samedi 27 juin 2015

n°196
Nature morte devant une fenêtre ouverte : place Ravignan (1915)
Juan Gris



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Oeuvre : Nature morte devant une fenêtre ouverte : place Ravignan
Artiste : Juan Gris  
Année : 1915
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Cubisme
Lieu : Museum Of Arts (Philadelphie, Etats Unis)


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Lorsqu’il s’installe à paris, Juan Gris se lie d’amitié avec Pablo Picasso qu’il admire. Il va d’ailleurs peindre le portrait de celui-ci et deviendra à cette occasion le premier peintre, autre que Picasso, à réaliser une peinture cubiste, cette technique artistique étonnante qui consiste à peindre en formes géométriques.
Picasso deviendra le modèle, le maître de Gris. Ce dernier va s’installer dès 1907 au Bateau-Lavoir, un grand atelier où il peut peindre, dont les fenêtres s’ouvrent sur la place Ravignan, à Paris.

C’est justement ce que montre ce tableau, Nature morte devant une fenêtre ouverte, place Ravignan. L’artiste peint ce qu’il voit de son atelier vers l’extérieur. La dominante bleue du tableau suggère que la scène se passe la nuit.
Le tableau montre un ensemble d’objets : coupe ou compotier, bouteille de vin (Médoc), carafe, verre, journal, posés sur une table devant une fenêtre ouverte. À gauche, le vantail de la fenêtre et un rideau sont nettement visibles, et on distingue les tentures en contre-jour à l’intérieur de la pièce. À l’arrière-plan, vus par la fenêtre : deux arbres, une rampe et un réverbère devant le mur d’un immeuble aux volets alternativement ouverts, fermés, entrouverts.

Ce tableau est une nature morte, comme le suggère son titre, c'est à dire un tableau privé de toute présence humaine. Mais c'est une nature morte un peu particulière.
On y retrouve des éléments « traditionnels » des natures mortes du XXe siècle : Verre, bouteille, compotier, journal, pipe, paquet de tabac, guitare… qui renvoient au mode de vie du peintre. Les formes y sont géométriques et  fragmentées, il y a plusieurs points de vue, et l’œuvre ne respecte pas les principes de la perspective, c'est-à-dire les trois dimensions. Ce tableau ne donne pas une image immédiate du monde comme dans un miroir.
Il s’agit bel et bien d’une œuvre cubiste.
Ce qui attire en revanche notre attention c’est l’espace extérieur. Cette fois, pas de formes géométriques fragmentées. La perspective est respectée ainsi que  le changement d’échelle dû à l’éloignement.

De nombreux tableaux représentant l’intérieur d’une pièce montrant des fenêtres auxquelles on y aperçoit de loin le paysage extérieur. Mais dans ce tableau, l’extérieur est tout aussi important que l’intérieur. De plus, Juan Gris a donc mélangé deux techniques de peinture différentes, une pour l’intérieur et l’autre pour l’extérieur, une innovation à l’époque.


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mercredi 24 juin 2015

n°195
Un Chanteur s'accompagnant au luth (1624)
Hendrick Ter Brugghen



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Oeuvre : Un Chanteur s'accompagnant au luth (ou Le Joueur de luth)
Artiste : Hendrick Ter Brugghen 
Année : 1624
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Caravagisme
Lieu : Musée des Beaux-Arts de Bordeaux


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On sait très peu de choses sur Hendrick Ter Brugghen. Certainement né en 1588 à la Haye, dans une famille protestante, il s'installe à Utrecht en 1615, après un long séjour en Italie. Il se révèle rapidement le plus doué des peintres travaillant dans cette ville.

A cette époque, il découvre les talents d’un autre peintre, Le Caravage, peintre qu’il admire et qui va l’influencer dans ses toiles. Ter Brugghen, qui jusque-là peignait des tableaux d’histoire, se lança dans une longue série de tableaux représentant des scènes de genre, c’est à dire des toiles mettant en scène la vie quotidienne. Chez Ter Brugghen, elles montrent souvent des musiciens ou des buveurs représentés seuls, à mi-corps.

