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lundi 22 juillet 2019

n°268
Vénus aux chiffons (1967)
Michelangelo Pistoletto



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Œuvre : Vénus aux chiffons
Artiste : Michelangelo Pistoletto
Année : 1967 (1974 pour cette version)
Technique : Chiffons, vêtemnts et statue (différents matériaux selon les versions : béton, ciment, plâtre ou marbre)
Epoque : Contemporaine
Mouvement : Arte Povera (Art pauvre)
Lieu : Musée Tate Modern (Londres)


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Voici l’une des nombreuses versions de la Vénus aux chiffons de l’italien Michelangelo Pistoletto. Cette œuvre est typique du mouvement artistique Arte Povera qui signifie en français Art pauvre. Nous sommes dans les années 1960, époque où le Pop Art incarné notamment par Andy Warhol, rencontre un succès international. Tout comme lui, l’Arte Povera utilise des matériaux ordinaires, mais dénonce le Pop art comme un simple reflet très superficiel de la société de consommation. Au contraire, l’Arte Povera est plus engagé, et cherche à provoquer une prise de conscience chez le spectateur.

Venus aux chiffons (1967) exposé au Louvre en 2013
Ici, on observe, vue de dos, une statue classique représentant Vénus, la déesse romaine de l’amour, de la beauté et de la fertilité. Devant elle, une immense montagne de vêtements et de chiffons aux couleurs vives ont été jetés, entassés au sol. La plupart des chiffons sont sales puisqu’ils servaient à Pistoletto comme instruments pour essuyer certains de ses travaux. Le visage et le corps de la figure appuient légèrement sur la pile de tissus qui se dresse devant elle, de manière à dissimuler le devant de la statue.

"Vénus à la pomme"
de Bertel Thorvaldsen
(Musée du Louvre Lens)
Dans cette étrange association, on comprend facilement le contraste entre la statue, belle, pure, blanche et parfaite et le tas de chiffons sale, usé, désorganisé et très coloré. La figure de Vénus provient de la grande tradition historique, tandis que les chiffons sont des objets éphémères dont on se débarrasse une fois utilisés.

La Vénus aux chiffons que nous mettons en avant dans cet article est une version unique produite en 1974, pour laquelle la Vénus a été fabriquée par des maçons de pierre en Toscane, à l'aide d'un marbre grec spécial contenant du mica. La statue est une copie de la Vénus à la pomme, une œuvre du sculpteur danois Bertel Thorvaldsen.

Il existe d’autres versions de cette Vénus aux chiffons. Pistoletto a su faire évoluer son œuvre au gré du temps.
- Dans la première, montrée en 1967, il utilisa une Vénus en béton, achetée dans une jardinerie et recouverte d'une couche de mica pour créer une surface brillante. Il a réalisé trois autres versions la même année en utilisant des moulages en plâtre de la même statue.
-plâtre plus grande mesurant 1,60 mètre de hauteur.
Venere degli stracci dorata (Vénus d'or des chiffons)
En 1970, Pistoletto a produit deux versions utilisant une statue de Vénus en
- En 1972, il créa une version avec une Vénus à couverture d’or intitulée Venere degli stracci dorata (Vénus d'or des chiffons)
- En 1980, une version fut même interprétée lors d'un spectacle tenu à San Francisco, avec un modèle vivant remplaçant la statue.

Avec cette œuvre, Pistoletto nous dit qu’il n’est pas nécessaire de respecter les protocoles et les lois des courants artistiques. Contre la société de consommation, il peut créer sans nécessairement utiliser des matériaux nobles et onéreux. "Avec cette installation, j'évoque l'idée de régénération et de la récupération : chaque chiffon peut composer un nouveau vêtement". Tous ces vêtements jetés mais utilisés nous disent qu’il est possible de recycler, de faire de l’art avec peu et surtout avec ce qui a déjà servi.


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