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« Plus que le tableau lui-même, ce qui compte, c’est ce qu’il jette en l’air, ce qu’il répand. Peu importe que le tableau soit détruit. L’art peut mourir, ce qui compte, c’est qu’il ait répandu des germes sur la terre. »
A la fin de sa carrière d’artiste, l’œuvre du peintre surréaliste espagnol Joan Miró va radicalement évoluer. Il délaisse l’aspect enfantin qu’on connaît de ses toiles pour un style un peu plus « agressif ». « Je veux détruire tout ce qui existe en peinture […] Je veux assassiner la peinture ». Dans les années 1970, il réalise une série de toiles trouées, crevées et brûlées.
C’est le cas de cette toile réalisé du 4 au 31 décembre 1973. Il s’agit d’un grand format largement troué qui laisse même apparaître le châssis en bois dont on aperçoit les montants qui se croisent. Le peintre laisse ainsi des vides au centre du tableau. Le reste du tableau est composé principalement de bandes et de tâches noires et rouges, ainsi que de quelques touches de bleu et de jaune. La peinture est épaisse, elle coule, s’empâte : l’ensemble semble avoir été réalisé avec une certaine expressivité voire avec violence.
On devine que la toile fut brûlée par le peintre ce qui a causé cet immense trou béant au centre de la toile. Sur les quelques fragments de toile blanche n’ayant pas été peints, on aperçoit des traces de suie qui témoignent de l’action du feu.
L’artiste est dans une perpétuelle quête de nouveauté. Mieux que ça, il souhaite que sa peinture permette de libérer le regard du spectateur de tout à-priori. Mais au-delà de ça, les toiles brûlées témoignent de la lassitude du peintre. A la fin de sa vie, Miró est fatigué de produire de la peinture et il rejette tout le commerce très lucratif que ses toiles provoquent. Ses œuvres étant connues de tous, et dans le monde entier, il n’aime pas le peintre ultra reconnu et très côté qu’il est devenu. Brûler ses toiles, c’est sa manière de mettre fin à tout cela.
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