mercredi 29 août 2018

n°223
Le Groom (Le Chasseur) (1925)
Chaïm Soutine



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Œuvre : Le Groom (Le Chasseur)
Artiste : Chaïm Soutine  
Année : 1925
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Expressionnisme
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)




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Le moins que l’on puisse dire en voyant ce Groom, c’est qu’il n’a pas l’air très heureux. Peut être à l’image de son créateur, le peintre russe Chaïm Soutine. Depuis qu’il habite à Paris, Soutine a connu un immense succès. Malgré cela, c’est un peintre timide, simple et assez malheureux.

Le Groom est l’un des tableaux de Soutine démarrant une longue série de toiles sur des personnages anonymes. Il peint en particulier des employés de maison et d’hôtels (groom, portiers, valet de chambre, pâtissier…), des employés pauvres travaillant pour les riches. Il met en lumière des personnages que l’on côtoie tous les jours mais que l’on ne remarque pas. En les peignant, Soutine ne veut pas les flatter. Il veut simplement qu’on ait plus de tendresse pour ces personnages.

Lorsque l’on observe cette toile, on ressent la vie dure de ce groom.  Son corps est chétif, son visage est blanc, vieilli prématurément. Il a presque l’air malade. Il regarde dans le vide et semble abattu, déprimé. Sa silhouette est très géométrique, presque déformée : les épaules sont creusées, les mains bouffies. Le personnage ressemble presque à une marionnette, un pantin désarticulé.
Il cherche à cacher sa tristesse et sa fatigue par une position plutôt fière et robuste. Devant son hôtel, il est prêt à se remettre au travail et accueillir les visiteurs du soir.

Soutine a l’habitude d’utiliser peu de couleurs dans ces tableaux. Ici, le personnage est accentué par le rouge écarlate de son uniforme, qui contraste avec le teint pâle de son visage et le fond noir à peine mis en relief par quelques touches de blanc.

Ces couleurs, ainsi que sa manière de peindre assez violente, contribuent à mettre en valeur le personnage avec tous les maux qui l’habitent. Ce Groom est un personnage fictif. En réalité, le modèle était un chasseur employé du célèbre restaurant Chez Maxim's. Mais cela n’enlève rien au réaliste de la toile car elle témoigne de la dure vie de certains métiers. A moins qu’il n'illustre que la dépression de son auteur, comme s'il s'agissait d’un autoportrait…


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lundi 27 août 2018

n°222
L'homme qui court (Sensation du danger) (1930)
Kasimir Malevitch



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Œuvre : L'homme qui court (Sensation du danger)
Artiste : Kasimir Malevitch  
Année : 1830
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Suprématisme
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)




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"Quadrangle" (Carré noir) (1923)
Dès les années 1910 , le peintre russe Kasimir Malevitch révolutionne l'art abstrait grâce à des peintures minimalistes aux motifs géométriques, tel que son Quadrangle, un simple carré noir sur fond blanc. Le peintre nomme son style le « suprématisme », qui prône la simplicité et la pureté dans la peinture.

L’homme qui court, qu’il peint à la fin de sa vie, semble donc être à l’opposé des toiles qu’il peint habituellement. Ce virage à 180 degrés s’explique simplement, par le contexte politique de l’époque.

Dans les années 1920, après la révolution bolchévique, le climat politique est tendu en Russie. Le pouvoir soviétique, en particulier Joseph Staline, critique l’art abstrait jugé trop « bourgeois ». La liberté de peindre devient de plus en plus restreinte. En 1929,  le pouvoir communiste impose aux artistes un seul courant artistique, le réalisme socialiste. Les autres courants artistiques sont alors interdits, car considérés comme « dégénérés ». Ainsi, les artistes étaient dans l’obligation de peindre des œuvres très figuratives,  représentant des travailleurs, des militants et des combattants, dans des postures héroïques, peindre une réalité idéalisée qui mettaient en valeur leur pays. Les artistes n’étaient pas les seuls à être persécutés. Les paysans, eux, étaient forcés de travailler la terre s’ils ne voulaient pas être déportés.

Le travail de Malevitch n’échappe pas à cette nouvelle politique. Son travail est jugé « incompréhensible » par le gouvernement et par la presse. En conséquence, ses œuvres sont confisquées et il lui a été interdit de créer et d'exposer des œuvres d'art abstraites. Finalement, il se retrouve emprisonné et torturé à la prison de Leningrad.