C’est le cas de ce Joueur de luth. Tournant le dos au spectateur, un musicien est représenté de trois-quarts, jouant du luth et chantant sur un fond neutre. Son visage porte un léger collier de barbe et une moustache plus fournie. Il est vêtu d’un lourd manteau brun d’où émerge la manche rayée et bouffante de sa chemise. Son large béret est agrémenté d’une grande plume rousse et blanche.

On sait aujourd’hui qu’il existe plusieurs versions de ce tableau (ce qui laisse penser que l’artiste fit au préalable un dessin préparatoire).

Durant de nombreuses années, on n’était pas sûr de l’identité de l’artiste qui l’avait peint. En effet, Ter Brugghen n’a pas signé son tableau ! Enfin… en apparence, car une radiographie de l’œuvre a permis de révéler la présence d’une signature « sous » la dernière couche de peinture.

Un des aspects intéressant du tableau est le jeu de lumière qui le compose. Ter Brugghen installe son modèle dans une pièce dont les murs sont de couleur sombre. Pourtant le personnage semble éclairé par une lumière. Cette technique s’appelle le clair-obscur. Ter Brugghen utilise ce jeu de lumière pour mettre en valeur le personnage, ce qui n’est pas facile puisqu’il est presque dos au spectateur.
En fait, c’est un profil perdu, c'est-à-dire que le visage se voit à peine, caché par l’arrière de la tête.

Cette disposition est assez surprenante pour l’époque. On suppose qu’un deuxième tableau accompagnait celui-ci, représentant une chanteuse. Le Joueur de luth ne serait alors que la moitié d’une œuvre plus monumentale. On imagine le personnage tourné vers cette chanteuse, séduit par sa beauté.


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samedi 20 juin 2015

n°194
Campbell's Soup Cans (1962)
Andy Warhol



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Oeuvre : Campbell's Soup Cans
Artiste : Andy Warhol  
Année : 1962
Technique : Acrylique et Liquitex peint en sérigraphie sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Pop Art
Lieu : Museum of Modern Arts (MoMA) (New York)


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Cette œuvre réalisée en 1962 s'intitule Campbell's Soup Cans, Boîtes de soupe Campbell en français, elle est aussi souvent appelée « 32 boîtes de soupes Campbell » car il s'agit de 32 petites peintures d'environ 51cm par 41 cm montrant chacune une variété (un goût) de soupe différente et que proposait la marque Campbell à l'époque.

Andy Warhol est célèbre pour ses sérigraphies ayant pour sujet des stars américaines comme Marylin Monroe. Passionné par le monde de l’art et par la publicité, son style est ce qu’on peut appeler de l’art commercial. C'est au début des années 1960 qu'il peint ses premières boîtes de soupes Campbell.

Aujourd’hui, une telle fascination pour les affiches publicitaires pourrait nous sembler étrange, mais il faut situer l’œuvre dans son époque : les années 1960. Nous sommes après la Seconde Guerre Mondiale où L’Europe se reconstruit. Les  Etats-Unis deviennent une puissance économique mondiale et sa culture devient un modèle dans le monde entier. La société de consommation se développe ainsi que la culture de masse avec la radio et la télévision que de plus en plus de foyers américains peuvent s’offrir.  Consommer est un symbole de renouveau et de réussite.

Les boîtes de Campbell symbolisent cette époque. Comme Roy Lichtenstein a eu la même idée que lui (peindre des vignettes de comics), Warhol doit trouver un style bien à lui. Venant du monde publicitaire, utiliser des objets issus de la société de consommation deviendra un de ses sujets principaux de création. Ainsi, pour sa première exposition en tant qu'artiste  qui a lieu en juillet 1962 dans une galerie de Los Angeles, Warhol peint ses boîtes de conserve de soupes Campbell.  Les trente-deux toiles, représentant chacune une seule boîte de soupe, sont placées sur une ligne, un peu comme des produits sur une étagère, chacune exposée sur une planchette individuelle.

Andy Warhol et la sérigraphie
Par la suite, ces boîtes deviendront un motif récurrent que Warhol représentera de nombreuses fois de façons différentes : boîtes neuves ou rouillées, avec l'étiquette déchirée, uniques ou en série, avec les couleurs originales ou réinventées...

