n°160 Les Poires (1831)Honoré Daumier

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kART d'identité Oeuvre : Les Poires Artiste : Honoré Daumier   Année : 1831 Technique : Lithographie Epoque : Contemporaine

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La lithographie est très à la mode au XVIIIe siècle. C’est une technique d’impression qui consiste à reproduire sur une feuille (comprimée au moyen d’une presse) un dessin exécuté sur une pierre calcaire avec un crayon gras ou à l’encre.

Honoré Daumier ainsi que d’autres caricaturistes sont devenus le spécialiste des lithographes politiques, notamment dans le journal satirique « La caricature », dirigé par Charles Philipon.
Le journal mena un combat contre le pouvoir du roi Louis Philippe, et avait régulièrement des ennuis avec la justice. C’est à cette époque qu’il publie chaque mois des  lithographies sous la forme de feuilles volantes, malgré les interdictions faites par le gouvernement.

Chaque planche est accompagnée de commentaires. Le roi Louis-Philippe est la première victime des attaques graphiques, qui commencent quelques mois seulement après sa montée sur le trône à l'été 1830. Le plus souvent, son visage est déformé en animal, en végétal ou en chose.
Mais le roi apparaît le plus souvent comme une poire, fruit qui représente la bêtise et la complaisance.

La poire apparaît sur la plupart des planches. Sur une des planches, Louis-Philippe est reconnaissable au tronc d'un poirier. Une autre représente l'« élévation de la poire » avec en sous-titre le mot « philipoirum » qui indique le lien entre lui et le fruit. Sur une autre planche, Il est coiffé d'un casque « poiréiforme » et l'étendard de son parti est frappé d'une poire. Des objets ou des motifs en forme de poire l'environnent sans cesse (trône, motifs de tentures).

Le gouvernement finit par réagir. Le 14 novembre 1831, Charles Philipon est jugé pour "offense au Roi». En pleine audience, il eut une idée assez provocatrice. Il réalise un croquis dans lequel on y voit le portrait du roi se transformer peu à peu jusqu’à devenir une poire. Il démontre, au moyen de ce dessin du Roi se transformant en poire que : "tout peut ressembler au roi", et donc qu'il ne peut être tenu pour responsable de cette ressemblance !

Philipon est condamné à plusieurs mois de prison et 6000 francs d’amende.
Mais par provocation, et malgré l'interdiction, Philipon demanda à  Honoré Daumier de redessiner le croquis peu de temps après, sous le nom "Les Poires". Puis il le publia en 1831 dans le journal !

Chacun des quatre « portraits » est accompagné de commentaires, très critiques sur cette décision de justice et dénonce le manque de liberté de la presse :
« Le premier croquis ressemble à louis-Philippe, vous condamnez donc ? »
« Alors il vous faudra condamner le second qui ressemble au premier »
« Puis condamner cet autre qui ressemble au second »
« Enfin, si vous êtes conséquent, vous ne saurez absoudre cette poire qui ressemble aux croquis précédents »
« Ainsi pour une poire, pour une brioche et pour toutes les têtes grotesques dans lesquelles le hasard ou la malice aura placé cette triste ressemblance, vous pourrez infliger à l’auteur 5 ans de prison et 5 mille francs d’amende !! Avouez Messieurs que c’est là une singulière liberté de la presse ! »

Dès leurs parutions dans le journal, ces « croquades » rencontrèrent alors un vrai succès. Les Poires couvrirent bientôt toutes les murailles de Paris et se répandirent sur tous les pans de murs de France". L'acte de condamnation de Philipon est même publié dans le journal sous la forme... d'une poire!

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