A sa sortie de prison, Malevitch n’a pas le choix, il abandonne l’art abstrait pour l’art figuratif imposé par le gouvernement. Mais en y laissant un soupçon de provocation.

L’homme qui court s’oppose au pouvoir communiste. Au premier plan, un paysan court dans un champ constitué de bandes colorées dont les couleurs rappellent ses anciennes peintures interdites. Le paysan n’a pas de visage. Le gouvernement lui a enlevé, sa liberté, son identité, sa dignité.
Il tient une grande croix rouge qui rappelle la dimension religieuse de cette souffrance. Le peintre se serait inspiré d’une chanson : «Près de la route, il y a une croix rougie transpercée par les balles des fusils et qui pleure du sang ».
A droite, les deux bâtiments, sans portes ni fenêtres, représentent la prison dans laquelle il était enfermé. Ils encerclent une épée dont la lame est ensanglantée. Elle représente les actes de torture qu’il a subis. C’est bel et bien la menace de l’enfermement que fuit ce paysan.

On est donc bien loin des codes imposés par le gouvernement.  Pourtant Malevitch a respecté la consigne, il a peint la réalité !


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dimanche 26 août 2018

n°221
La Chambre de Van Gogh à Arles (1888)
Vincent Van Gogh



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Œuvre : La Chambre de Van Gogh à Arles
Artiste : Vincent Van Gogh 
Année : 1888
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Post impressionnisme
Lieu : Musée Van Gogh (Amsterdam)




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Voici l'une des œuvres  les plus célèbres du peintre postimpressionniste Vincent Van Gogh. Ce peintre aux multiples vies, a beaucoup voyagé. Le 20 février 1888, il quitte Paris attiré par l'exotisme et le soleil méditerranéen déjà mis en peinture par Paul Gauguin. Il s'installe à Arles où il y découvre la lumière provençale. Il parcourt alors la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits. Il envoie ensuite ses tableaux à son frère Théo à Paris pour les exposer ou les vendre.

Vincent Van Gogh "La maison jaune" (1888)
Le 17 septembre 1888, il s’installe en centre-ville dans la « maison jaune » où il installe également son atelier. Bien qu’il apprécie Arles, Van Gogh aime vivre au sein d’autres artistes,  à la manière du quartier Montmartre à Paris, où il vivait quelques mois auparavant.  Il fait alors appel à Paul Gauguin et l’invite à le rejoindre dans le but de reconstituer une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs expériences et leurs recherches.

En attendant Gauguin, en route pour le rejoindre, Van Gogh va peindre sa Chambre à coucher dans la « maison jaune ».

Vincent Van Gogh
"Paul-Eugène Milliet" (1888)
Vincent Van Gogh
"Eugène Boch" (1888)
Cette chambre est toute simple et bien rangée. C’est la première fois qu’il dispose d’un endroit à lui (auparavant il a surtout vécu dans des auberges) et il est décidé à prendre soin de lui. Van Gogh n’est pas un peintre reconnu et n’a pas beaucoup d’argent. Son frère Théo lui envoie d’ailleurs régulièrement de l’argent. Les meubles sont donc sobres, il ne possède que le strict minimum : un lit, deux chaises, une table avec une cuvette et une cruche d’eau pour la toilette, une serviette suspendue à un clou, à côté d’un miroir. Les tableaux accrochés aux murs sont de lui : un paysage sur le mur du fond, deux portraits (le portrait du peintre Eugène Boch et le portrait de Paul-Eugène Milliet.) et deux dessins sur papier.

Le meuble qui domine le tableau est le lit. Il parait grand et douillet. Il symbolise la chaleur et le confort. Tous les autres meubles paraissent plus petits, et sont représentés par paire. Certains suggèrent que ces paires montrent la volonté du peintre de ne plus être seul.

La maison jaune était une bâtisse assez ancienne. Son architecture irrégulière lui donnait un aspect « tordu ». Cela transparaît dans ce tableau. Les murs des côtés se rapprochent beaucoup vers le fond, ce qui donne une impression de profondeur exagérée à la pièce et en particulier au lit, qui paraît énorme.