On ne sait pas comment l‘artiste eut l’idée de peindre ces boîtes. On dit qu’Andy Warhol aurait consommé régulièrement cet aliment : « Pendant 20 ans je crois, j'ai fait tous les jours le même repas, une boîte de potage Campbell et un sandwich ». Une autre version raconte que l'idée lui aurait été donnée par une amie galeriste qui lui aurait suggéré de peindre ce qu'il aimait le plus, quelque chose que l'on voit tous les jours et quelque chose que tout le monde peut reconnaître. Quelque chose comme une boîte de soupe Campbell.

La technique qu’il utilise est celle de la sérigraphie : c'est un procédé d'impression qui permet de reproduire plusieurs fois la même image. Le plus souvent Andy Warhol choisissait une photographie parue dans un magazine, il choisissait la taille et les couleurs. Une fois l’image reproduite, il y peignait la variété de soupe en lettres rouges.

Lors de sa première exposition, l’œuvre ne fut pas bien accueillie par le public Certains reprochaient à Andy Warhol de se contenter d'utiliser des images qu'il n’avait même pas créées, de les modifier à peine, de les reproduire en plusieurs exemplaires et de se faire beaucoup d'argent, rapprochant l'art d’un business comme un autre.
Pourtant, on considère aujourd’hui cette œuvre comme la naissance du Pop art. Un tournant dans l’histoire de l’art !



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mercredi 17 juin 2015

n°193
Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818)
Caspar David Friedrich



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Oeuvre : Le Voyageur contemplant une mer de nuages
Artiste : Caspar David Friedrich 
Année : 1818
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Romantisme
Lieu : Kunsthalle de Hambourg


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Caspar David Friedrich accorde une grande importance à la construction de l’espace dans ses paysages. Il aime les extrêmes : les bords de précipices, les panoramas à l’infini de montagnes ou de rivages. Il nous montre l’immensité de la nature d’une manière si vertigineuse que, selon un poète de l’époque, « on a l’impression qu’on vous a coupé les paupières ! ».

Le Voyageur contemplant une mer de nuages par exemple montre un homme, de dos, contemplant un immense paysage de nuages et de montagnes.

L’espace du tableau est composé de trois plans :

  • Au premier plan, on voit un homme vêtu selon les critères vestimentaires du XIXème siècle. Il possède une redingote, des bottes et une canne. Le personnage est de dos et se tient debout sur le sommet d’une falaise en observant le paysage. L'homme est vêtu de noir ce qui attire le regard du spectateur. Il se détache donc du reste du paysage. 
  • Le second plan nous permet de voir l'environnement qui entoure le voyageur, ce qu’il est en train de regarder : plusieurs pics rocheux noyés par des nuages. Sur ce tableau, seuls les nuages et les cheveux semblent être en mouvement. 
  • Au dernier plan, on aperçoit l’horizon, le ciel et d’autres pics rocheux. L’horizon se mélange au ciel. On peut voir qu’il y a une évolution dans les couleurs car elles se dégradent du bas vers le haut, du plus foncé au plus clair. Mais aussi dans la précision, en allant du plus net au plus flou.

Pour Friedrich, la composition d’un paysage impose une étude approfondie. Il s’inspire de lieux qu’il connaît comme cette montagne du Rosenberg qu’il a souvent arpentée lors de ses randonnées.

Ces paysages sont remplis de symboles, comme toutes les œuvres du courant Romantique de l’époque : la peinture évoque le paradis, la présence de Dieu (symbolisés par le ciel et les nuages) que le voyageur ne peut atteindre que par le regard et l’esprit.

Les montagnes représentent la terre, la position de l'homme montre qu’il domine la vie d’ici-bas mais il y regarde avec admiration l’au-delà, le fond de l'univers.
Les rochers au milieu symbolisent la foi de l’humain. Les montagnes au fond représentent Dieu. Cette « mer de nuages » représente l’infini, l’éternité de la vie future au paradis.
Les deux montagnes se rejoignent sur l'homme afin de montrer qu'il est entre deux mondes très différents.

Ce tableau met en valeur le sentiment de la solitude humaine face à la grandeur de la nature (un des thèmes importants pour les romantiques).

