mercredi 14 novembre 2018

n°236
Les Ambassadeurs (1533)
Hans Holbein le Jeune



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Œuvre : Les Ambassadeurs
Artiste : Hans Holbein le Jeune  
Année : 1533
Technique : Huile sur 10 panneaux de chêne assemblés
Epoque : Temps modernes
Mouvement : Renaissance allemande
Lieu : National Gallery (Londres)


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Voici une œuvre qui a beaucoup fait parler d’elle au XVIème siècle pour son innovation. Hans Holbein le Jeune a réalisé cette toile de 2 mètres de hauteur sur 2 mètres de largeur sur dix panneaux de chêne qui ont été assemblés ensemble.

Les Ambassadeurs nous laisse découvrir Jean de Dinteville, à gauche, richement vêtu de son manteau de fourrure, qui était ambassadeur de France à Londres. Il porte une épée au côté gauche et la bague qu’il porte sur sa main droite indique son âge, 29 ans. Il porte aussi une longue chaîne autour du cou, qui représente un ange. À droite, Georges de Selve est  vêtu de noir. Il était évêque mais également  ambassadeur auprès du pape à Rome. Contrairement à son ami, il est vêtu très sobrement et tient solidement sa paire de gants dans sa main droite, en appuyant son coude sur un livre qui indique son âge, 25 ans.

Le tableau fut commandé à Hans Holbein par Jean de Dinteville lui-même afin d’illustrer la bonne entente entre les deux hommes et le travail qu’ils mènent ensemble pour réconcilier au sein de l’Eglise, les catholiques et les protestants.

L’œuvre est également riche en objets qui témoignent des inventions et des découvertes de la Renaissance et l’obsession des hommes pour les nouvelles connaissances. Au centre du tableau, ces objets sont d’ailleurs presque mis davantage en valeur que les deux hommes. Les objets font tous référence au quadrivium, c’est-à-dire aux quatre  sciences mathématiques :
- la géométrie : le tapis aux motifs géométriques (carrés), le globe (une sphère), l’horloge solaire (cylindre), un cadran solaire (polyèdre), une équerre dans le livre, un compas.
- l’arithmétique : le livre de mathématiques ouvert à la page des divisions.
- la musique : le luth, un livre de cantiques ouvert, quatre flûtes dans leur étui.
- l’astronomie : le globe terrestre, une sphère céleste, une horloge solaire, un quadrant blanc placé derrière un autre quadrant, un cadran solaire, un torquetum (instrument de mesure astronomique).

Tous ces nouveaux savoirs rendent ces hommes puissants. Tous ces objets ainsi que la position fière des deux hommes illustrent le luxe, le pouvoir et une certaine arrogance.
Cela symbolise d’une certaine manière l’état d’esprit de la Renaissance : l’homme se tourne sur lui-même et se détourne de la foi et de la religion. D’ailleurs, un crucifix à peine visible apparaît dans le coin supérieur gauche du tableau. Il est à moitié caché derrière le rideau, comme s’il n’avait que peu d’importance pour les deux hommes.

C’est bien lorsqu’on observe attentivement le tableau qu’on observe une étrange forme claire et allongée qui lévite au centre du tableau. On a du mal à l’identifier sa taille et sa position centrale dans le tableau nous indique qu’il s’agit de quelque chose d’important. C’est en effet cette forme qui rendra ce tableau célèbre dans le monde entier.
Innovation incroyable pour l’époque, le peintre a tout simplement peint … un crâne ! Si, si ! Pour percer ce mystère, il faut tout simplement regarder le tableau de biais. Alors l’image se déforme, les richesses s’effacent, et un crâne humain prend forme. C’est ce que l’on appelle une anamorphose, une illusion d’optique dont le principe est de déformer une image afin qu’elle ne soit visible correctement que si on la regarde d’un point de vue précis. Lorsque l’on observe le tableau de l’extrême droite, avec une vue rasante, on aperçoit un crâne.


Ce crâne est ce qu’on appelle une vanité. Il symbolise la Mort et l’idée que l’existence et la vie humaine n’a finalement que peu d’importance car la Mort est toute puissante.  La présence de ce crâne vient provoquer ces deux hommes en leur disant que ni le luxe, ni le pouvoir, ni même le savoir ne nous permettront de lui échapper. Tous ces objets, si importants à l’époque, n’ont donc plus vraiment de valeur ni d’importance.

Le seul point de vue qui permet de masquer complètement le crâne, c’est lorsque que l’on regarde le tableau de biais, à partir du crucifix, ce qui a pour effet « d’écraser » la mort.  Sans doute une manière pour le peintre de remettre la religion au centre de tout.


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