Dans une lettre qu’il adresse à son frère, Van Gogh explique qu’il voulait exprimer la tranquillité à travers la simplicité de la chambre mais aussi au choix des couleurs : "les murs lilas pâle, le sol d'un rouge rompu et fané, les chaises et lit jaune de chrome, les oreillers et le drap citron vert très pâle, la couverture rouge sang, la table à toilette orangée, la cuvette bleue, la fenêtre verte", affirmant : "J'avais voulu exprimer un repos absolu par tous ces tons divers".

Mais cette tranquillité ne sera que de courte durée. Quelques jours après, Gauguin arrive à Arles. Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension entre les deux hommes débouche sur une violente dispute en décembre 1888 durant laquelle, Van Gogh, en proie au délire, tente de tuer son compagnon, puis, pour s’auto-punir, se mutile l'oreille, ce qui donnera naissance à un autre de ses tableaux célèbres.

Ce tableau a été abîmé par une inondation. Avant qu’il ne soit restauré, Van Gogh en réalisera une autre copie l’année suivante à la demande de son frère puis une troisième copie qu’il offrira à sa sœur. Les deux autres versions ne sont pas identiques. Les couleurs varient, les portraits cloués au mur sont différents par exemple.
La Chambre à coucher (deuxième version)
septembre 1889 - (Institut d'art de Chicago, Chicago)
La Chambre à coucher (troisième version)
septembre 1889 - (Musée d'Orsay, Paris)
Quant à la Maison jaune rendue célèbre par le peintre, elle fut bombardée durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle n’existe désormais qu’à travers les tableaux du peintre.


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samedi 25 août 2018

n°220
Nageur (Poster des Jeux Olympiques 1984) (1982)
David Hockney



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Œuvre : Nageur (Poster des Jeux Olympiques 1984)
Artiste : David Hockney  
Année : 1982
Technique : Assemblage de 12 photographies, Lithographie offset
Epoque : Contemporaine
Lieu : Affichage public

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En 1982, en plein préparatifs des prochains Jeux Olympiques d’été de 1984 qui auront lieu à Los Angeles, le Comité Olympique décide de lancer une grande campagne de publicité pour promouvoir les Jeux.

A cette occasion, les talents de 15 artistes de renom sont sollicités pour créer une œuvre d’art autour d’un sport emblématique des Jeux Olympiques, dans le but de publier 15 affiches différentes, pour les magazines ou la voie publique. Passer par l’art pour promouvoir un évènement sportif est un moyen pour les organisateurs d’atteindre des publics différents, plus intellectuels. Mais surtout, pour le Comité Olympique, il s’agit de refléter l’état d’esprit du moment « Les années 1980 ont été marquées par le non-conformisme, l'excentricité, l'audace et la joie de vivre ».


David Hockney "Pool / Cameraworks" (1984)
C’est dans ce contexte que le peintre et photographe David Hockney participe à cette campagne pour laquelle il se voit attribuer un sport : la natation. Le choix de ce sport n’est pas du tout un hasard. D’abord il s’agit d’un ensemble de sports emblématiques des olympiades. Mais surtout, c’est un des thèmes favoris de l’artiste.

D’abord peintre reconnu, Hockney se passionne pour la photographie dans les années 1970, en particulier pour les photomontages et les photocollages. Il prend en photo une scène sous différents angles puis place les photographies les unes à côté des autres afin de recréer une image. Il appelle cela les « Joiners ». Pour cet artiste, les « joiners » recréent la perception de l’œil humain. « Notre œil ne capture pas d’un coup l’image entière. On est obligé de regarder plusieurs fois la chose pour ensuite former une image dans notre esprit. »
En parallèle, il s’intéresse au mouvement cubiste. Ces photocollages réalisés à l’aide d’un appareil photo polaroid s’inspirent du mouvement cubiste puisqu’ils rassemblent plusieurs points de vue au sein d’une même image.


Cette photo est très représentative du travail de Hockney. Le point de vue est original puisqu’il est pris vu du ciel. Ce nageur a été photographié plusieurs fois en train de nager. Les douze photos qui composent ce montage ont été assemblées de façon à laisser l’impression de mouvement du nageur, certaines parties du corps apparaissant deux fois.
Le fond de la piscine, composé de courbes bleues qui imitent les reflets du soleil sur l’eau, a été peint par l’artiste lui-même. Cette piscine apparaîtra dans beaucoup de ses œuvres peintes ou photographiées. D’ailleurs le peintre fera d’autres « joiners » à la manière de cette affiche (voir ci-dessus).