Tous ces symboles spirituels rendent la toile très mystérieuse, d’autant plus que le personnage est représenté de dos ce qui le rend lui aussi énigmatique. En fait Friedrich ne voulait pas montrer l’identité de l’homme pour permettre au spectateur de se projeter à sa place, le  laisser face à lui-même et, comme ce double, il est invité à s’interroger sur l’univers.


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dimanche 14 juin 2015

n°192
Porte-Bouteilles (Egouttoir, séchoir à bouteilles, hérisson) (1914)
Marcel Duchamp



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Oeuvre : Porte-Bouteilles (Egouttoir, séchoir à bouteilles, hérisson)
Artiste : Marcel Duchamp 
Année : 1914
Technique : aucune
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Dada
Lieu : Musée national d'Art moderne, centre Georges Pompidou (Beaubourg) (Paris)


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En 1914, Marcel Duchamp révolutionne l’art avec son fameux Porte-bouteilles. L’artiste acheta cet objet du quotidien au bazar de l’Hôtel de Ville et décida que c’est une œuvre d’art ! Il invente le concept de ready-made : c’est à dire un objet usuel que l’on déclare œuvre d’art par le simple choix de l’artiste.

Pour Marcel Duchamp, il n’est pas nécessaire de savoir peindre ou sculpter pour créer une œuvre d’art. Il n’est pas nécessaire non plus d’avoir du talent, ni d’avoir le goût des belles choses. Pour lui, une œuvre n’est d’ailleurs pas forcément belle à regarder. Pour Duchamp, c’est beaucoup plus simple que cela : un objet est une œuvre d’art si on choisit que c’en est une !

Le titre qui, d’abord, nomme le plus platement l’objet, Porte-bouteilles, prendra de plus en plus d’importance : l’objet sera rebaptisé, plus tard, Séchoir à bouteilles ou Hérisson.
L'œuvre est composée uniquement d'un porte-bouteilles en fer galvanisé. Duchamp a simplement signé l'objet sur le socle.

L'artiste a mis de nombreuses années pour exposer son œuvre.  Ce n’est qu’en 1962 que Werner Hoffmann souhaita exposer le fameux Porte-bouteilles de 1914. Duchamp ayant perdu l’œuvre lors d’un déménagement  lui répondit: “Je vous suggère de faire acheter un porte-bouteilles à Paris, au Bazar de l’Hôtel de Ville, où je pense qu’ils ont toujours le même modèle.”
Finalement Duchamp réalisa huit répliques qu’il exposa dans différents musées.

Mais le choix de cet objet n’est pourtant pas un hasard. Les verres et les bouteilles avaient envahi la peinture cubiste (très à la mode à cette époque), ce qui ennuyait Duchamp. Le choix d’un Porte-Bouteilles est symbolique : l’objet qui semble piquer comme un hérisson est censé accueillir toutes ses peintures cubistes.


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vendredi 12 juin 2015

n°191
Les expulsés (1977)
Ernest Pignon-Ernest



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Oeuvre : Les expulsés
Artiste : Ernest Pignon-Ernest 
Année : 1977
Technique : Sérigraphie
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Art urbain
Lieu : aucun (oeuvre détruite)


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Durant les années 1970-1980, la ville de Paris se lance dans un grand projet de réhabilitation qui vise à rénover certains quartiers de la capitale. Des habitants sont alors expulsés en masse de chez eux et leurs logements sont détruits selon la décision de la mairie.

Enfant, Ernest Pignon-Ernest a été lui-même expulsé de chez lui, avec ses parents, alors qu’ils vivaient à Nice. Ceci pourrait expliquer l’intérêt qu’il porte aux expulsés. Sensibilisé par la cause, il réagit à la nouvelle politique de la mairie Parisienne en exposant ses œuvres dans la ville.

Dans un premier temps, l’artiste réalise des dessins sur feuille à la craie, à l’encre dans son atelier. Il représente des personnages grandeur nature sur de grands formats. Il représente de manière très réaliste en travaillant les ombres, les lumières : ce sont des dessins très classiques.
A partir de ses dessins, il multiplie ses représentations grâce à la sérigraphie, une technique moderne dérivée du pochoir. Pignon-Ernest installe ensuite lui-même son œuvre dans la ville, dans une rue, durant la nuit (car c’est interdit). Le lieu choisi n’est pas un hasard, il donne un sens au dessin.

