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Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique est un tableau très spécial d’un mystérieux peintre.
Il fut exposé dans la salle 22 du Salon des Indépendants en 1910. Le public, les critiques et la presse découvrent cette œuvre, attribuée à un jeune peintre italien dont personne n'a jamais entendu parler : Joachim-Raphaël Boronali (« JR. Boronali, peintre né à Gênes »).
Le tableau est une huile sur toile de 81 centimètres de long sur 54 centimètres de large. L'œuvre est peinte sur sa moitié haute de couleurs vives orange, jaune et rouge, sur sa moitié basse d'un bleu qui évoque la mer.
Les critiques et le public s’enthousiasmèrent devant ce tableau abstrait.
En fait, ce tableau est …. une farce.
L’histoire remonte au 8 mars 1910. Roland Dorgelès , écrivain, emprunte un âne prénommé « Lolo » à son ami Frédéric Gérard. En présence d'un huissier de justice, maître Brionne, Dorgelès fait réaliser un tableau par Lolo l'âne à la queue duquel on a attaché un pinceau. Chaque fois que l'on donne à l'âne une carotte celui-ci remue frénétiquement la queue, appliquant ainsi de la peinture sur la toile.
L’artiste peintre, Boronali, qui a peint cette magnifique toile est donc en réalité … un âne !
Boronali (Lolo l'âne) et Frédéric Gerard |
Un peu plus tard, le directeur du journal L'Illustration reçoit la visite de Dorgelès qui lui révèla la vérité : le tableau Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique est un canular, constat d'huissier à l'appui. Dorgelès révèle que le peintre Boronali est un âne dénommé Lolo, et, pour le prouver, montre une photo où l'on voit des plaisantins masqués en train de trinquer derrière un âne à la queue duquel est fixé un pinceau qui applique des couleurs sur la fameuse toile.
Boronali en train de peindre son chef d'oeuvre |
Dorgelès voulait montrer que les niais, les incapables et les vaniteux passaient leur temps à se pâmer d'admiration devant n'importe quoi pourvu que ce soit nouveau…
Bien évidemment, tout le monde ayant été trompé, l'affaire fit scandale !
Finalement, la toile fut rachetée 20 louis (équivalant à 3 500 €). Dorgelès reversa cette somme à un orphelinat.
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Au sujet de cette toile, je n'ai lu qu'un seul article qui montrait ce qui est assez évident : l'âne n'est pas intervenu sur une toile vierge. La mer, la lumière du ciel... tout cela s'y trouvait visiblement déjà quand on lui a fait rajouter quelques coups de queue (comment l'âne aurait-il pu peindre la mer bleue avec une division horizontale très nette entre elle et la lumière du ciel ? C'est plutôt une belle toile en fait, mais l'âne n'y est pas pour grand chose (et la démonstration était doublement pipée..;)
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire très intéressant. Oui je doute que l'âne soit le seul "artiste" ici. En tout cas, ce tableau interroge toujours autant sur la définition même de l'art et de sa valeur.
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