n°111 Buste de Victor Hugo (A l'illustre maître) (1890)Auguste Rodin

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kART d'identité Oeuvre : Buste de Victor Hugo (A l'illustre maître) Artiste : Auguste Rodin   Année : 1890 Technique : Sculpture en terre crue puis traduit en bronze (par moulage) Epoque : Contemporaine Mouvement : Aucun Lieu : Musée Rodin (Paris)

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En 1882, le sculpteur Auguste Rodin commence une série de bustes à l'effigie de ses amis écrivains et artistes, tels Carrier-Belleuse, J.P. Laurens ou encore Jules Dalou.
L’année suivante, le journaliste Edmond Bazire conseilla à Rodin de faire le portrait d’un homme célèbre pour se faire connaître. Grand admirateur du poète et écrivain Victor Hugo, Rodin se met en tête de lui créer un buste.

En plus d’être journaliste, Edmond Bazire est l’ordonnateur des célébrations organisées en l'honneur du 80e anniversaire de Victor Hugo. A cette occasion, il présente Auguste Rodin auprès du poète, alors âgé de 80 ans.
Malheureusement pour Rodin, Hugo s'opposa fermement à cette idée de buste et refusa de poser pour l’artiste. En effet, Victor Hugo venait justement d’être martyrisé par un mauvais sculpteur nommé Villain. Celui-ci, pour faire un mauvais buste, lui avait infligé trente-huit séances de pose !  De plus, Hugo croyait qu'aucune œuvre ne pouvait surpasser le buste qu'un autre sculpteur, David d'Angers, lui avait créé vingt ans plus tôt.

Mais Rodin insiste et envoie une lettre à Victor Hugo : "Cher et illustre Maître, je m'excuse pour mon insistance mais l'ambition d'être le seul de ma génération qui fera le buste de Victor Hugo est si naturelle que vous ne me le reprocherez pas (...) Permettez-moi de me consacrer un peu de temps. Je n'abuserai pas de votre gentillesse et ne vous causerai pas de fatigue et le buste sera achevé sans que vous en soyez aperçu !..."

Devant l’insistance de Rodin, et souhaitant aussi exprimer sa gratitude à Bazire, il autorisa finalement le sculpteur à modeler son buste, à la seule condition qu'il ne poserait pas. Il ouvrit au sculpteur les portes de sa demeure de l’avenue d'Eylau à Paris et lui permit de faire quelques croquis pris sur le vif, au cours de ses repas ou de ses siestes.

C'est donc dans des conditions particulièrement difficiles et inhabituelles que Rodin réalisa cette œuvre. Rodin, voulant déranger le poète le moins possible,  dessina dans le creux de sa main, sur du papier à cigarettes, une série d'esquisses de la tête du poète, avant de se précipiter dans la véranda, où il avait installé sa selle de sculpteur, pour reproduire dans la terre ce qu’il avait saisi sur le papier.

Quelques semaines plus tard, Victor Hugo, agacé de voir Rodin sans cesse l’observer mit fin au travail du sculpteur. Le portrait en terre crue, inachevé, reste un temps chez Hugo (des amis veillent à l’humidifier régulièrement), et Rodin a heureusement pris soin d’en faire prendre des photographies. Mais le buste en terre resta inachevé.
Toutefois, le buste en terre fut  traduit en bronze afin d’être présenté lors du banquet d’anniversaire des 82 ans de Victor Hugo, en 1884.
Rodin inscrivit à la base du cou, comme un ultime hommage, la dédicace « A l’illustre maître ».

Le buste obtint beaucoup de succès auprès du public. Rodin réalisera de nombreuses répliques en plâtre, bronze, marbre et terre cuite. La comparaison avec des photographies contemporaines révèle que Rodin a représenté l'écrivain plus jeune et vigoureux qu'il ne l'était en réalité. Rodin a concentré toute son attention sur l'expression et l'intelligence du poète que traduisent le grand front et le regard si pénétrant.
Lors de sa première rencontre avec Victor Hugo, Rodin fut vivement impressionné par sa forte personnalité : "Son regard était magnifique, il me paraissait terrible..."



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