Le dessin des expulsés représente un homme et une femme portant des valises et des sacs. L’expression de douleur qu’on lit sur leur visage et le matelas que porte l’homme montrent bien qu’il ne s’agit pas d’un simple départ en vacances mais plutôt d’une expulsion. Le titre de l’œuvre confirme cette idée. Collé sur l’une des façades de l’immeuble sinistré, on dirait que le couple se tient au pied de l’immeuble en ruine. Leur posture est immobile. Tout porte à croire qu’ils ne savent pas où aller…

Dans ce dessin, l’artiste met donc en scène des personnages qui sont expulsés de chez eux, de l’immeuble qui se trouve derrière eux.  Le mur de l’immeuble sur lequel l’artiste à marouflé « Les expulsés » est situé dans le quartier de Montparnasse ; quartier qui fut touché par le projet de réhabilitation.

La pratique de cet artiste est donc d’associer l’art à la politique. Ses affiches se dégradent au fil du temps, se déchirent, se font arracher : il a utilisé volontairement du papier fragile pour symboliser la précarité des vrais expulsés. D’ailleurs, les lieux choisis n’attirent pas vraiment les spectateurs, ces affiches passent inaperçus aux yeux du public, tout comme les vrais expulsés que l’on n’a pas aidé.
Aujourd’hui, il ne reste de ces œuvres que les photographies qu’on en a faites.




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mardi 9 juin 2015

n°190
George Washington Melted 2 (2011)
Valerie Hegarty



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Oeuvre : George Washington Melted 2
Artiste : Valerie Hegarty 
Année : 2011
Technique : Acrylique sur toile, papier et gel
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Art contemporain
Lieu : Andrew W. Mellon Arts (New York)


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Valerie Hegarty est une artiste new yorkaise assez particulière. Pour elle, l’art passe avant toutes choses par la destruction. Depuis le début des années 2000, elle crée des tableaux, des sculptures voire même des salles entières, détruits, brûlés, très abîmés.

L’art est créé par l’homme, il s’oppose donc à la nature. Valerie Hegarty s’amuse avec cette idée. Créer des œuvres détruites, c’est pour elle une manière d’expliquer que la nature finit toujours se détruire et ensuite à se régénérer. La destruction des objets par la nature échappe à notre contrôle, on ne peut rien faire. La nature est sauvage ! Lorsqu’un objet brûle, on ne peut pas contrôler la flamme afin qu’elle brûle une partie de l’objet plus qu’une autre.


"George Washington" de Gilbert Stuart
Ce tableau en est l’exemple. Valerie Hegarty a reproduit un célèbre portrait de Gilbert Stuart représentant le premier présent des Etats Unis : George Washington,  puis l’a déformé pour le spectateur croit qu’elle a été brûlé. Hegarty nous fait croire que le véritable artiste de ce tableau, c’est la nature elle-même ! La flamme aurait déformé le visage du président et aurait créé toutes les formes noircies par la combustion.

Pour que la « brûlure » soit la plus réaliste possible, l’artiste utilise différentes techniques de « trompe l’œil », pour simuler un feu ayant brûlé le bord supérieur de la toile et transformé la moitié du visage de la moitié comme s’il avait fondu. Elle utilise une sorte de gel plastique pour créer les cloques et le relief que le feu aurait générés.

Pour Hegarty, « détruire » ce tableau a permis de créer une nouvelle œuvre d’art ! « Cette peinture est née de la nature » explique-t-elle. L'art des hommes disparaît pour laisser place à un art né de la nature elle-même. Comme quand une maison abandonnée finit par se détruire à cause des ronces et du lierre qui l’ont envahie.

Il existe plusieurs versions de ce tableau. Evidemment, la nature faisant ce qu’elle souhaite, ils sont tous différents !
George Washington Melted (2010)
George Washington Shipwrecked (2011)
George Washington Eroded (2011)
George Washington with Branches (2008)
George Washington Portrait
on Wall Melted (Work on Paper) (2011)
George Washington Melted
4 (Large) (2011)
Melted George Washington 3 (2011)
   

Mais on peut toutefois se poser la question : ce tableau montre-il la nouvelle vie d’une œuvre d’art, ou au contraire une nouvelle œuvre d’art après la vie ? L'artiste nous laisse le choix.


