mardi 21 août 2018

n°217
Agrigente (1954)
Nicolas de Staël



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kART d'identité

Œuvre : Agrigente
Artiste : Nicolas de Staël  
Année : 1954
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Abstraction lyrique
Lieu : Collection privée



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Des couleurs vives, des formes géométriques, ce tableau a tout d’un magnifique tableau abstrait. Mais ce n’est pas tout à fait le cas. Nicolas de Staël est le spécialiste des tableaux mi-abstraits mi-figuratifs, c’est ce qui a fait sa renommée. En fait, ce tableau est un paysage !

Exemples de croquis
réalisés par Staël en Sicile
En 1953, Nicolas de Staël peint depuis déjà plusieurs décennies. Mais le travail de ce peintre peu conventionnel n’est pas reconnu en France et l’artiste souffre de grosses difficultés financières.  Sa notoriété se fera grâce au hasard d’une rencontre avec un marchand de tableaux américain, Theodore Schempp qui passera de nombreuses années à diffuser son œuvre aux Etats Unis. Alors qu’il est boudé par les critiques en France, il va avoir un succès retentissant en Amérique. Un succès qui va lui apporter de l’argent et lui permettre de voyager davantage. 

A la fin de l’été 1953, il part donc dans le Sud de la France puis en Italie, à Agrigente en Sicile, sans son matériel de peinture. La chaleur et les couleurs de ces lieux fascinent le peintre. « Je roule de France en Sicile, de Sicile en Italie, en regardant beaucoup de temples, de ruines ou pas, de kilomètres carrés de mosaïques. » Il visite les musées, se balade dans cette nature méditerranéenne et découvre la culture locale. Un véritable choc esthétique. Le peintre va alors dessiner frénétiquement de nombreux croquis de ce qu’il voit dans un carnet.

De retour en France,  deux mois plus tard, Nicolas de Staël va alors peindre sans relâche une nouvelle série de toiles que l’on appelle les « Agrigente » (Les toiles de cette série sont nombreuses et portent souvent le même nom ou des noms similaires).
Sur ces toiles, il peint de mémoire les paysages siciliens qu’il a vus ou plutôt qu’il a ressentis.  En fait, Staël ne peint jamais ce qu’il voit de manière réaliste mais plutôt avec l’émotion, le ressenti, le coup reçu, l’expérience du moment. C’est ce qui explique les couleurs si particulières de ses paysages.

Comme dans de nombreuses toiles qu’il consacre à la ville d’Agrigente, on reconnaît sur celle-ci le versant d’une colline qui laisse apparaître les quartiers de la ville. Le peintre n'ayant eu recours qu'à sa mémoire, il n'a laissé aucune information sur les lieux exacts qui sont représentés. Il est même probable qu'il ne s'en souvienne pas lui-même, ayant visité toute la région d'Agrigente. Il pourrait même s'agir des montagnes de Raffadali, à côté d'Agrigente. En effet, on peut noter certaines ressemblances entre les formes des collines du tableau et la photo ci-contre.

Toutes les couleurs se touchent ou sont séparées d’une fine lumière blanche ce qui rend (volontairement) difficile la « lecture » du tableau. Le ciel sombre (marron) laisse penser qu’il s’agit d’un paysage nocturne mais l’artiste est si libre dans le choix de ses couleurs que rien ne permet de l’affirmer !

"Agrigente"
 (une autre toile de Staël de la même série)
Staël va peindre beaucoup, et rapidement. Il utilise parfois une technique de peinture au couteau, qui laisse apparaître des marques, comme dans le triangle violet sur cette toile.
Il peint tellement que Rosenberg, qui organise sa prochaine exposition, lui demande d’arrêter car il a suffisamment de tableaux pour sa prochaine vente. Très vexé, il n'assiste même pas au vernissage de sa propre exposition du 9 février 1954, chez Rosenberg, qui pourtant vend tous les tableaux.



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