L’affiche officielle a été imprimée sur du papier Parsons Diploma en 1982, dans une édition de 750 exemplaires, signée à la main au crayon par l'artiste.


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vendredi 24 août 2018

n°219
Sans titre (Jaune avec cercles II) (1996)
Fiona Rae



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Œuvre : Sans titre (Jaune avec cercles II)
Artiste : Fiona Rae 
Année : 1996
Technique : Huile et crayon sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Expressionnisme abstrait
Lieu : Collection privée de l'artiste



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Bien qu’elle inspire d’autres peintres célèbres comme Pollock ou Richter, les tableaux de Fiona Rae sont assez reconnaissables. Après avoir étudié à l’école des Beaux-Arts au Goldsmith's College de Londres dans les années 1980, elle se fait connaître du milieu artistique grâce à sa participation au Freeze, une exposition de jeunes artistes britanniques à Londres.

Sa peinture a évolué au fil des décennies. De nos jours, ses compositions sont même assistées par ordinateur. Tout un programme ! Mais dans les années 1990, ses tableaux sont très abstraits et très géométriques. A cette époque, elle ne donne pas de nom à ses tableaux à l’exception du nom des couleurs et des formes qui dominent la toile, comme dans ce "Sans titre (jaune avec cercles 2 )"

Pour ce tableau, comme pour beaucoup de ses productions à l’époque, Fiona Rae peint sur un fond presque monochrome, sur lequel elle ajoute une  variété de formes géométriques principalement des cercles et des lignes courbes de différentes tailles qui s’entremêlent.

La couleur dominante est le jaune pâle dans ce tableau mais de nombreuses couleurs apparaissent par petites touches sur les grandes courbes. Fiona Rae utilise une technique très simple. Pour créer ses taches et ses stries de couleurs, elle peint en utilisant des pinceaux (et d’autres outils) très larges sur lesquels elle charge plusieurs couleurs de peinture en même temps, avant de l’appliquer sur la toile.

Pour certaines zones, elle dispose de la peinture assez liquide directement sur la toile. Le tableau peut être retourné plusieurs fois après l'application de peinture, ce qui entraîne des gouttes dans différentes directions. Elle utilise aussi les éclaboussures comme on le voit avec ces quelques petites gouttes noires qui apparaissent en bas du tableau.

Le tableau est assez chargé, tout comme son jumeau "Sans titre (Jaune avec cercles I)" (ci-contre). Selon l’artiste, il ferait allusion à un univers cosmique dans lequel des formes organiques co-habiteraient avec des réactions chimiques en chaîne. Bien évidemment, il s’agit d’une œuvre abstraite. Chacun y voit ce qu’il a envie de voir…




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jeudi 23 août 2018

n°218
El Castillo (Pyramide de Kukulcán) (900)



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Œuvre : El Castillo (Pyramide de Kukulcán)
Artiste : Inconnu
Année : env 900
Technique : Pyramide en calcaire
Epoque : Contemporain
Mouvement : Art maya (précolombien)
Lieu : Chichén Itzá (Mexique)


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Cette pyramide à degrés ne se trouve pas en Egypte mais bel et bien au Mexique. El Castillo (le château) est au cœur d’une ancienne cité archéologique, à Chichén Itzá dans l'État de Yucatán au Mexique. Elle aurait été construite il y a plus de 1000 ans par la civilisation des Mayas Itzá.

La civilisation Maya ayant disparue en ne laissant que peu de traces, il est difficile de savoir avec certitude le rôle et l’utilisation de cette pyramide. Encore aujourd’hui, des archéologues y font régulièrement des découvertes.

Ce qui est certain c’est qu’il s’agit d’un temple religieux en l’honneur de Kukulcán, un dieu serpent à plumes très répandu en Amérique centrale et du Sud à cette époque. Les Mayas ainsi que d’autres civilisations comme les Aztèques ou le Olmèques avaient associé le serpent à plumes avec la croissance du maïs. Les feuilles vertes de la plante ressembleraient selon eux à des plumes de quetzal (un oiseau tropical très coloré) et les épis de maïs aux écailles d’un serpent. Ce dieu est donc rattaché à la terre comme au ciel. D'après la légende, cette créature d'un autre temps aurait disparu depuis plusieurs millénaires et les Mayas s'attendaient à ce qu'elle refasse surface à la fin du monde.

La pyramide mesure 24 mètres sur laquelle un temple de 6 mètres est construit. A la base, chaque côté mesure 55 mètres. Sur chaque face un escalier permet de rejoindre le sommet.

El Castillo démontre à quel point les mayas avaient des connaissances très avancées en astronomie pour l’époque. La pyramide serait construite comme un calendrier solaire.  Le calcul du nombre de faces, plateaux, escaliers et marches donne 365 marches donc 365 jours. La construction du bâtiment a même été planifiée pour qu'aux équinoxes du printemps et de l'automne, l'une des façades à l'ombre donne l'illusion qu'un serpent longe la pyramide jusqu'au sol. Ce phénomène est appelé la " descente de Kukulcán ". D'énormes têtes de serpent ont été installées au bas de l'escalier nord.

Mais El Castillo n’a pas fini de délivrer tous ses secrets, notamment sur ce qu’il y a à l’intérieur de la pyramide. En 2015, grâce aux nouvelles technologies, des chercheurs ont découvert, qu’elle est composée d’un cenote (un gouffre d’eau douce de plusieurs mètres de hauteur) de tunnels menant vers des lacs souterrains. Mais le plus incroyable, c’est qu’elle contiendrait deux autres pyramides plus anciennes, l'une de 20 mètres et l'autre de 10 mètres. Le bâtiment a donc été érigé en au moins trois étapes: trois pyramides construites les unes sur les autres à la manière d’une «poupée russe».

El Castillo ainsi que l’ancienne cité qui l’entoure est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et fait partie des sept nouvelles merveilles du monde.



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mardi 21 août 2018

n°217
Agrigente (1954)
Nicolas de Staël



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Œuvre : Agrigente
Artiste : Nicolas de Staël  
Année : 1954
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Abstraction lyrique
Lieu : Collection privée



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Des couleurs vives, des formes géométriques, ce tableau a tout d’un magnifique tableau abstrait. Mais ce n’est pas tout à fait le cas. Nicolas de Staël est le spécialiste des tableaux mi-abstraits mi-figuratifs, c’est ce qui a fait sa renommée. En fait, ce tableau est un paysage !

Exemples de croquis
réalisés par Staël en Sicile
En 1953, Nicolas de Staël peint depuis déjà plusieurs décennies. Mais le travail de ce peintre peu conventionnel n’est pas reconnu en France et l’artiste souffre de grosses difficultés financières.  Sa notoriété se fera grâce au hasard d’une rencontre avec un marchand de tableaux américain, Theodore Schempp qui passera de nombreuses années à diffuser son œuvre aux Etats Unis. Alors qu’il est boudé par les critiques en France, il va avoir un succès retentissant en Amérique. Un succès qui va lui apporter de l’argent et lui permettre de voyager davantage. 

A la fin de l’été 1953, il part donc dans le Sud de la France puis en Italie, à Agrigente en Sicile, sans son matériel de peinture. La chaleur et les couleurs de ces lieux fascinent le peintre. « Je roule de France en Sicile, de Sicile en Italie, en regardant beaucoup de temples, de ruines ou pas, de kilomètres carrés de mosaïques. » Il visite les musées, se balade dans cette nature méditerranéenne et découvre la culture locale. Un véritable choc esthétique. Le peintre va alors dessiner frénétiquement de nombreux croquis de ce qu’il voit dans un carnet.

De retour en France,  deux mois plus tard, Nicolas de Staël va alors peindre sans relâche une nouvelle série de toiles que l’on appelle les « Agrigente » (Les toiles de cette série sont nombreuses et portent souvent le même nom ou des noms similaires).
Sur ces toiles, il peint de mémoire les paysages siciliens qu’il a vus ou plutôt qu’il a ressentis.  En fait, Staël ne peint jamais ce qu’il voit de manière réaliste mais plutôt avec l’émotion, le ressenti, le coup reçu, l’expérience du moment. C’est ce qui explique les couleurs si particulières de ses paysages.

Comme dans de nombreuses toiles qu’il consacre à la ville d’Agrigente, on reconnaît sur celle-ci le versant d’une colline qui laisse apparaître les quartiers de la ville. Le peintre n'ayant eu recours qu'à sa mémoire, il n'a laissé aucune information sur les lieux exacts qui sont représentés. Il est même probable qu'il ne s'en souvienne pas lui-même, ayant visité toute la région d'Agrigente. Il pourrait même s'agir des montagnes de Raffadali, à côté d'Agrigente. En effet, on peut noter certaines ressemblances entre les formes des collines du tableau et la photo ci-contre.

Toutes les couleurs se touchent ou sont séparées d’une fine lumière blanche ce qui rend (volontairement) difficile la « lecture » du tableau. Le ciel sombre (marron) laisse penser qu’il s’agit d’un paysage nocturne mais l’artiste est si libre dans le choix de ses couleurs que rien ne permet de l’affirmer !

"Agrigente"
 (une autre toile de Staël de la même série)
Staël va peindre beaucoup, et rapidement. Il utilise parfois une technique de peinture au couteau, qui laisse apparaître des marques, comme dans le triangle violet sur cette toile.
Il peint tellement que Rosenberg, qui organise sa prochaine exposition, lui demande d’arrêter car il a suffisamment de tableaux pour sa prochaine vente. Très vexé, il n'assiste même pas au vernissage de sa propre exposition du 9 février 1954, chez Rosenberg, qui pourtant vend tous les tableaux.



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lundi 20 août 2018

n°216
Tablette de plainte à Ea-nasir (1750 av JC)



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Œuvre : Tablette de plainte à Ea-nasir
Artiste : Inconnu
Année : 1750 av JC
Technique : Gravure sur tablette d'argile
Epoque : Antiquité
Mouvement : Art mésopotamien
Lieu : British Museum (Londres)


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Souvent, ce n’est ni la beauté ni la difficulté de réalisation qui fait une œuvre d’art. Parfois, l’histoire atypique d’un objet suffit. C’est le cas de cette tablette d’argile légèrement abîmée qui mesure un peu moins de 12 cm de hauteur.

Durant l’Antiquité, la Mésopotamie (aujourd’hui l’Irak) était habitée par des civilisations puissantes et très avancées. Les Mésopotamiens auraient même inventé l’écriture. Bien sûr à cette époque, ni papier ni crayon, on communiquait à l’écrit en gravant sur des tablettes d’argile. L’écriture était elle aussi très différente d’aujourd’hui. On utilisait l’écriture cunéiforme depuis 3400 av JC, un système d’écriture assez complexe composé de traits terminés en forme de coins où chaque signe correspond à une syllabe.

Cette tablette a été retrouvée dans les ruines d’Ur, une des plus importantes villes de la Mésopotamie. Il s'agit en fait une lettre de plainte d’un client prénommé Nanni, adressée à un marchand nommé Ea-Nasir. En 1750 av JC, Ea-Nasir vendait du cuivre qu’il allait chercher par bateau dans le Golfe Persique pour le revendre  en Mésopotamie. C’est dans ce contexte qu’il aurait accepté de vendre des lingots de cuivre à Nanni. Celui-ci envoie son serviteur avec l'argent pour finaliser la vente. Toutefois, le cuivre qu’il souhaite acheter est de mauvaise qualité. De plus, le serviteur aurait été accueilli de manière grossière et avec mépris par Ea-Nasir. La transaction est alors annulée. En réponse, Nanni fait rédiger cette plainte pour Ea-Nasir. En plus des faits, Nanni déclare qu’il n'a pas accepté le cuivre et souhaite être remboursé.

Voici le texte exact :
« Dis à Ea-Nasir que Nanni envoie le message suivant :
Lorsque tu es venu, tu m'as dit ce qui suit : « je donnerai à Gimil-Sin [quand il viendra] des lingots de cuivre de haute qualité ». Tu es ensuite reparti mais tu n'as pas rempli ce que tu m'as promis. Tu as mis devant mon messager [Sit-Sin] des lingots qui n'étaient pas bons, et tu as dit : « Si tu veux les prendre, prends-les; si tu ne veux pas les prendre, va-t-en ! »
Pour qui me prends-tu, que tu agis avec un tel mépris envers quelqu'un comme moi ? J'ai envoyé comme messagers des gentilshommes comme nous-mêmes pour chercher la bourse contenant mon argent [que j'ai laissé avec toi], mais tu m'as méprisé en me les renvoyant bredouilles plusieurs fois, et ce, à travers des terres ennemies. Y a-t-il qui que ce soit parmi les marchands qui commercent avec Telmun qui m'a traité d'une telle façon ? Tu es le seul à mépriser mon messager ! À cause de cette [misérable] mina d'argent [métal] que je te dois[?], tu te permets de parler de cette façon, alors que j'ai donné au palais en ton nom 1 080 livres de cuivre, et Umi-abum a également donné 1 080 livres de cuivre, et ce, au-delà de ce que nous deux avons fait écrire sur une tablette scellée gardée dans le temple de Samas.
Comment m'as tu traité en échange de ce cuivre ? Tu as retenu ma bourse dans un territoire ennemi. Il te revient maintenant de me rendre [mon argent] entièrement.
Sois conscient que [dorénavant] je n'accepterai ici aucun cuivre de ta part qui ne soit pas de qualité supérieure. [Dorénavant] je choisirai et je prendrai des lingots individuellement dans ma propre cour, et j'exercerai contre toi mon droit de refus car tu m'as méprisé. »

De manière amusante, cette tablette est considérée comme la plus ancienne plainte écrite connue. Les mésopotamiens avaient déjà inventé les services après-vente. Et visiblement, il y avait déjà quelques mécontents !


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dimanche 19 août 2018

n°215
La Madone (1894)
Edvard Munch



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Œuvre : La Madone
Artiste : Edvard Munch  
Année : 1894
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Expressionnisme
Lieu : National Gallery (Oslo)



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Voici une des cinq versions de la Madone peint par l’artiste norvégien Edvard Munch. Il s’agit de la  version exposée à la Galerie Nationale de Norvège, à Oslo.

La toile représente une jeune femme, à la poitrine nue, dans une position assez sensuelle. Beaucoup pensent que la femme représentée sur ce tableau n’est autre que la Vierge Marie, ce qui avait de quoi déranger à l’époque. Mais cette interprétation n’a jamais été confirmée par le peintre qui par ailleurs n’était pas chrétien.

La femme qui servi de modèle pour ce tableau est Dagny Juel-Przybyszewska, une écrivaine norvégienne et amie proche de Munch. Ce dernier était fasciné par la beauté de son amie qu’il considérait comme l’idéal de la femme. Ce tableau montre en tout cas la sensualité de cette femme. D’ailleurs, Munch avait d’abord appelé son œuvre « Femme amoureuse ». On voit donc l’amour dans ce tableau.  Toutefois, les yeux fermés de la jeune femme, ainsi que les couleurs sombres et angoissantes, laissent planer une atmosphère plus douloureuse, proche de la mort.
Munch a souvent mélangé l’amour et la mort dans ses tableaux. Un mélange de sentiments et de ressentis qui interroge le spectateur. Certaines versions du tableau lithographiées sont d’ailleurs bien plus effrayantes et laissent apparaître le squelette d’un bébé à côté de la jeune femme.

Tout comme le Cri, autre célèbre d’Edvard Munch, la Madone a été volé deux fois. En 1990, une version de Madonna et trois autres œuvres d'art ont été volées à la Galerie Kunsthuset AS à Oslo. Il a été retrouvé quelques mois après dans une maison norvégienne. En 2004, des hommes masqués et armés font irruption au Munch Museum d’Oslo et s’emparent du tableau. Il ne sera retrouvé que deux ans plus tard, en 2006, assez abîmé. Un trou de 2,5 cm est visible mais a été réparé.

Ces vols font partie de l’histoire de l’œuvre et ont contribué à rendre le tableau célèbre. La Poste norvégienne a même édité des timbres à l’effigie de la Madone.

Munch avait l'habitude de réaliser plusieurs versions du même tableau. Voici trois autres versions de la Madone.

Version du Munch Museum (volé en 2004, retrouvé en 2006)
Version from Kunsthalle Hamburg (Allemagne) peint en 1895
Lithographie en couleurs de l'Ohara Museum of Art. (Japon)


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