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lundi 8 juin 2015

n°189
Ohhh... Alright... (1964)
Roy Lichtenstein



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Oeuvre : Ohhh... Alright...
Artiste : Roy Lichtenstein 
Année : 1964
Technique : Huile sur toile
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Pop Art
Lieu :Collection privée


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Avec Andy Warhol, Roy Lichtenstein incarne le Pop art, l'un des mouvements artistique principaux du 20ème siècle. Caractérisé par des thèmes et des techniques tirés de la culture de masse populaire, tels que la publicité, les bandes dessinées et les objets culturels mondains.

 Roy Lichtenstein est un boulimique d’images. Tout y passe : bandes dessinées, publicités, magazines, cartes postales…
Son style est tout de suite reconnaissable ! En 1961, Roy Lichtenstein commence ses premières peintures Pop art en utilisant des images de dessins animés ou de bandes-dessinées et des techniques dérivées de l'imprimerie commerciale.
Il reprend une case de bande-dessinée, retravaille la couleur, la position des mains, réécrit le texte. Il produit ainsi des milliers de tableaux.

Afin d’imiter au mieux les « comics », (bandes-dessinées américaines des années 1960), il ajoute volontairement des gros points de couleur, les "dots Ben-Day", ces points de couleur qui composent les images, une technique que les imprimeries utilisaient pour apposer des couleurs à moindre frais.

Extrait de "Secret Hearts" qui inspiré l'artiste
Les personnages de Lichtenstein appartiennent donc au monde imaginaire des bandes-dessinées. A ce titre, il s'agit d'icônes de l'imagerie populaire de l'après Seconde Guerre mondiale.

Dans « Ohhh... Alright... », le visage désemparé de cette jeune femme au téléphone laisse deviner la déception. Mais l'on n'en sait pas plus puisque le tableau semble être une case d'une bande dessinée agrandie est présentée hors de son contexte. En fait, Roy Lichtenstein s’est inspiré de la case d’une bande dessinée américaine, « Secret Hearts », (numéro de juin 1963).

Mesurant un peu plus de 90 par 96 cm, cette œuvre fut exécutée en 1964. Bien caractéristique de l'art de Roy Lichtenstein, ce tableau avait tout pour plaire, au point de devenir le prix record en vente publique pour l'artiste américain. En effet, il fut vendu aux enchères au prix de record de 31 millions d’euros !



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jeudi 4 juin 2015

n°188
Rhinocéros (1515)
Albrecht Dürer



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Oeuvre : Rhinocéros
Artiste : Albrecht Dürer 
Année : 1515
Technique : Estampe
Epoque : Temps Modernes
Mouvement : Renaissance allemande
Lieu : British Museum (Londres)


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Le rhinocéros, dont le nom date de l'époque romaine, signifie littéralement corne sur le nez, est un animal qui a toujours impressionné l'homme par son aspect terrifiant et massif. Représenté dès les temps préhistoriques, il a, au cours des siècles, été souvent l'objet d'estampes, de tableaux ou de sculptures. Ce Rhinocéros en est un exemple.

Nous sommes en 1515. Manuel 1er roi du Portugal reçoit en cadeau un rhinocéros  par un gouverneur indien. Quand, l’animal débarque à Lisbonne, c’était la première fois depuis l’Antiquité qu’un rhinocéros vivant était vu en Europe. Entre le 20 mai et le 3 juin 1515, le rhinocéros fut à Lisbonne l’objet de la curiosité générale : artistes et savants en firent des croquis et des descriptions qu’ils envoyèrent à leurs correspondants en Europe.

A partir de l’un de ces croquis qui décrit en détail l’animal, l’artiste Albrecht Dürer réalise une gravure sur bois (une estampe), sans jamais avoir vu de ses propres yeux de rhinocéros !

C’est pour cela que la gravure montre un rhinocéros assez différent de la réalité. Ici, l’animal apparaît davantage comme un animal légendaire.  On y remarque de nombreuses erreurs anatomiques dans la représentation de l’animal : Sur son dos, le rhinocéros porte une petite dent de narval, les plis de l’animal ressemblent à une carapace de crustacé, ornée de motifs. Sa peau est traitée comme des écailles de reptile. La queue de l’animal est une queue d’éléphant.

Le texte qui accompagne la gravure est aussi surprenant:
« En l’année 1513, après la naissance du Christ, on apporta de l’Inde à Emmanuel, le grand et puissant roi de Portugal, cet animal vivant. Ils l’appellent rhinocéros. Il est représenté ici dans sa forme complète. Il a la couleur d’une tortue tachetée, et est presque entièrement couvert d’épaisses écailles. Il est de la taille d’un éléphant mais plus bas sur ses jambes et presque invulnérable. Il a une corne forte et pointue sur le nez, qu’il se met à aiguiser chaque fois qu’il se trouve près d’une pierre. Le stupide animal est l’ennemi mortel de l’éléphant. Celui-ci le craint terriblement car lorsqu’ils s’affrontent, le rhinocéros court la tête baissée entre ses pattes avant et éventre fatalement son adversaire incapable de se défendre. Face à un animal si bien armé, l’éléphant ne peut rien faire. Ils disent aussi que le rhinocéros est rapide, vif et intelligent.»

Le Rhinocéros de Dürer est une estampe. C’est une image imprimée à partir d’une pièce de bois gravée. Cette technique est appelée « taille d’épargne » car le graveur épargne le dessin. Il creuse les parties non dessinées laissant intact le trait du dessin qui reste en relief pour recevoir l’encre.

Malgré ses erreurs anatomiques, la gravure de Dürer devint très populaire en Europe. Quatre à cinq mille impressions de cette image ont été vendues de son vivant et fut copiée après la mort de l’artiste à maintes reprises durant les trois siècles suivants. Elle a été considérée comme une représentation réaliste d’un rhinocéros jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Par la suite, des dessins et peintures plus corrects la remplacent.

Alors que Dürer rencontre le succès avec son œuvre, le vrai rhinocéros va connaître une fin beaucoup plus tragique : vers la fin de 1515, le roi de Portugal, Manuel Ier, envoya l’animal en cadeau au pape   Léon X, mais il mourut dans un naufrage au large des côtes italiennes au début de 1516.



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lundi 1 juin 2015

n°187
La Chupícuaro (400 av JC)


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Oeuvre : La Chupícuaro
Année : environ 400 av JC
Technique : Sculpture en terre cuite peinte
Epoque : Antiquité
Mouvement : Art mésoaméricain
Lieu : Musée du Louvre (Paris)


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Cette petite figurine exposée au Musée du Louvre est devenue malgré elle l’emblème de toute une civilisation disparue : les habitants de Chupícuaro. C’est une figurine précolombienne, c'est-à-dire qu’elle date de l’Amérique avant sa « découverte » par Christophe Colomb.
Et même bien avant, car on estime qu’elle a environ 2500 ans !

La culture Chupícuaro est née dans les montagnes du Mexique central et son nom est associé à un village situé près d'un groupe d'anciens cimetières au faîte d'une colline, aujourd'hui recouverts par les eaux d'un barrage sur la rivière Lerma.
Cette figurine en terre cuite a été certainement trouvée dans l’une des 400 tombes fouillées sur le site de Chupícuaro (d’où son nom), dans le Guanajuato.

C’est une femme, car malgré son vêtement collant, son sexe est indiqué. Ses volumes arrondis, aux hanches pleines, insistent d’ailleurs bien sur une morphologie féminine. Son corps est recouvert de peintures corporelles très géométriques, peut-être même de tatouages.
La position de ces bras ainsi que les losanges peints sur son ventre attirent l’œil. Eh oui ! La Chupícuaro attend un enfant ! En fait, elle évoque la maternité, la fertilité. Dans la culture Chupícuaro, la fertilité des femmes est associée à la fertilité des champs, indispensable à la survie des populations.

Le fait qu’elle ait été trouvée sur une tombe peut rappeler le cycle de la nature : comme les plantes qui meurent puis renaissent chaque année, on devait espérer que le défunt reprenne vie dans l’autre monde.

La Chupícuaro est la première œuvre d’art à être entrée au Musée du Quai Branly, peu avant son inauguration. Elle est devenue le symbole de ce musée même si par la suite, la statuette fut déplacée au Musée du Louvre.


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