan mettant davantage sa compagne en valeur que lui-même. L’homme qui les suit est le neveu de Picasso, Javier Vilato. Nous sommes sur la plage de Golfe-Juan, une station balnéaire de la Côte d’Azur.
La photographie est légère, heureuse et ensoleillée. Malgré le noir et blanc, on imagine le temps ensoleillé de cette belle journée d’été. Une photo qui respire le bonheur, seulement trois ans après la fin de la guerre.
Françoise Gilot, qui est elle-même peintre et dessinatrice, avait quarante ans de moins que Picasso. Sur la photo, celui-ci se montre galant avec sa compagne, la protégeant du soleil en tenant un parasol. Il semble presque être son serviteur.
Pourtant, la réalité était tout autre. Picasso était connu pour son caractère exécrable, pour sa jalousie et sa cruauté envers son entourage. Picasso disait qu’il n’était cruel qu’avec les gens qu’il aimait. A cette phrase, Françoise Girot ajoutait : « Et j’ai été très aimée… ».
Leur quotidien n’avait rien à voir avec le sentiment dégagé par cette photographie : « Il était amusant, ludique, intelligent, authentique, et insupportable. En définitive, je n’ai été heureuse avec lui que les trois premières années, quand nous ne vivions pas ensemble. » racontait Françoise Girot.
Cette photographie est donc un peu surréaliste. Au fond, son neveu savoure d’ailleurs cette scène unique. Des années plus tard, Françoise Gilot affirma que la capture de ce moment facétieux n'avait été possible que parce que Capa était un ami.
Télécharger et imprimez la fiche repère :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire